Pyjama de rigueur, nounours ou oreiller dans les bras, une centaine de riverains de l'aéroport Nantes-Atalntique a débarqué dans le bâtiment aéroportuaire pour y faire une sieste pacifique mais contestataire. Manière de protester notamment contre les vols de nuit qui les empêchent de dormir.
La tenue des participants est insolite. Tout comme leur mode opératoire : une sieste collective, à même le sol, tête-bêche, dans le hall de l'aérogare. Mais les allures bisounours ne dissimulent pas la colère et la lassitude qu'ils éprouvent au quotidien comme l'exprime Dominique, riverain de l'aéroport depuis 50 ans.
" Ils peuvent modifier les trajectoires, ils peuvent modifier des tas de trucs mais ce sont des administrations tellement lourdes et il y a tellement de complicités économiques ! C'est l'économie qui mène le truc. Ils ne s'aperçoivent pas qu'on est en 2022 et que la planète est en train de crever. Et encore on n'est qu'à 80% du trafic et ils veulent augmenter, augmenter, augmenter..."
Couvre-feu non respecté
Ils habitent à côté de la plateforme aéroportuaire de Nantes-Atlantique et ne supportent plus le bruit des avions...surtout la nuit.
Une nuisance qui pourrait être atténuée si le couvre-feu, instauré en avril dernier et interdisant le survol de l'agglomération entre minuit et 6h du matin, était respecté. Seulement voilà, en six mois les riverains ont répertorié quelques 203 infractions à la législation, plus de 140 relevant de la seule compagnie low-cost Volotea.
Les "siesteurs" du jour souhaiteraient non seulement que les règles soient appliquées mais aussi que la plage horaire soit élargie pour atteindre 8h de repos ce qui leur garantirait un temps de sommeil conforme aux recommandations de l'OMS.
Anxiété liée aux enjeux climatiques
La qualité de sommeil n'est pas leur unique préoccupation. L'incidence du trafic aérien sur le dérèglement climatique pèse lourd dans la mobilisation des riverains.
"Les alternatives on les connaît, lance Pierre, membre du collectif pour la réduction du trafic aérien et d'Alternatiba. C'est le train, les trains de nuit par exemple pour rallier les destinations européennes. En France on a aussi un réseau ferré qui est bien mais qu'il faut financer aussi et on voit que l'état n'a pas mis pas tous les moyens pour rénover les infrastructures. Aujourd'hui il y a des vols Nantes-Montpellier, Nantes-Toulouse, Nantes-Marseille...clairement on pourrait utiliser le train pour s'y rendre".
Une option qui est loin d'être prioritaire, tant en ce qui concerne l'offre, gérée par les pouvoirs publics, que la demande des consommateurs.
L'aéroport a quasiment retrouvé son trafic d'avant Covid.
Cette année 4,4 millions de passagers sont passés par Nantes-Atlantique, 40% ont embarqué pour des destinations nationales. Et Volotea, dont Nantes est la première base dans l'hexagone et qui effectue 300 à 400 vols hebdomadaires, devrait proposer six nouvelles destinations européennes, au départ de Nantes, en 2023.