Procès de l'affaire Troadec à Nantes : Hubert Caouissin affirme avoir tué par accident

La deuxième semaine du procès de Hubert Caouissin et Lydie Troadec a débuté ce lundi 28 juin 2021 aux assises de Loire-Atlantique à Nantes.

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Ce lundi 28 juin, le procès d'Hubert Caouissin et Lydie Troadec s'est poursuivie à Nantes aux assises de Loire-Atlantique. Cette journée a été consacrée aux interrogatoires des deux co-accusés.

ATTENTION. Certains détails du récit qui suit peuvent choquer les lecteurs les plus sensibles.

9h09. Reprise de l’audience. La matinée sera consacrée à l’interrogatoire de Hubert Caouissin.

La présidente souhaite recueillir ses déclarations spontanées sur ce qui s’est passé à Orvault. Puis ce qui s’est passé par la suite, notamment à Pont-de-Buis.

"Il y a des choses que je n’opposerai pas, ce qui ressort des expertises. Les experts seront entendus au cours de la semaine. Vous avez bien compris Mr Caouissin ?". "Oui", répond l'accusé.

Il fait alors le récit de cette soirée du 16 février 2017, son arrivée au domicile des Troadec à Orvault, "vers 22h, j’espère voir les voitures, j’espère avec le stéthoscope entendre les conversations. La semaine dernière j’avais entendu les téléphones. Il y trop de lumière sur la porte d’entrée. Au moindre bruissement je bouge, je suis énervé. Ma femme m’a fait trop de café !", se met-il à raconter.

Il raconte ensuite comment il est entré dans la maison.

"Je l’attrape, lui rend son coup"

"Vers 23h15, j’ai peur, j’attends. Brigitte appelle le chat Ulysse, il est devant moi. Il ne bouge pas. Elle laisse le chat. Vers 1 heure du matin la lumière s’éteint, poursuit Hubert Caoussin, je m’approche de la maison, il y a toujours du bruit. Je m’assois dans le garage. Vers 3h du matin, je coupe le compteur pour voir si ça réagit, les bruits continuent".

"Vers 3h, je veux recopier les clés. Je commence à avoir des palpitations, je tremble je ne peux plus avancer, je ne peux reculer les clés sont tout près de moi. Je claque des dents. C’est à ce moment que j’entends Brigitte dire "mais qu’est ce qui se passe ici ?".

Il dit alors s'être dirigé vers  la porte du garage, "ils sont derrière moi. J’entends Pascal qui crie : je vais te tuer. Je suis frappé avec quelque chose. J’ai un peu mal avec le coup, je l’attrape, lui rend son coup".

Des échanges de coups ont alors lieu, selon le récit d'Hubert Caouissin, entre lui et la famille Troadec.

J’ai attrapé le pied de biche, je ne sais pas encore bien ce que c’est, je le frappe, il tient le pied de biche, je le tiens avec le genou, je lui remets un coup

Hubert Caoussin

Hubert Caouissin raconte dans les détails cette nuit d'horreur à Orvault, jusqu'à son départ au petit matin.

"Il est 6h15. Je pars, dans un virage je fonce, mais j’ai un flash, je pense à mon petit garçon, il y avait un refrain apaisant à la radio, j’ai freiné".

La présidente lui propose un verre d’eau. Il renifle à plusieurs reprises.

La présidente revient sur de nombreux déplacements de Caouissin au domicile des Troadec, les années précédant les faits : "en février 2017, deux fois, novembre 2016, 2014, et entre ces dates ? On voit qu’il y a quelque chose d’extrêmement présent dans votre esprit dans cette histoire avec Pascal". "Non".

Puis de nouveau sur la nuit où Hubert Caouissin a tué les quatre membres de la famille Troadec.

La présidente : "Le motif d’origine de votre déplacement n’est pas d’entrer dans la maison dites-vous. Mais à un moment vous entrez, vous avez peur, vous déverrouillez le garage, vous remettez votre matériel dans la voiture. Vous y retournez". "Oui, je voulais attendre que la maison soit éteinte pour faire le dessin de la clé, faire les photos de voitures". "Vous vouliez faire un double ? Pourquoi ?" "Pour revenir quand ils ne sont pas là, pour inspecter les papiers". "Ça s’appelle comment " dit la présidente. "De l’espionnage, une violation de domicile" tente de répondre Hubert Caouissin.

