Coronavirus : VDH, Jean-Luc Van Den Heede, toujours sur son bateau, mais au sec. Leçon de zénitude par un homme heureux

Le circumnavigateur fait du surplace dans un port à sec avec vue sur Loire. Des voyages étaient prévus, puis le Covid-19 a débarqué. Le marin de 74 ans a l'habitude de s'adapter, il révise ses projets mais demeure décidé à naviguer. Rencontre avec un homme heureux, aux 6 tours du monde en solitaire.

Sur la rive sud de la Loire, commune de Frossay, les Portes de l'Atlantique ont repris leurs activités depuis plusieurs jours déjà mais l'accès n'était réservé qu'aux professionnels. Réparation navale, électricité marine, carénage pour marins de tous bords : pêcheurs, lamaneurs, marine en bois, les silhouettes de bateaux étaient variées sur le tarmac du port à sec.

Et puis, en levant le nez au ciel, on pouvait l'apercevoir, lui, le grand marin, dans tous les sens du terme : Jean-Luc Van den Heede. Affairé sur le pont de son voilier posé sur bers (supports pour bateaux hors d'eau). Le skipper masqué nous accueille à bord. Il suffit de monter à l'échelle.Après avoir échangé avec lui en début de confinement pour nous faire partager son expérience de marin solitaire, VDH nous accueille le temps d'une pause entre deux tâches de préparation de son bateau. Un voilier de 50 pieds, soit 15,24 m.

Là, je descends de la mâture où j'ai démonté l'antenne télé. Que voulez-vous que je fasse en mer avec une antenne télé, ou même, une télé ?

Après avoir cherché partout en Europe un monocoque correspondant à ses attentes, il l'a finalement trouvé ici, à Frossay, aux Portes de l'Atlantique. Un bateau de croisière, pas un bateau de régate comme son Matmut 2 avec lequel il a remporté le Golden Globe Challenge.VDH est marin et skipper. Entendez par là que son principal plaisir est d'être en mer. Parfois en régate, parfois en course au large, parfois en croisière. Le principal est de naviguer sur l'océan, sur les océans.

Les régates me manquent

Avec cette pandémie de Covid19, VDH a vu les régates de printemps être annulées les unes après les autres. A commencer par le Spi Ouest France, qui se déroule chaque année à Pâques, avec 500 bateaux régatant en baie de Quiberon, par catégories et par bordées de copains.

Ces compétitons à la journée manquent au skipper qu'est VDH. Tout y est réuni : la mer, la voile, l'esprit sportif et l'amitié. Du coup, il espère de tout coeur que l'Olona Cup 2020 pourra se jouer cet été. Une régate à domicile pour le marin sablais et tout le bonheur de la voile l'été en pays d'Olonne.

Vu le contexte des frontières, je n'ai plus de projet précis, mais je veux naviguer cet été

VDH garde un oeil attentif à tout ce qui concerne le monde de la voile sportive, mais à côté de cela, il prépare d'autres sorties en mer. Plus lointaines. Mais, au vu de la situation sanitaire dans laquelle rien n'est encore joué, le vieux loup de mer a repoussé jusqu'à nouvel ordre l'idée de naviguer vers des rivages hors de France. Ce sera plaisir de la voile dans le Golfe de Gascogne, pourquoi pas en Manche, mais pas plus. Et ce sera déjà très bien !

VDH sait que la FFV (Fédération Française de Voile) fait tout son possible pour que les activités reprennent au plus vite et dans les meilleures conditions possibles. Il en va de la survie des clubs dont les ressources viennent des cours de voile, par exemple.

Il n'ignore pas non plus que Jimmy Pahun, skipper émérite de la Trinité sur Mer devenu député, pousse aussi pour faire entendre la voix des voileux qui n'en peuvent plus de régater virtuellement dans leur salon, devant leur écran.

 Toutes mes conférences sont annulées

Lorsqu'il n'est pas en mer ou à préparer une navigation, VDH donne des conférences. En français, comme en anglais. Inspirées par son vécu de marin et de skipper de compétition, il dispense à la demande conseils et récits.

Partant du principe qu' ''un problème ne peut déboucher que sur une solution, ça ne peut qu'aller mieux après l'avoir résolu. Donc je vais résoudre ce problème''. 

Il lui arrive même de donner des conférences sur le Bonheur ! Parce que, sans prétention aucune, Jean-Luc van den Heede affirme ''je suis un homme heureux' '! Et que le bonheur, ça peut se partager, ça ne diminue pas pour autant, au contraire !

Et le marin de développer : ''dans ma vie, j'ai toujours fait ce que je voulais. J'ai voulu être prof de maths, je l'ai été, j'ai choisi d'enseigner en collège technique, j'ai enseigné la physique-chimie, j'ai été responsable d'un LEP (Lycée d'Enseignement Professionnel), j'ai voulu apprendre la voile puis la pratiquer en compétition, j'ai voulu faire le Vendée Globe, je l'ai fait. Je suis un homme heureux qui a fait ce qu'il a choisi de faire''.

Et comme chaque phrase qu'il trouve marrante le fait rigoler lui, il conclut son argumentation d'un rire devenu sa signature vocale et qui donne l'impression que les choses sont faciles. 
 

"Je n'ai pas de perspective précise"

VDH prépare donc un monocoque de 50 pieds à la croisière. Mais pour où ? ''C'est un bateau de voyage, pas pour un tour du monde forcément, mais de voyage. Je n'ai pas de perspective précise, ça m'est rarement arrivé, mais ça me plait. Je vais partir naviguer mais je ne sais pas encore où. J'ai pensé aux Grands Lacs (Amérique du Nord), mais il faut démâter...En revanche, je pars avec Odile''.

Odile est la compagne de VDH. Le skipper a tenu à ce qu'elle valide le choix de ce bateau. Sinon, c'était non. Le choix est donc partagé, encore un indice du bonheur ?

Mes envies varient avec l'âge

''À mon âge, bientôt 75 ans, tu te rends compte que tu te rapproches de la fin. Comme aujourd'hui, les gens se rendent compte que le plus important, c'est la santé. Je me demande ce que je n'ai pas encore fait. Il me reste le voyage en toute liberté''.

Et pour accomplir ce voyage, VDH emmènera Odile.

''Elle connait mes deux facettes. Il y a VDH, skipper sur des courses océaniques, et là, mon objectif est de gagner. Et puis, il y a Jean-Luc, celui qui aime se faire plaisir !''

Et sa coéquipière de vie de commenter : ''en équipage, tu choisis la convivialité, alors les gars reviennent !''


Quelle leçon nous donne le Covid19 ?

Lorsqu'on lui demande son avis de marin sur le confinement, VDH fait tout de suite le distingo : ''En mer, j'ai navigué dans un confinement choisi et à durée déterminée. Là, on n'a pas d'échéance. On ne reprendra pas la vie d'avant. On ne sait pas du tout ce que va être la civilisation de demain. Et moi, ne pas savoir, ça m'excite beaucoup! Les inquiets sont de plus en plus inquiets, mais moi, ça m'excite beaucoup !'' 

Et le Dernier Loup de Mer (titre de son dernier livre paru en 2019) de conclure l'entretien avec ce rire signé VDH, un homme serein, heureux de son sillage et curieux de son prochain voyage, en toute liberté.

Si vous désirez poursuivre en vidéo le voyage avec VDH le marin, il existe le documentaire de Nicolas Raynaud, produit par Bleu Iroise.

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