Covid-19 : le masque obligatoire dès 6 ans, Sophie Marinopoulos, psychanalyste à Nantes nous dit ce qu'elle en pense

Ce deuxième confinement ne sera donc pas imposé, pour le moment, aux enfants qui pourront continuer d'aller à l'école, au collège et au lycée. Mais l'obligation de porter un masque dès 6 ans inquiète. Sophie Marinopoulos, psychanalyste et spécialiste de la parentalité nous donne son avis.

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Sophie Marinopoulos est psychanalyste, fondatrice de l'association "Les pâtes au beurre" en 1999 à Nantes, un lieu d'écoute pour les parents et leurs enfants. Nous sommes en 2020 et l'association possède maintenant 12 antennes, dont une qui vient d'ouvrir à Bruxelles.

L'expertise de Sophie Marinopoulos concernant la relation parents-enfants fait aujourd'hui référence. Nous l'avions sollicitée en mars dernier pour évoquer les difficultés du confinement. "Il y a eu beaucoup d'affrontements intrafamiliaux, nous dit-elle, la famille est particulièrement fatiguée aujourd'hui."Six mois plus tard, nouveau confinement, mais cette fois-ci, l'école continue. Une bonne chose selon Sophie Marinopoulos. "L'enfant va pouvoir continuer de rencontrer ses copains, parler, apprendre, en dehors du regard des parents."

Mais pour les plus jeunes, cette rentrée de novembre sera masquée. Dès 6 ans, la consigne sanitaire de port du masque s'impose désormais à tous. Ce ne sera pas sans conséquence selon la psychanalyse. 

 

"On a des retours de panique de la part de parents"

La première difficulté vient, selon elle, des contradictions dans l'édiction des réglementations sanitaires. "On a des retours de panique de la part de parents, constate-t-elle. On a d'abord  dit que le masque était contre-indiqué pour la santé des enfants et maintenant il est obligatoire."

Cette instabilité dans les consignes crée de l'insécurité, qui peut déboucher sur de l'angoisse, du stress. Et les parents transmettent tout cela aux enfants.
"L'enfant, naturellement, panique quant on lui met quelque-chose devant le nez, la bouche, ajoute Sophie Marinopoulos. Et puis, à 6 ans, on apprend à lire, on apprend les mots, on s'aide de l'expression du visage, de la bouche." Tout cela va manquer. Enseignants et enfants risquent de fatiguer plus vite. 

 

S'octroyer des moment hors coronavirus

Et, tout comme lors du premier confinement, nombre de professionnels de la santé psychologique rappellent qu'il ne faut pas écouter les informations en boucle, égrènant, le nombre de contaminés, d'hospitalisés, de morts. C'est toxique pour les parents, ça l'est également pour les enfants.

"Les enfants écoutent ça mais on ne sait pas ce qu'ils en font, explique Sophie Marinopoulos. Leur coronavirus n'est pas le nôtre. Il est peut-être sous le lit, dans le doudou, dans la purée. C'est important de reformuler avec eux et de s'octroyer des moments hors du coronavirus."

La psychanalyste regrette qu'on mise tout sur la santé du corps et si peu sur la santé psychique, celle de l'âme. "Ce qui m'inquiète, dit-elle, c'est qu'on n'arrive pas à penser à la santé de la relation. Ça va laisser des traces !"

 

Ne pas forcément imposer d'en parler mais rester à l'écoute

Quand au contexte actuel, plombé également par les actes de terrorisme, la psychanalyste espère que la parole des enfants pourra s'exprimer dans les écoles. "Après la minute de silence, dit-elle, ce sera important de laisser les enfants parler, parce qu'on va pouvoir partir de leurs mots pour instaurer un dialogue." Et de rappeler le jeu des 7 familles que l'association Les Pâtes au Beurre a créé pour faciliter le dialogue dans le foyer et dont une des cartes de la "famille dispute" dit : "parler pour ne pas taper".

Les enfants sont sensibles aux valeurs fortes, justice, égalité...

Sophie Marinopoulos

Les parents devront-il débriefer avec leurs enfants ce retour à l'école et cet hommage à Samuel Paty qui sera fait ? Pas forcément. Mais rester à l'écoute, oui. Car, d'expérience, Sophie Maripoulos sait que l'enfant n'aura pas forcément envie d'en parler à son retour à la maison. 

"L'enfant va rentrer et peut-être raconter ce qu'il a mangé à la cantine. Dans son besoin de rester en vie, l'enfant met de côté ce qui fait trop mal, explique la psychanalyste, pour pouvoir tenir. Peut-être qu'il en dira quelque chose au moment de s'endormir. Il faudra être là et savoir que ce qu'on lui a dit ne sera pas forcément ce qu'il aura compris. Partir de là pour avancer avec lui et dialoguer, le suivre dans sa logique enfantine, ne pas l'amener là où il n'est pas."

La bonne nouvelle, c'est que, malgré ce nouveau confinement, les espaces d'accueil des antennes de l'association Les Pâtes au Beurre à Nantes et Carquefou restent ouverts. 

Sophie Marinopoulos était l'invitée de l'émission Ensemble C'est Mieux ce lundi 2 novembre
 
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