La présidente poursuit. "Dans toutes vos déclarations vous dites être entré par la porte de la buanderie, vous nous dites maintenant être entré par la porte du garage. C’est un fait nouveau ?" "Quand Brigitte a laissé la porte ouverte pour le chat. La première fois. La seconde non".

"Vous avez donc essayé d’entrer en 2016"

"Monsieur l’huissier pouvez-vous montrer les outils, sans briser les scellés ?" demande la présidente. La pochette est transparente. Hubert Caouissin, ce n’est pas un kit de crochetage, mais un kit de serrurier. "Je l’avais acheté pour un souci à la maison. J'avais essayé en 2016, ça n’avait pas marché".

"Mais c’est un fait nouveau, vous avez donc essayé d’entrer en 2016, rebondit-elle, compte tenu de votre volonté de monter un dossier, de dénoncer des faits. Vous allez essayer d’entrer en 2017… ". " Non puisque ça ne marche pas"

"Vous voulez entrer pourquoi ?", "Faire des photos des papiers, des relevés de comptes".

La présidente. "À quel moment faut-il vous croire dans vos déclarations ? Vous indiquez avoir coupé le courant ici, vous donnez un ordre différent dans vos déclarations aux enquêteurs, vous ne dites pas que les faits se passent dans l’obscurité. Mr Caouissin, il fait noir quand ils descendent. Vous ne l’avez pas dit. Pourquoi avoir coupé le courant ?"."Pour voir s’ils réagissent". "Je me dis que s’il n’y a plus de courant ça va les inciter à s’endormir, qu’ils vont regarder ça le lendemain". "Je me dis que l’heure avance".

"Mr Caouissin, des gens qui sont réveillés chez eux en pleine nuit, sans courant, vous croyez qu’ils ne vont pas s’inquiéter ?", "Il faut que j’avance, il va être 4 heures du matin".

S’ensuivent de nombreuses questions relatives à l’altercation au rez-de-chaussée de la maison. Les réponses sont contradictoires parfois entre première déclaration, reconstitution et récit donné ce matin.

"Personne ne peut contredire vos déclarations, vous seul pouvez dire ce qui s’est passé. J’essaye de comprendre. Il y a des contradictions. Vous nous dites avoir une excellente mémoire". "Je n’ai pas dit ça. Avant mon burnout oui", il ajoutera plus tard. "Il y a eu beaucoup de confusion. Je ne ressens pas les choses de la même façon. J’y ai repensé en détention ".

"Vous n’aviez pas l’intention de donner la mort ?", "Non"

Hubert Caouissin, finit par affirmer avoir tué les quatre personnes de la famille Troadec "par accident". Il réfute toute préméditation.

"C’est un accident ?", demande la présidente, Hubert Caouissin répond, "je ne m’attendais pas à ça", "Vous n’aviez pas l’intention de donner la mort ?", "Non".

Décrivez nous l’arme "Je ne sais pas, je ne l’ai pas beaucoup vue", "Ah non Mr, vous l’avez utilisée, transportée, jetée". Il donne des détails de diamètre. La présidente tente de lui faire donner sa conception d’un pied de biche. Elle lui montre trois photos de pieds de biche. "Il ne ressemble à aucun des trois. Peut-être plus celui du milieu". "Vous êtes venu sans outils sans arme". "Non, mon stéthoscope".

"Je ne lui ai pas dit en petits morceaux, je lui ai dit en pièces"

La présidente : "Votre fils dit que "ce n’était pas une barre à mine, une petite barre qui ne faisait qu’assommer, il a tapé fort il ne voulait pas les tuer". L’enfant décrit des mini-bouts de corps, montre entre son pouce et l’index".

Hubert Caouissin : "Jean interprète ce qu’il ne comprend pas, il pose des questions sans arrêt. Je ne lui ai pas dit ni l’ordre, ni comment ça s’est passé… Je ne lui ai pas dit en petits morceaux, je lui ai dit en pièces".

