Avec le déconfinement, et en dépit des mesures barrières pour assurer la protection de chacun face au covid-19, les clients ne sont pas revenus dans les restaurants, en ville les restos du midi souffrent le plus, sur la côte, les effets de la crise sanitaire se font moins sentir.
Midi, c'est le coup de feu pour Florence et Mickaël, dans leur "Diner" de burgers, les clients sont moins nombreux. En dépit d'une réduction du nombre des couverts de 86 à 60 pour respecter les mesures barrières, le restaurant situé en zone industrielle à Vertou est loin de faire le plein.
"La première semaine avait été calme, la deuxième on a fait le plein tous les jours, mais depuis, on fait 25 ou 30 couverts par midi, y compris un peu de vente à emporter." La faute au télétravail ? "Peut-être, mais nous ici dès qu'il fait beau, on sait que, en juin, c'est la saison des pique-niques dans les environs".
Télétravail et assureurs
Pour Frédéric Du Boulois, le président de l'UMIH (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie) de la Loire-Atlantique, le télétravail est le principal responsable de la désaffection des restos du midi. "Les remontées que nous avons font état d'un chiffre d'affaire de 20 à 30% seulement sur la période habituelle. Les clients du midi ne sont pas revenus, en ville notamment".
Et de préciser : "sur la côte c'est différent, les restaurants du midi et du soir s'en sortent mieux, sur les deux services, ils arrivent à 65 ou 80% du chiffre d'affaire habituel en cette saison. Hormis la semaine de pluie, pour certains, c'est la même chose qu'en 2019".
Ceux qui ont repris une activité quasiment normale sont les restos "à emporter", "ils sont à 80 ou même 100% de leur activité. Vraiment, ceux qui sont le plus à la peine, ce sont les restos du midi !"
Florence, feuillette son carnet, couverts servis sur place, vente à emporter, elle fait rapidement les comptes, "oui on est à 50%, juste ce qu'il faut pour ne pas couler... L'employée est toujours en travail partiel, ça va" ! Elle reprend sans jamais se départir de son humeur joyeuse : "on peut payer les fournisseurs, boissons, boulangerie, tout ce qui touche à la matière première, pour le reste, l'eau, l'électricité... on fait trainer ! Ah il y a l'assureur, lui il va attendre un peu !" Elle sourit l'air taquin !
Les assureurs, le président de l'UMIH n'est pas ravi après eux, doux euphémisme..."Seuls 2% des restaurants ont pu toucher quelque chose sur la base de leur contrat d'assurance... Les compagnies d'assurance n'ont pas du tout aidé la profession !"
Ah les masques !
La profession a globalement scrupuleusement appliqué les mesures barrières, avec des retours divers. "Nous avons des clients qui nous reprochent avec véhémence l'obligation du port du masque pour se déplacer dans le restaurant, qui nous disent que ça ne sert à rien ! On ne sait pas quoi leur répondre !" Frédéric Du Boulois est assez dubitatif sur cette question de la distanciation sociale.
"Perso, si j'ai un client qui entre sans masque, je ne vais pas lui faire la remarque, et Florence de préciser aussitôt, "mais si on était complets, je le ferais remarquer. On ne le porte pas pour soi-même mais pour protéger les autres. Mais c'est dur", elle court entre les tables ce midi, "là il fait quasiment 30%, je me suis sentie mal tout à l'heure, on respire mal avec ce truc !" Elle sourit ! "On fait le dos rond, on verra avec la rentrée de septembre".
À l'UMIH, la rentrée est encore loin, pour l'instant c'est la saison estivale qui préoccupe Frédéric Du Boulois, "dans l'hôtellerie, les réservations sont à 25% pour l'été..." il ajoute comme pour se rassurer : "les gens attendent pour se décider."