Sélection officielle Angoulême 2021. Le Dernier Atlas, une saga uchronique en mode titanesque

Titanesque. C'est précisément le mot qui vient à l'esprit au regard de ce deuxième volet du Dernier Atlas. Titanesque par le robot trônant fièrement en couverture, titanesque par un scénario exigeant, ouvert sur notre monde et son passé.

Souvenez-vous, nous les avions rencontrés à l'occasion de la sortie du premier volet en mars 2019, les quatre Nantais Gwen de Bonneval, Hervé Tanquerelle, Fabien Vehlmann et Fred Blanchard, accompagnés de leur coloriste Laurence Croix, viennent tout juste de boucler le deuxième épisode de la saga uchronique intitulée Le Dernier Atlas

Quand on dit tout juste, ce n'est pas tout à fait vrai. L'album a connu un retard à l'allumage dû au coronavirus et au confinement. Deux mois de report mais au final un atterrissage en douceur sur les étagères de toutes les bonnes librairies de France et d'ailleurs.

Et vous ne pourrez pas le louper. Avec sa couverture jaune du plus bel effet et ce robot géant en premier plan, le dernier Atlas au monde avec tous ses boulons, l'album se remarque de loin. 

Un robot vraiment géant...

C'est Fred Blanchard qui l'a conçu, nous expliquait Hervé Tanquerelle en 2019, "Il l'a conçu dans son intégralité, c'est à dire jusqu'aux pièces intérieures. Là, il y avait un travail particulièrement sérieux et complexe à faire pour que tout ça soit crédible. Parce que ce n'était pas tant lui faire un joli et sympathique design, il fallait aussi lui donner une crédibilité, lui donner un aspect qui permette aux lecteurs d'y croire, ce qui n'est pas simple en soi de croire à un robot géant de 40 mètres. Fred a une culture et une expérience qui fait qu'il a un rapport particulier avec ces vieilles machines des années 50/60"

Au service de l'histoire

L'histoire débute en Algérie où des scientifiques assistent médusés à des phénomènes étranges. Des oiseaux se rassemblent par milliers dans le parc de Tassili et des insectes présentent d'étranges mutations. De l'autre côté de la Méditerranée, à Nantes, Ismaël Tayeb, escroc d'envergure, gère son business de machines à sous trafiquées lorsque Dieu le père, le grand boss, revient subitement d'exil, provoquant une secousse sismique dans le milieu de la pègre nantaise.

Mais le boss a une mission pour Tayeb : trouver une pile nucléaire. Et ça tombe bien, Tayeb sait où la trouver. Sur le denier Atlas existant, un robot géant embourbé depuis des années dans un quartier de Darukhana, ville portuaire indienne. Son plan : tout simplement voler le robot.

Il y parvient, avec l'aide d'anciens techniciens des Atlas. Mais la mission change en cours de route. Au coeur du parc de Tassili, la menace d'une force surnaturelle se fait de plus en plus pressante et le robot pourrait devenir le seul rempart à l'effondrement de l'humanité. 

Une sacrée galerie de personnages...

Le robot a beau être géant, il ne tire pas toute la couverture - ou la planche - à lui. Le Dernier Atlas réunit un casting impressionnant de gueules d'atmosphère, fait de parrains, de petits et grands escrocs, russes ou nantais, d'ingénieurs nucléaires proches de l'OAS, de cul-de-jatte aventurier... Au centre de tout ce petit monde, Ismaël Tayeb. Né en France de parents algériens, Tayeb rêvait petit de piloter un Atlas, ses activités dans le grand banditisme vont lui en donner l'occasion... 

Pour un récit aux confins du polar et de l'uchronie

Le Dernier Atlas est un récit dense qui flirte autant avec le polar que l'uchronie, un mélange des genres qui permet aux auteurs de jeter un regard sur notre monde et notamment sur la Guerre d'Algérie, un thème particulièrement cher à Fabien Vehlmann qui nous expliquait en 2019 :  

"je cherchais un biais par lequel aborder la guerre d'Algérie. Mon père était militaire, pilote de chasse, et a participé en tant que tel à la guerre d'Algérie. Il s'est avéré qu'utiliser cette histoire de robot géant permettait un pas de côté pour aborder le sujet sans être trop crispé sur les chiffres ou sur des événements dont on ne connaît toujours pas les tenants et aboutissants sauf à être historien. Et encore. On voit qu'eux-mêmes ont encore beaucoup de mal à se mettre d'accord sur le chiffrage des victimes. Un exemple parmi d'autres, c'est celui des camps de regroupement qu'on va évoquer dans le deuxième tome. Michel Rocard à l'époque avait fait état de peut-être 200 000 morts lors de ces déplacements de population, ce qui est énorme. Mais on n'est pas sûr à 100% de ces chiffres..." 

Guerre d'Algérie mais aussi condition de la femme, environnement... et toujours la ville de Nantes pour témoin avec des scènes dessinées dans les lieux emblématiques de la ville, depuis la place Royale jusqu'au Hangar à Bananes en passant par la place Graslin ou le Cours des 50 Otages. 

Un récit ambitieux, un premier album primé

Un scénario exigeant, dense, tout en restant divertissant, un dessin dynamique, de somptueuses couleurs, le premier volet du Dernier Atlas a été largement plébiscité par le public ainsi que la presse et présenté comme le renouveau de la BD de genre. L'album a d'ailleurs été sélectionné pour la compétition officielle du festival d'Angoulême en janvier dernier, il a aussi et surtout permis aux deux co-scénaristes, Gwen de Bonneval et Fabien Vehlmann, de se voir attribuer le prestigieux prix René Goscinny 2020. Le deuxième volet ne devrait pas décevoir les nombreux amateurs de la série avec l'entrée en action du robot géant et un regard sur la guerre d'Algérie. Du très bon divertissement pour tous les déconfinés de la Terre !

Le Dernier Atlas, tome 2, éditions Dupuis. 24,95€
Retrouvez toute l'actu du neuvième art sur notre blog dédié Le Meilleur de la BD

 

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