La présidente aborde ensuite les recherches d'Hubert Caouissin sur le net à propos d'un silencieux, "le téléchargement de la revue la science contre le crime, l’ADN, les nouvelles armes infaillibles…", "Je n‘ai pas internet à Pont-de-Buis, je passe à Plouguerneau, je charge tout, je dois avoir 200 revues,  je les relis ensuite, je me projette comme étant possiblement attaqué".

"Oui, j’ai dit la vérité"

La présidente revient sur le déroulé des faits. "Vous enlevez les draps…", "Pour faire croire à un départ en vacances", " Ah oui ! Pas pour dissimuler des faits…".

Elle revient sur la question du "planté de pied de biche". "Comment c’est planté ce pied de biche ? Au point de l’enfoncer dans le crâne ?", "Ça s’est fait comme ça". "Pardon pour les parties civiles, comment peut-on enfoncer ainsi un pied de biche qui reste enfoncé dans le crâne ?", "J’ai été surpris moi-même". "Vous êtes certain Mr Caouissin que ce soir-là vous êtes entrés dans les chambres, que vous les avez frappés, que les bruits ont alerté les parents ? Ça s’est passé comme vous le dites ?", "Oui, j’ai dit la vérité".

"On peut imaginer que vous les avez tués pour ne pas être tué ?", "Ils voulaient engager un tueur à gage. On avait peur "

"Oui vous avez même déscolarisé Jean. On peut imaginer que vous les avez tués pour mettre fin à vos souffrances", "Non mon obsession était de récupérer des informations".

"Pourquoi n’a-t-on pas retrouvé l’arme ?", le questionne la présidente, "Lydie n’arrivait pas à la jeter du pont de l’Iroise, quand on allait en garde à vue, je l’ai fait".

"On ne retrouve pas l’arme, on ne retrouve pas les crânes, vous imaginez bien qu’on essaye de comprendre ce qui s’est passé". " Je ne sais pas pourquoi on n’a pas cherché".

"À votre domicile on a retrouvé un portable qu’il dit avoir perdu le 26 février sur l’ancien pont de Plougastel Daoulas…", "C’est n’importe quoi, je n’ai pas de portable !". Il s’agace.

Dans toutes ses descriptions, Hubert Caouissin donne toujours de nombreux détails, il déroule une logique dans ces choix, donne une explication à tout. "Si je jette l’arme sur la route, les gars qui font le bord des routes vont le trouver. Le pont de l’Iroise s’est mieux".

L'audience est suspendue avant une reprise en début d'après-midi avec les questions des parties civiles.

"J’étais déterminé, mais il a préféré un papa vivant"

Me Méchineau, avocat du fils de Hubert Caoussin, demande à celui-ci, "Votre enfant indique que vous lui avez relaté les faits le 4 mars". "Jean à une mémoire académique, pas une mémoire d’adulte", répond l'accusé.

"Vous ne pensez pas qu’il était jeune pour lui parler des faits". "J’aurais préféré qu’il soit plus âgé".

"Vous lui avez demandé si vous deviez vivre ou mourir ?". "Je lui ai dit que ce que j’avais fait allait lui pourrir la vie. J’étais déterminé, mais il a préféré un papa vivant".

Me Pacheu : "Pascal n’a jamais été violent envers vous". " En 2013, il m’a bousculé, mais je ne sais pas si c’était intentionnel". "Et Sébastien, non jamais".

Me de Oliveira : "Dans quel ordre sont morts Pascal, Brigitte, Sébastien et Charlotte ?"." Je ne sais pas".

"L’or qui en parle le premier ?", "C’est Renée (Troadec, la mère de Pascal et Lydie, moi je parle de magot". "Vous croyez que Tracfin va être intéressé par cette histoire ?" "Non, mes recherches portaient sur leurs voitures, je voulais savoir qui nous poursuivait".

