Touché coulé, c'est le titre d'une chanson de son nouvel album "La Nuit philharmonique". C'est aussi le sentiment qu'on éprouve à son écoute. Touché en plein coeur par tant de douceur. Coulé par un flot de poésie signé Delphine Coutant. Rencontre...
Du charme, de la discrétion, de la délicatesse et du talent, beaucoup de talent. Depuis une quinzaine d'années, Delphine Coutant distille une petite musique qui s'installe en douceur dans nos coeurs et nos esprits.
Quatre ans après "Parades Nuptiales", cette violoniste de formation revient avec un cinquième album subtilement baptisé "La Nuit philharmonique". Treize chansons, autant de bijoux mélodiques et poétiques, inspirés par la musique classique, la littérature, le cinéma mais aussi par la nuit et ses mystères, la beauté de la nature et l'amour de son autre métier, Delphine est paludière du côté de Guérande. Interview...
Delphine Coutant. Autant "Parades nuptiales" était un album de jour, autant celui-ci explore la nuit. Une nuit aux multiples facettes, dont j'ai cherché l'harmonie. Et puis il y a aussi la présence des cuivres sur cet album qui donnent une petite touche philharmonique aux chansons.
Dehors tout refleurit, première chanson de l'album, est une petite merveille de poésie et de mélodie. On y parle d'hiver, de logis, de lance à incendie, de chimie, de courant continue. Qu'est ce qui est le plus important pour vous ? La musicalité des mots ou leur sens ?
Delphine. J'ai besoin que les mots soient musicaux ; d'ailleurs j'écris en chantant, c'est la mélodie qui appelle les sonorités, même si j'ai avant d'écrire une idée assez précise de ce que je veux exprimer, et une palette de mots. J'aime aussi que la musique participe au sens : en le prolongeant, en l'illustrant, en le contredisant, en lui donnant un sentiment qui n'apparaît pas forcément dans le texte seul, mais permet d'aller bien plus loin.
Delphine. Le rêve, le mystère, l'inconnu, toutes nos étrangetés, ce peut être aussi la folie. Elle est pour moi totalement ambivalente : source de peurs mais aussi terrain d'exploration infini.
Quelles ont été les influences pour ce dernier album ?
Delphine. J'ai puisé dans mon histoire mais aussi dans le cinéma et la littérature. J'ai eu besoin de revoir les films de David Lynch, de Bergman, j'ai lu Kafka et Joyce Carol Oates, ainsi que des ouvrages de philosophie et de psychanalyse. Et bien sûr, la nature, dont j'ai tant besoin, m'inspire beaucoup.
Delphine. Je le trouve assez réussi, il y a un univers, mais je me retrouve moins dans les morales que j'incluais parfois aux chansons, un peu à la manière de fables ou de contes initiatiques. Aujourd'hui mes chansons sont plus ouvertes ; c'est comme si j'avais plus de choses à dire mais moins de réponses! J'ai chanté "le drap", une des chansons d'"Alouette", à la demande d'amis cet hiver. L'émotion des autres m'a émue.
On vous a rencontré il y a trois ans et demi, vous partagiez votre temps entre le sel et la chanson. Où en êtes-vous aujourd'hui ?
Delphine. L'été dernier, j'ai passé beaucoup de temps en eaux douces à flotter sur le piano de la Volière aux pianos. C'est Pascal, mon camarade de saline, qui a assuré une grande partie de la récolte. Nous sommes toujours associés et j'espère bien être au marais encore longtemps!
Le sujet de Christophe Chastanet (2013)
Delphine. Il faut croire que oui! Cela participe de mon équilibre. Et j'aime beaucoup les personnes que je côtoie au marais, leur présence intense au monde, leur regard souvent très sage. Peut-être est-ce l'effet de ce site vieux de plusieurs siècles, riche de tant d'espèces animales et végétales, qui donne envie de prendre soin de ce qui nous entoure.
Quel est l'artiste, l'album ou le titre qui vous a poussé à monter sur scène et faire ce métier ?
Delphine. C'est la rencontre avec des auteurs compositeurs interprètes qui a déterminé mon choix de chanter mes chansons sur scène.Les voir faire ce métier l'a rendu possible à mes yeux ; avant c'était beaucoup trop éloigné de moi, il n'y a pas d'artistes professionnels dans ma famille. Hugues Pluviôse a été celui qui m'a le plus encouragée.
Votre coup de coeur du moment ?
Delphine. Ce n'est pas très nouveau, je redécouvre Gabriel Fauré! J'adore les mélodies, le requiem est magnifique...
Delphine. Mon désir de créer est toujours là donc je commence à me mettre en jachère artistique, c'est-à-dire que je suis à nouveau en état de réceptivité intense, mes antennes sorties, et je fais de la place. Pour un nouvel album, pour d'autres aventures qui me permettent de relier tout ce que j'aime, la poésie, les gens, la musique, la danse, les arts plastiques, la nature...
Merci Delphine
Propos recueillis le 19 janvier 2017 par Éric Guillaud
Plus d'infos sur Delphine Coutant ici
Delphine Coutant sera l'invitée de l'émission 9h50 le Matin sur France 3 Pays de la Loire jeudi 2 février