C'est un mouvement national, la colère montait depuis quelque temps déjà. Les greffiers ont décidé de faire connaître du grand public leurs revendications en affichant leur mécontentement devant les palais de Justice.
"Greffiers en colère, Justice en galère" pouvait-on lire sur des feuilles A4 collées sur le dos des manifestants.
Le choix de cette journée du 3 juillet n'est aucunement lié au contexte social actuel, le rendez-vous était prévu depuis plusieurs jours. Et la colère, elle, a plusieurs années de mûrissement.
Les greffiers font partie des "petites mains" de la Justice. Ils sont de ces professionnels de l'ombre sans qui, ceux qui sont à la lumière, les magistrats, ne pourraient rien.
Les greffiers font les courriers de convocation, prennent en note les audiences pour mettre ensuite en forme les jugements qu'ils communiquent aux personnes concernées, sans quoi les décisions ne pourraient être exécutées.
Un mouvement de tous les agents du greffe
"Un juge sans greffier est un juge démuni" confirme Aurélien Pares, greffier depuis 8 ans.
Il est de ceux qui sont sortis du tribunal judiciaire de Nantes ce lundi matin pour manifester devant les grilles. Selon ses estimations, 70 % des personnels de ce service ont suivi cet appel à la grève. Outre les greffiers, il y a tous les autres agents du greffe, adjoints administratifs, contractuels et vacataires.
Voilà des années que ces personnels dénoncent le manque de moyens de la Justice. Ils avaient soutenu les magistrats lors de la "tribune des 3000" en 2021, une lettre publiée dans Le Monde et alertant sur l'épuisement des magistrats estimant qu'ils étaient trop souvent contraints de juger vite et mal.
Ils sont déjà sortis sur le parvis il y a quelques jours et ce lundi, ils manifestent à nouveau pour défendre leur profession.
"C'est une Justice totalement abimée et délaissée par le manque de moyens matériels et humains" déplorent Aurélien Pares et ses collègues.
Une réforme de la grille indiciaire
C'est la réforme de la grille indiciaire qui a fini de mettre le feu aux poudres. Une augmentation ridicule et une grille d'évolution professionnelle qui va rendre plus lente les progressions de carrière.
Pour Aurélien et ses 8 ans de carrière, cela se traduit, nous dit-il, par 14,55 euros bruts par mois et une régression dans la grille. La possibilité de passer à l'échelon supérieur s'est éloignée.
À Angers, un rassemblement est prévu à la mi-journée devant le Tribunal Judiciaire. À Nantes, les personnels du greffe recevront le soutien d'avocats et de magistrats das l'après-midi. Ils ont prévu de pique-niquer devant le Palais de Justice ce midi.
Première conséquence : des comparutions immédiates prévues ce lundi suite aux récentes manifestations vont probablement être reportées.
Des négociations sont programmées au Ministère de la Justice ce mardi et le 12 juillet.