"Vos théories survivalistes ne vous empêchent pas de disposer d’argent, 100 00 euros d’épargne des biens…", " Tout le monde danse en sachant que la salle de bal va s’effondrer, mais tout le monde reste parce que c’est sympa". Me de Oliveira marque un silence. Il ajoute : "je peux vous expliquer si vous voulez". "Non merci ça ira !" lui répond-elle.

"Pourquoi ne pas avoir laissé les corps à Orvault ?" ."Ça ne devait pas exister "

L’avocate générale, à propos de pascal troadec, "Vous pensez qu’il avait un autre domicile ?", "Du côté de Perpignan. Il avait parlé d’un bien dans le sud-ouest, il parlé à Renée d’inondations près de chez lui". "Vous aviez peur qu’il vous tue". "Pas lui mais des gens". " Avez-vous remarqué que vous prêtiez à Pascal des traits qui sont les vôtres, maison cachée, maladie, arrêt maladie… ", "Je ne comprends pas la question".

"J’ai sauvé ma vie"

Le procureur : "Vous dites que vous avez mis des petits coups, mais un pied de biche qui rentre dans la boite crânienne ce n’est pas un petit coup". "Je suis d’accord".  "Vous nous dites avoir mis le pied pour le retirer". "Je l’ai dit, je ne l‘ai pas fait", la salle murmure.

Me Larvor, avocat d'Hubert Caoussin. "Vous dites que Pascal dit dans le garage : je vais te tuer". "Oui j’ai sauvé ma vie".

Me Fillon, l'autre avocat d'Hubert Caoussin. "Est-ce que ce récit long que vous faites sans questions, c’est pour éviter que l’enquêteur ne vous en pose". "Je vide mon sac, un grand déversoir, y a quelque chose qui ne va pas, tout un ensemble qui me perturbe. C’est le chaos. Je ne sais pas tout. A ce moment-là". "Pourquoi vous mettez vous à pleurer devant l’enquêteur ?"."J’ai vu Sébastien, tout ça".

Question d’un juré : "Le sang apparait massif, malgré un nettoyage, comment expliquez-vous, alors que vous avez utilisé un objet contondant, il y a eu autant d’extériorisation de sang, au point d’être couvert de sang, d’un nettoyage qui a duré 24 heures…", "Pour Sébastien, il y a eu une perforation, pour Pascal il y a eu plusieurs coups dans la maison, pour Brigitte, elle saignait abondamment de la tête". "Et pour Charlotte ?", "Il n’y a eu qu’un coup".

La présidente : "Vous n’avez pas appelé les secours, vous n’avez rien dit lors de la première garde à vue…", "Je refoule". "Est-ce que, aujourd’hui, vous nous avez dit la vérité, ou y a-t-il encore des zones d’ombres que vous dissimulez". "Je dis ce que je voyais".

"Ma question, je vous dis les choses très clairement je ne parle pas de préméditation, la question est de savoir si vous n’avez pas été animé d’une très forte colère, un moment de forte tension psychique, donner la mort pour sauver votre peau?", "Pas la colère, la peur".

Je voulais que tout s’arrête, que tout soit calme autour de moi 

Hubert Caouissin

"Pour Pascal je suis resté debout, je lui ai demandé pardon, je n’ai pas pleuré"

Hubert Caouissin revient longuement sur la manière dont il sort les corps de la maison. Comment il cache les visages, à l’aide de sacs plastiques, de foulards, qui ne tiennent pas, quand il les charge dans la voiture.

Raconte d’un ton monocorde et bas, comment il leurs demande pardon. Comment il pleure en s’allongeant à côté d’eux, en commençant par Sébastien, puis Charlotte. "Pour Pascal je suis resté debout, je lui ai demandé pardon, je n’ai pas pleuré".

La présidente : "Vous dites que vous avez parlé à Brigitte, que lui dites-vous ?", "Elle m’a parlé. Je lui ai dit que c’est eux qui avaient commencé. Je lui ai demandé pardon". "Elle vous parle ?". "Je sais bien que ce n’est pas possible".

Hubert Caouissin raconte comment il a chargé les corps dans la 308. Brigitte, puis Sébastien, puis Pascal dans le coffre. Charlotte sur la banquette arrière. Lydie attend plusieurs heures dans le quartier.

