La Quéquetterie, une pâtisserie qui vend des pancakes en forme de sexes, ouvre une boutique éphémère à Nantes, place du Commerce. Un concept original, qui rencontre un franc succès, même si de nombreux tabous persistent, déplore Taziana Jurdi, à l'origine du concept.
La boutique de Taziana est un peu particulière. Il s'agit d'une boulangerie spécialisée dans les pancakes aux formes peu communes.
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Ici, on a le choix entre deux formats : les "quéquettes" et les "foufounes". Attention rien d'érotique ou de sexuel, la boutique se veut une boulangerie comme les autres et ouvertes à tous.
Histoire d'une pâtisserie originale
Taziana Jurdi est Vénézuélienne. Elle est venue s'installer à Paris il y a 13 ans. Pendant le confinement, en 2020, la jeune femme décide de lancer la Quéquetterie.
Le concept lui vient de Thaïlande où des snacks salés en formes de pénis sont commercialisés. Elle s'inspire également d'une boutique espagnole qui vend ce genre de gourmandises, mais version sucrée cette fois à Madrid.
Je voulais faire quelque chose de rigolo et pas forcément sexuel
Taziana JurdiFondatrice de la Quéquetterie
La version espagnole, trop sexuelle, ne convainc pas Taziana Jurdi. "Ce n'est pas forcément autour du sexe, ce sont juste des pâtisseries " rappelle-t-elle.
Après des débuts compliqués, le concept de la cheffe d'entreprise finit par décoller. "Post-confinement, les gens avaient besoin de choses légères, mais c'est surtout grâce aux réseaux sociaux" explique-t-elle avant d'ajouter, " j'ai quand même dû m'accrocher avant que ça marche".
Aujourd'hui, elle a huit boutiques et deux pop-up store, des enseignes éphémères qui font le tour de France. À chaque ouverture, il y a la queue devant les magasins comme ce samedi 6 avril, place du Commerce à Nantes. Ouverte à 14 h, la foule n'a pas dégrossi devant les portes de la Quéquetterie, jusqu'à rupture de stock.
Un concept qui ne séduit pas tout le monde
Si le succès semble sourire aux pâtisseries insolites de la jeune Vénézuélienne, il y a encore de fortes résistances. Les riverains ne sont pas toujours ouverts au concept de la boutique.
Il y a des villes où la Quequetterie n'est pas acceptée
Taziana JurdiFondadrice de la Quéquetterie
"À Angers, il y a même eu une pétition. Les extrêmes catholiques ne voulaient pas que la boutique ouvre" raconte l'entrepreneuse.
"Parfois, il y a des gens qui viennent carrément nous insulter et nous faire la morale" ajoute-t-elle. Mais Taziana Jurdi ne s'inquiète pas, "quelqu'un de pas content, il parle quand même de nous et ça fait de la publicité. C'est plus de positif que de négatif finalement".
En-dehors des cas extrêmes, comme celui-ci, Taziana Jurdi rencontre régulièrement des obstacles pour s'installer dans les villes.
Des difficultés pour trouver un lieu
Ce n'est pas pour rien si Taziana Jurdi ouvre principalement des boutiques éphémères, trouver un local et des financements relève du défi.
On a du mal à trouver des locaux, alors qu'on ne fait rien de mal
Taziana JurdiFondatrice de la Quéquetterie
"Avant de s'installer dans une ville, on galère. Ça peut prendre des mois avant qu'on puisse trouver un lieu" souligne la jeune femme. Depuis longtemps, les clients réclamaient une boutique à Nantes, mais il aura fallu huit mois à l'entreprise pour trouver un local au centre-ville.
"Même pour juste trois mois, les propriétaires ne veulent pas de notre boutique, alors que personne ne sait jamais qui nous loue les locaux" souligne Taziana Jurdi.
Il y a encore beaucoup de tabous
Taziana JurdiFondatrice de la Quéquetterie
Pourtant, vues de l'extérieur, les boutiques de la Quéquetterie n'ont rien d'obscène. La décoration se veut plutôt mignonne, du rose bonbon et des fleurs à foison. Il faut se pencher sur la carte pour comprendre que la pâtisserie est spécialisée en sucreries en forme de sexe.
Une fois dans la boutique, le logo et le slogan "Ouvrez grand la bouche" sont plus explicites, même s'il s'agit plus de faire sourire qu'autre chose.
Les banques aussi ont froid aux yeux
La boutique éphémère n'est pas qu'une idée marketing, c'est aussi parce que Taziana Jurdi rencontre des difficultés à trouver des locaux et des banques qui acceptent son entreprise.
"Les banques ne nous accompagnent pas, c'est le concept qui bloque, on le sait maintenant" souligne la jeune femme. "Pour moi, c'est une pâtisserie comme une autre, je ne comprends pas ce qui gêne les banques" soutient-elle.
C'est comme la fête foraine, on est là un temps limité et les gens sont contents de venir
Taziana JurdiFondatrice de la Quéquetterie
Malgré ces obstacles, elle tire des avantages de ce format occasionnel. "C'est plus léger et on peut aller dans toutes les villes dans lesquelles les gens nous attendent depuis longtemps" se réjouit la jeune femme.
"Je préfère ce format, c'est plus facile. Mais si on n'avait pas autant de problèmes avec les lieux et les banques, on aurait sûrement plus de magasins" concède la cheffe d'entreprise.
Lever des tabous et normaliser la sexualité
Aujourd'hui, de nombreux clients font parfois de la route pour venir dans les boutiques de Taziana Jurdi. Ce n'est pas qu'un effet de mode autour de ces pancakes atypiques, mais aussi parce que mine de rien, représenter des sexes, c'est une manière de lever les tabous.
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En ouvrant sa première boutique, Taziana Jurdi ne s'attendait pas forcément à contribuer à une cause. Petit à petit, en se faisant connaître sur les réseaux sociaux, et en étant médiatisé, le concept a séduit. Des personnes viennent voir la fondatrice pour la remercier et lui dire que grâce à la boutique, ils ont eu des discussions sur des sujets de sexualité avec leurs familles ou leur entourage.
Sans faire exprès, la Quéquetterie a permis d'aider sur les questions de sexualité et de lever des tabous
Taziana JurdiFondatrice de la Quéquetterie
Même si elle ne s'y attendait pas, Taziana Jurdi est comblé, "c'est génial, je voulais faire quelque chose de mignon et ça fonctionne".
D'ailleurs, dans ses boutiques, le public est intergénérationnel. "Avant, j'avais une clientèle cible avec mes restaurants, mais avec la Quéquetterie, c'est incroyable, il y a de tous les âges" raconte la jeune femme.
Ça me fait plaisir de voir des familles venir, c'est génial
Taziana JurdiFondatrice de la Quéquetterie
Paradoxalement, l'entrepreneuse le sait, "c'est le tabou qui fait la différence et le succès". Le concept léger et amusant, presque pédagogique, plaît, en témoigne la file d'attente devant le magasin à Nantes ce samedi 6 avril.
La Quéquetterie devrait continuer son tour de France, le prochain rendez-vous est à Brest, le 22 avril. Après quatre mois de recherche, Taziana Jurdi a enfin trouvé un local.
"On ne sait pas encore où on sera ensuite, tout simplement parce qu'on cherche encore, explique-t-elle avant d'ajouter, dès qu'on peut, nous, on y va".
Pour l'heure, la boutique éphémère de Nantes recrute encore du personnel. La boutique sera ouverte jusqu'au 7 juillet,
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