La crise sanitaire provoquée par le covid-19 révèle la fragilité sanitaire des systèmes de transports publics, la Semitan à Nantes, qui a déjà installé des distributeurs de gel hydro-alcoolique dans ses trams, réfléchit aux mesures à prendre pour rétablir la confiance de ses clients.
Le covid-19 est-il le tendon d'Achille des transports publics ? Provisoirement oui ! Difficile de transporter plusieurs personnes simultanément dans un espace réduit.
Les opérateurs de transports publics, à la demande de l'État, ont interdit l'accès des véhicules par les portes avant des bus faisant face aux conducteurs, empêchant l'accès à celui-ci depuis l'intérieur par des rubans de visibilité pour le protéger.
Dans les véhicules, un siège sur deux affiche une interdiction d'usage pour maintenir une distance suffisante entre les personnes.
Les voyageurs du quotidien auront pu remarquer combien ces mesures restent dérisoires, nombre de personnes s'y assoient quand même, par incapacité à lire le texte affiché parfois, ou comme pour ce monsieur âgé, parce que le siège du tram interdit : "n'est pas dans le bon sens !" Entendre, le sens de la marche !
Donner confiance aux voyageurs
Pour l'instant la baisse de la fréquentation des transports publics est vertigineuse. À Nantes par exemple, avec une offre de service correspondant à celle d'un dimanche, la fréquentation se limite à 30% de celle d'un dimanche ordinaire. Globalement la fréquentation du réseau se situe à 8% d'un jour de semaine, avant le covid !Pour le directeur de la Semitan, Olivier Le Grontec, "pour enrayer la chute, et permettre une reprise dans de bonnes conditions, il faudra donner des preuves de notre engagement pour des véhicules présentant de bonnes conditions sanitaires, pour donner confiance aux voyageurs."
Depuis deux semaines, la Semitan a installé de sa propre initiative des distributeurs de gel hydro-alcoolique dans les tramways.
"Nous étions les premiers à les proposer ! Quand nous avons réfléchi à ce qu'on pouvait faire pour donner confiance aux voyageurs, l'idée du distributeur est apparue. Les collaborateurs ont dit, on y arrivera pas, il y a pénurie de gel et comment les installer ! Et puis finalement l'idée a fait son chemin et nous avons réussi. Nous sommes en contact avec d'autres réseaux comme ceux de Grenoble et de Montpellier."
Pour l'instant, au vu de la faiblesse de la fréquentation, les règles de distanciation sont globalement observées. Mais qu'en sera-t-il à la mi-mai ? "Tout dépendra de la reprise dans les écoles et les entreprises. Nous observons le trafic, 40 à 50 voyageurs par rame semble un maximum, les conducteurs nous remontent en permanence le nombre des voyageurs estimés dans les rames. Plus de 20 simultanément, on observe pour affiner l'offre."
Des masques pour prendre le bus !
Un début de reprise ne peut se concevoir qu'avec des mesures applicables à tout le monde. La montée par l'avant ne pourra se faire que dans des bus équipés de vitres dites "anti-agression" qui permettent d'isoler le conducteur des voyageurs. "Nous étudions la possibilité d'installer des distributeurs de gel hydro-alcoolique à côté des valideurs, ainsi les voyageurs pourraient se tenir aux mains montoires. Les voyageurs devront être masqués, nous effectuerons des désinfections des véhicules 2 fois par jour, à ces conditions nous pourrons offrir un service convenable."Est-il concevable que la Semitan distribue des masques pour accéder aux trams et bus ? "Si on nous en attribue le rôle pourquoi pas, mais nous avons déjà à nous soucier de ceux destinés aux personnels dans les ateliers de maintenance et pour les conducteurs !" La Semitan attend les décisions des services de l'État pour se mettre en ordre de marche pour une reprise progressive de son service public de transport.
Mais il faudra beaucoup de temps pour retrouver le service et la fréquentation d'avant ! Olivier Le Grontec était pourtant ravi des bons résultats obtenus l'an dernier et ce début d'année. Plus 3,5% d'augmentation de la fréquentation en 2019, plus 3% sur les premiers mois de 2020 !