La présidente : "Le pardon semble moins fort pour Pascal…", "J’avais tellement pleuré pour Sébastien et Brigitte… j’étais sec". "Pour Charlotte vous pleurez à nouveau". "Oui mais j’ai demandé pardon à Pascal".

"Je ne savais pas où les mettre"

Hubert Caoussin est arrivé à Pont-de-Buis, dans les Finistère, le 18 dans la matinée. Il explique avoir fait des manœuvres avec les véhicules pour éviter qu’on nous voie du village". "Si votre idée est de les cacher, pourquoi les ramener sur votre propriété, comment expliquez-vous ça ?" lui demande la présidente. "En revenant à Orvault je voulais tout cacher. Il ne s’est rien passé, il ne pouvait pas rester chez eux. Je ne savais pas où les mettre". "Vous auriez pu les mettre à la mer…", "Je ne pense pas comme ça".

Me de Oliveira le questionne.

"Quand vous rentrez à Pont-de-Buis, Lydie ne vous demande rien ?", "Je ne sais plus. Je voulais tout effacer, je ne voulais pas que ça se réalise. Je pense qu’elle devait-être choquée", dit Hubert Caouissin.

"Le trou noir c’est quand vous rentrez à Pont-de-Buis ? De 8h du matin à 23h il y a un tour noir", "Oui sans doute". "Mais vous lui demandez d’aller acheter les sacs les plus grands possibles, de laver votre veste". "Je ne sais pas". "C’est un trou noir dans lequel vous avez de bonnes idées !". "Non c’est dément !", "Ce n’est pas dément Mr Caouissin, c’est parfaitement intelligent ".

L’audience reprend à 16h45

La présidente : "Mr Caouissin, qu’avez-vous fait en rentrant le 18 au matin à Pont-de-Buis ?"  "J’ai fait du feu. Il faisait froid dans la maison. Je suis allé à la voiture. J’ai enlevé le drap qui couvrait les corps. J’avais en tête un refrain entendu à la radio". La présidente ne lui demande pas lequel.

"J’ai sorti Sébastien et je ne trouvais pas de solution pour les déplacer, j’étais KO. J’ai refait du feu, j’avais l’air dans la tête, ça m’apaisait. J’ai vu la chaudière et j’ai eu l’idée. J’ai pris le couteau des légumes à la cuisine et ma scie sabre. Je me suis dit qu’il fallait enlever les têtes. Au moment d’approcher le couteau je ne pouvais pas, j’ai eu une pensée automatique, pour punir l’homme il faut sauver le père. J’ai masqué les têtes pour ne pas les voir. J’ai mis le couteau dans les articulations. J’ai mis les chairs dans un sac, j’ai mis les os dans la chaudière. Un moment Lydie est venue me dire qu’il faisait chaud dans la maison. Je me suis aperçu que la chaudière était dans le rouge."

"Je suis allé manger, je ne sais pas, j’ai eu une pensée automatique, il fallait que je continue avec le feu dans la cour. J’ai continué, je ne savais pas quoi faire sans pensée élaborée. J’ai dû laisser les viscères dans le champ. Le lendemain j’ai dû faire le même schéma que pour Sébastien pour Brigitte. Ensuite j’ai fait Pascal et Charlotte. Je ne savais pas quoi faire de ce que j’avais mis dans les sacs. J’ai tout dispersé, j’étais fatigué. Pour ne plus les voir. Qu’ils n’existent plus. Après… euh, je ne sais pas… ".

"Au moment je n’y pense pas, je le fais parce qu’il ne faut pas que ça existe"

La présidente : "Qu’avez-vous fait des têtes ?". "Je les ai oubliées. Le jeudi il y avait un sac plus lourd, j’avais oublié de les mettre dans le foyer. J’avais l’impression qu’ils me poursuivaient, je suis allé vers La Palu. Je les ai sortis du sac, pour les faire entrer dans une cavité, j’ai effondré la berge avec un bâton, j’étais effrayé, j’ai à moitié un trou noir, je ne sais plus".

