Éducation. Pourquoi l'apprentissage de la langue bretonne a-t-il autant la cote ?

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L'enseignement du Breton à l'école Sainte-Madelaine de la Joliverie à Nantes
Quelles sont les possibilités d'apprendre le breton en Loire-Atlantique ? ©Maïna Sicard-Cras, Boris Vioche

Si le breton est une langue sérieusement en danger selon l’Unesco, les élèves sont de plus en plus nombreux à l’apprendre dans les salles de classes des Pays de la Loire. Alors pourquoi parler breton en 2024 ? Un combat politique, culturel, ou bien les deux ?

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La disparition d'une langue régionale est considérée comme la perte d'un patrimoine culturel. C'est pourquoi l'État et les collectivités locales se sont saisies de la question.

Le breton fait partie de ces langues régionales encore enseignées. Aujourd'hui en Loire-Atlantique, près d'un millier d'élèves apprend cette langue celtique.

Pour un peu plus de la moitié, on les retrouve dans le privé catholique ou en immersion à Diwan. L'enseignement public (Div Yezh) rassemble le reste. Mais est-ce avant tout un combat politique ou culturel ?

Apprentissage de la langue bretonne

À Nantes, l'apprentissage du breton peut se faire dès la crèche.

Youn ha Solena est une micro crèche associative, où l'enfant de 3 mois à 3 ans vit en immersion en langue bretonne. Toutes les professionnelles parlent breton et s'adressent aux enfants en breton. Cette crèche est unique dans l'ouest, et la liste d'attente est importante.

"C'est une crèche dans laquelle on a plusieurs projets, d'écolabélisation, de verbalisation, de signes auprès des enfants. Les petits prennent exemple sur les plus grands et les plus grands sont responsabilisés par la présence des plus petits", explique Yuna Bresmal-Le Moulliour, éducatrice de Jeunes enfants.

Une quinzaine d'enfants sont accueillis seulement. Une vraie chance selon les parents.

À la sortie de la crèche, les parents peuvent placer leurs enfants en école publique ou privée. À l'école Sainte-Madeleine La Joliverie, école privée catholique sur l'île de Nantes, 75 élèves sont scolarisés de la maternelle au CE2. Il n'y a pas de CM1 et CM2 par manque d'enseignants.

Laurent Le breton a dû réapprendre le breton pour obtenir le poste d'enseignant, car il y avait une forte demande des parents. Les raisons sont nombreuses.

Certains veulent refaire un lien avec ce qu'ils ont connu par leurs grands-parents qui le parlaient encore.

Laurent Le breton

Enseignant

"Pour d'autres, c'est simplement pour l'ouverture linguistique ou pour l'anglais puisqu'on fait plus d'anglais à partir de la moyenne section" ajoute Laurent Le breton.

Le secteur public cherche des instituteurs. De nouvelles classes ont ouvert cette année en Loire-Atlantique. Un enseignement avec plus de 60 % de breton, cela attire de plus en plus.

À l'école publique Les Marsauderies dans le quartier de la Haluchère, il y a de nombreux enfants dont la langue familiale n'est pas forcément le français. "Il n'y a pas de sélection. Tous les enfants sont accueillis et généralement, ça plaît beaucoup aux parents", Mallorie Creach, enseignante bilingue.

Une famille sur deux choisit l'enseignement en langue bretonne quand il est proposé.

C'est plus compliqué lorsqu'il s'agit d'intégrer l'enseignement secondaire. Seuls deux établissements proposent du Breton à Nantes, le collège public de Rutigliano en option et le Skojal Diwan où 90 élèves sont scolarisés en immersion.

100 % de réussite au brevet avec 92 % de mention en 2021 dans ce dernier. "On est les mêmes qu'ailleurs, sauf que nous, on le fait en breton. Et ça, c'est à la fois la base et en même temps l'objectif. C'est la langue de la vie du collège, de l'enseignement, de l'administration", Marzhin Perrot, professeur d'histoire-géographie et de Breton.

Pour l'heure, aucun lycée ne propose du breton dans la région des Pays de la Loire. Les élèves doivent aller au lycée Diwan de Vannes.

Un manque d'enseignants

Sur les deux dernières années, le nombre d'enseignants bilingues breton a doublé.

C'est un engagement de la ville de Nantes durant le mandat de doubler le nombre d'écoles et de filières.

Florian Le Teuf

adjoint aux enjeux breton à la mairie de Nantes

Des cours de breton sont désormais possibles à la faculté de Nantes. Des enseignants supplémentaires sont donc actuellement en formation.

La ville attend la signature d'une convention avec le Rectorat pour pouvoir structurer l'enseignement bilingue. "La cité des Ducs de la Bretagne est séparée de la région administrative appelée région Bretagne. Les décideurs regardent ce découpage pour prendre leurs décisions au lieu de prendre le sentiment d'appartenance", ajoute Florian Le Teuf.

Une question politique ?

Pour les familles, apprendre le breton est avant tout une approche culturelle, patrimoniale. Être bilingue facilite souvent l'apprentissage d'autres langues.

"Pour les élèves, d'être passée par des filières Diwan, Div Yezh, etc. il y a une sensibilisation à la protection d'une langue qui peut amener au militantisme et à des questions politiques", explique Tara Adeux-Caillaud, chargée de communication pour Radio Breizh.

Deux lois ont été votées pour développer l'enseignement bilingue : la loi de refondation de l'école en 2013 et la loi Molac pour la protection patrimoniale des langues régionales en 2021. Elles ont eu un impact important sur le choix des familles.

Pour faire le point sur l'apprentissage des langues régionales, Maxime Jaglin reçoit :

  • Florian Le Teuf, adjoint aux enjeux bretons à la mairie de Nantes
  • Visant Roué, directeur du pôle étude de développement de l’Office public de la langue bretonne
  • Tara Adeux-Caillaud, chargée de communication pour Radio Breizh (réseau des radios associatives en breton)

► Dimanche en Politique, "Le breton a la cote", c'est dimanche 10 mars à 11 h 25 sur France 3 Pays de la Loire.

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