Janvier 2025 sera le mois des élections des représentants de la profession dans les chambres d'agriculture. En Loire-Atlantique, la FNSEA, qui assure depuis 2007 la gestion de la chambre départementale, pourrait bien perdre la majorité au profit de la Confédération Paysanne.
Qui de la FNSEA ou de la Confédération Paysanne va remporter en Loire-Atlantique ces élections qui se déroulent du 7 au 30 janvier 2025 ? Lors du précédent scrutin il y a six ans, la FNSEA l'avait emporté, après un premier vote favorable à la Confédération Paysanne, mais annulé. Devancée de seulement deux voix, la FNSEA (alliée aux Jeunes Agriculteurs) avait contesté les résultats. Un message sur le réseau social Facebook de la Confédération Paysanne la veille du scrutin avait été jugé contraire aux règles électorales, d'où l'annulation des résultats et l'organisation d'un nouveau scrutin.
Mais pour ces élections 2025, la Confédération Paysanne espère bien l'emporter.
Un outil important pour le monde agricole
Les Chambres d'Agriculture ont pour vocation de représenter le monde agricole auprès des pouvoirs publics, collectivités locales et Etat.
Elles ont aussi des missions d'aide à l'installation, à la transition, de formation continue auprès des agriculteurs et d'accompagnement dans leurs projets d'évolution. Pour cela, elles emploient des conseillers, que ce soit des agronomes ou des spécialistes de l'élevage.
Sous tutelle de l'Etat, elles peuvent mener des missions comme la surveillance biologique de leur territoire ou la traçabilité des animaux, bovins, ovins...
Les Chambres d'Agriculture interviennent sur les questions de gestion de l'eau, de diversité, d'énergie, de préservation des ressources naturelles et de réduction de l'utilisation de produits phytosanitaires.
Des enjeux cruciaux pour la filière. D'où l'importance politique de ces élections à venir pour élire, dans chaque chambre, 33 représentants dans différents collèges, exploitants, propriétaires, salariés, retraités...
"Les choses vont dans le sens de ce qu'on dénonce"
En Loire-Atlantique, la Confédération Paysanne (qu'on désignait sous le nom qui pouvait porter à confusion de FDSEA-Confédération Paysanne) a longtemps géré la Chambre d'Agriculture avant que l'alliance FNSEA-JA ne s'impose aux élections de 2007 et suivantes.
Pour la Confédération Paysanne, ce scrutin de janvier 2025 devrait être celui de la "prise de conscience".
"Les choses vont dans le sens de ce qu'on dénonce, dit Jean-Christophe Richard, président de la Confédération Paysanne de Loire-Atlantique. Le dérèglement climatique, la question de l'eau, le Mercosur que l'on dénonce depuis 1999. Ça va être dans les enjeux de demain qu'il va falloir gérer de manière collective et pas individuelle. Le rôle de la chambre d'agriculture est central.".
Le responsable syndical a bien conscience qu'il ne va pas changer la politique européenne, mais insiste sur le rôle des chambres d'agriculture au niveau local, dans le quotidien des agriculteurs pour passer le cap du dérèglement climatique, aider à la baisse des charges et favoriser l'installation, plutôt que l'agrandissement d'exploitations existantes.
Un "bétaillère-tour"
La Confédération Paysanne a lancé sa campagne électorale par des actions quotidiennes qu'elle va mener de commune en commune, en Loire-Atlantique. Ce lundi 9 décembre au matin, elle était présente à Montbert avec une bétaillère sur laquelle une affiche annonce l'élection à la Chambre d'Agriculture. Des agriculteurs représentant le syndicat se relaieront avec cet attelage pour organiser, au gré des étapes, des discussions avec les habitants et les producteurs et cultivateurs.
La crainte du dégagisme
Pour leurs adversaires, la liste FNSEA-JA, cette élection 2025 pourrait bien réserver des surprises. Mickaël Trichet, le président de la FNSEA 44, ne part pas gagnant. "Il ne faut jamais sous-estimer l'adversaire", reconnaît-il très humblement.
Mais pour lui, le challenger n'est pas seulement la Confédération paysanne. Mickaël Trichet, évoque un match à trois.
"Cette ambiance délétère, dit-il à propos du contexte politique actuel, pourrait bien donner à certains l'idée de faire du dégagisme". Et il ne serait pas étonné que des voix d'agriculteurs fatigués aillent vers la Coordination Rurale, syndicat agricole réputé très à droite, voire d'extrême droite.
"Depuis 2019, rappelle-t-il, faisant référence à un premier tour favorable à la Confédération Paysanne, je ne m'étonne plus de rien."
Une vision syndicale
Après, une météo difficile, une dissolution puis une motion de censure, "On a une gouvernance en panne, constate Mickaël Trichet, on manque de lisibilité."
D'où l'importance selon lui des structures comme les chambres d'agricultures, dirigées par des élus du monde agricole.
"La chambre d'agriculture est là pour appliquer une vision syndicale", dit-il.
Pour leur campagne, la FNSEA et le syndicat des Jeunes Agriculteurs appuieront sur des thématiques comme la défense du revenu, l'action de l'homme pour l'entretien des milieux naturels plutôt que la "mise sous cloche" de certaines zones.
"Pas d'interdiction sans solution", avance le syndicaliste qui, s'il ne s'oppose pas à la réduction des produits phytosanitaires, demande un accompagnement dans la durée des agriculteurs sur cette question où il craint une interdiction sans aides.
Quel taux de participation ?
Le contexte géopolitique international, la négociation sur le Mercosur et le dérèglement climatique donnent à ces élections aux Chambres d'Agriculture une importance toute particulière. Reste à savoir si les électeurs se mobiliseront. Lors des dernières élections, le taux national d'abstention avait été particulièrement élevé, atteignant les 71,5%.
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