La présidente : "Vous dites : il faut punir l’homme pour sauver le père". "C’est pour sauver Jean, j’avais l’intention de me suicider".

Hubert Caouissin indique s’être abîmé les mains, avoir pris un coupe branche pour découper la cage thoracique de Pascal. Mais ne se souvient pas de ce qu’il a fait. "Plus le temps passe moins vous vous souvenez de ce qui se passe, à Orvault vous avez plus de souvenirs", s’étonne la présidente.

Elle reprend : "Concrètement vous mettez les éléments des corps dans des seaux, vous les dispersez à la main…". La voix d’Hubert Caouissin se couvre : "Au moment je n’y pense pas, je le fais parce qu’il ne faut pas que ça existe". "Pour ne pas que ça existe ? Ou pour ne pas laisser de traces ?".

La présidente : "Quand vous enterrez les têtes, elles ont été brulées, complétement ? Comment étaient-elles?". "Pas toutes identiques. Certaines moins abîmées. Je n’avais pas d’outils, je ne savais pas quoi faire, j‘ai cherché un endroit". "Vous n’aviez rien programmé ?". "Non je faisais les choses élémentaires", Entendre, les unes après les autres. "De ça Lydie et Jean n’ont rien su, rien vu ?". "Non, j’étais dans ma bulle".

"Que reste-t-il de Sébastien, Charlotte, Brigitte et Pascal ?". "Rien, mais vous vous trompez si vous pensez à une annihilation".

La présidente le relance sur les trajets, le temps passé à détruire les corps, pourquoi Lydie doit le suivre à Orvault. "J’étais épuisé, j’avais besoin d’aide", sa voix s’étrangle sensiblement. Lydie Troadec semble perdue dans ses pensées.

L’avocate générale : "Vous n’avez jamais eu de haut le cœur, de dégoût ?" "J’étais dans des pensées automatiques". "Vous ne vous inquiétez pas de ce que Lydie et Jean ont pu sentir ?" "Non".

"Comment avez-vous su qu’il fallait démonter les batteries des smartphones et d’ordinateurs pour ne pas qu’ils déclenchent, sous-entendu de relais et de mises à jour". "Tout le monde sait ça !". "Je ne suis pas certaine que tout le monde le sache… "

"Vos déclarations au commissariat sur vos actions respectives à Orvault ne correspondent pas. Comment Lydie peut-elle dire que sur tel meuble il y a des balles de golf… ". "J’en ai parlé en rentrant". "J’ai le sentiment que Lydie était là pour noter où étaient les choses". "Ces notes, c’est Lydie qui les a prises à Pont-de-Buis. Elle note tout et n’importe quoi". "Dites qu’elle est décérébrée ?" L’avocate s’assoit.

"Je l’ai écrit, mais je ne me souviens plus"

La présidente fait lever Lydie Troadec. "Vous avez connaissance des éléments du dossier, c’est la première fois que vous entendez Mr Caouissin en parler. Qu’en pensez-vous ?". "Je suis écœurée, déstabilisée", elle pleure, "ce qu’il a fait à Sébastien, je suis désolée…".

"Vous écrivez sur votre carnet, Hubert est passé à 3 heures du matin pour visiter la maison". "Je l’ai écrit, mais je ne me souviens plus. Ça devait être en novembre 2016. Peut-être en décembre".

La présidente : "Quand on vous entend, c’est Hubert qui voulait, demandait… ". "C’était pour voir s’il y avait des voitures". "Vous êtes allée à Orvault dans la maison". "Pas depuis 2007".

La présidente : "Nous écouterons certains de vos enregistrements, le micro caché dans votre soutien-gorge, pas tout ni tous, certains durent 7 heures… À écouter ces enregistrements, on a l’impression que vous savez prendre des décisions, que vous avez des points de vue. Vous avez des mots parfois très durs pour les enfants à l’école, pour votre frère". "Si vous le dites ça doit-être vrai", répond Lydie Troadec.

"Hubert allait à Orvault pour les voitures pour le dossier Tracfin". "Pourquoi ?", interroge la présidente. "Pour savoir leur pouvoir d’achat je ne sais pas comment dire". "Mais enfin ce sont des voitures d’occasion achetées à crédit". "Elle étaient récentes quand même".

La présidente : "À chaque fois qu’on vous demande votre avis sur l’origine de la mort de votre frère de sa famille. Vous dites je ne savais pas". "J’y étais pas, je ne peux pas vous dire ".

"Que pensez-vous de la manière dont ils sont morts ?". "Je le crois, je n’y étais pas". "Quand il retourne le 16, il y va pour quoi ?". "Il y avait un appel pour ma mère, je n’ai pas fait attention".

"Que vous dit Mr Caouissin quand il rentre ?".  "Il me dit, j’ai fait une très grosse bêtise, j’ai tué quatre membres de ta famille"."Comme ça sans plus ?". "Il m’a dit qu’il était entré dans la maison, que Pascal s’est battu, que Hubert s’est battu. C’était incohérent, pour moi il partait pour espionner, ça n’avait pas de cohérence". "Vous pensez à le dénoncer ?". "Non". "Mais en garde à vue vous n’avez rien dit. À la seconde, vous parlez quand on vous dit qu’on a trouvé son ADN". "Oui".

"Avec quoi vous a-t-il dit qu’il les avait tués?" "Je n’ai pas posé de questions. J’étais sous le choc. C’était difficile d’être avec Jean". "Vous êtes sortie avec l’enfant, faire les courses ?" "Oui". "Vous avez vu le feu ?" "Oui, il m’a dit qu’il avait brûlé des vêtements de mon frère, de ma belle-sœur, des enfants. Il m’a dit qu’il allait les enterrer".

"Je ne sais pas, je n'y étais pas"

"Sur le pont de l’Iroise, c’est vous qui jetez l’objet ?" "Non c’était trop lourd, une barre métallique, j’ai du mal avec mon bras droit". "Et l’autre objet ?" "Ça devait être un grand porte-feuille". "On s’est arrêté deux fois, une fois pour le porte-feuille le truc en plastique, et lui plus loin pour la barre métallique".

"Vous n’avez aucun doute de ce que dit Hubert Caouissin ?" "Je n’y étais pas je ne sais pas. Je suis en colère contre lui, et contre moi, je n’ai pas su voir qu’il n’allait pas bien."

Me de Oliveira. "Chez le juge d’instruction, une question vous est posée. le 17 février 2017, vous notez, 20h21 un bruit a réveillé Jean. Comment avez-vous pu laisser votre enfant, alors que ces trajets sont extrêmement risqués. Pourtant vous êtes très attentive à Jean". "Oui".

"Quand on vous demande quel est le traitement de Mr Caouissin, vous dites je crois qu’il prend du Séroplex, irrégulièrement". "Oui il voulait diminuer la dose".

"Vous pleurez quand votre système est découvert". "Je ne sais pas pourquoi j’ai pleuré", répond Lydie Troadec. "Cela fait des jours et des jours que vous êtes au courant des faits, vous avez résisté à la première garde à vue, la première de votre vie. Chapeau vous êtes forte". "Je ne me souviens plus de ce moment particulièrement".

"Hubert vous a dit qu’il allait y avoir un enterrement…" . "Non il n’y a pas eu d’enterrement" répond Lydie avec étonnement. "Enterrement pour la mise en terre des corps", précise Me de Oliveira.  Lydie Troadec ne répond pas.

Me Pacheu. "Mr Caouissin a mis les corps dans la 308… " . "Je n’y étais pas". "Quatre corps dans une 308 c’est beaucoup. Est-ce que l’un n’a pas été transporté dans votre Audi ?"  "Ah non !"

"Entre le 17 février et le 5 mars vous parlez de quoi avec Hubert Caouissin ?". "La communication est rompue". "Est-ce que vous vous mettez d’accord sur ce que vous direz aux enquêteurs ?". "Absolument pas".

Le procureur : "Madame Troadec, votre frère son épouse et ses deux enfants sont décédés, confirmez-vous être une héritière de Pascal Troadec". "Je ne sais pas". "Vous n’avez pas été contactée par un notaire". "Non, je ne vois pas où on veut en venir".

Me de Oliveira : "C’est plutôt simple, vous êtes cohéritière avec la famille Soliveres". "Je ne sais pas", répond-elle. "Vous ne savez souvent pas grand-chose !".

"Est-ce qu’il n'y a pas un accord entre vous ?"

Le procureur : "Comment peut-on laisser un enfant de huit ans seul des nuits entières. Est-ce que mamie Renée n’est pas venue garder Jean ?" "Non ça m’a fait mal de le laisser". "Dans votre journal il y des mentions, vous décrivez l’attitude de camarades avec Jean, avec Pascal, aucune mention de crainte d’attenter à Jean". "Si j’ai pas noté c’est que… ". "Ça n’existait pas ?". "C’est lui (Hubert) qui en parlait, c’est lui qui était préoccupé pour son fils, j’ai fini par le croire".

"Est-ce qu’il n’y a pas un accord entre vous ? Il prend tout sur lui, c’est quoi l’enjeu ? Jean ?". "Je ne suis pas entrée dans la maison d’Orvault » répond-elle lentement, laconiquement.

Me Crestin : "Ne vous dites-vous pas que vous avez votre part de responsabilité ?".  Elle pleure à chaudes larmes, "Si". "Quand vous nettoyez les vêtements du sang de votre frère… ". "J’ai des nausées, ce n’est pas le sang de mon frère, c’est le sang de tout le monde". "Est-ce que vous réalisez que vous n’alliez pas bien ?" "Oui", elle sanglote.

L'audience est interrompue quelques minutes et reprend à 19h58.

Me Cabioch : "Est-ce que vous interprétez mal tout ce qui vient de Pascal ? Est-ce que tout ça n’est pas dans le délire d’Hubert ? " Possible", répond-elle.

"Vous allez me dire si vous êtes d’accord avec moi. Pour faire ça il aurait fallu sortir les corps dans la rue pour les mettre dans l’Audi". "Je pense que ça n’aurait pas été discret pour le voisinage". 

"Quand vous notez des fauteuils en cuir, des balles de golf, loisir onéreux, un piano électrique dernier cri, c’est pour nourrir le délire du magot ?". "C’est pour nourrir le délire", dit-elle la voix éteinte.

Me Cabioch : "Votre colère est liée au fait que vous sentez responsable du décès de votre frère, votre belle-sœur des enfants". "Oui".

A 20h05, l'audience est suspendue. "Demain nous aurons l’album de reconstitution et les experts de morpho-analyses", précise la présidente.

Hubert Caouissin est accusé de "meurtre précédé, accompagné ou suivi d'un autre crime" et "atteinte à l'intégrité de cadavres". Lydie Troadec, son ex compagne, comparaît pour "recel de cadavres" et "modification des preuves d'un crime".

Au premier jour du procès, mardi 22 juin, Lydie Troadec a décrit à la barre le contexte d'une haine familiale ancienne et mystérieuse entre elle et son frère Pascal, au premier jour du procès du quadruple meurtre de la famille.

Mercredi 23 juin, c'est la vie d'Hubert Caouissin qui a été examinée. "Compulsif", "obsessionnel" et volontiers paranoïaque, Caouissin, toujours "ancré dans le passé" et convaincu de l'existence du "magot" qui l'a conduit au quadruple meurtre de la famille Troadec.

 Jeudi 24 juin, la personnalité des quatre victimes a été évoqué. Une journée riche en émotions.

Vendredi 25 juin, la journée a été consacrée aux témoignages des enquêteurs.

Le procès des deux accusés se tient aux assises de Loire-Atlantique à Nantes jusqu'au 9 juillet prochain.

Hubert Caouissin, 50 ans, comparaît depuis le mardi 22 juin et pendant trois semaines devant la cour d'assises de Loire-Atlantique. L'ancien ouvrier chaudronnier de l'arsenal de Brest encourt la réclusion criminelle à perpétuité. 
    
Lydie Troadec, 51 ans, comparaît libre. Elle encourt trois ans de prison et 45 000 euros d'amende pour modification de scène de crimes et recel de cadavres.

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