Espérance de vie. On vit plus longtemps en ville qu'à la campagne selon une étude de l'Association des maires ruraux de France

L'écart d'espérance de vie entre zone urbaine et zone rurale s'est aggravé depuis les années 1990. Cette conclusion de l'étude de l'Association des maires ruraux de France s'accompagne d'un chiffre : 14 216 décès pourraient être évités si la mortalité en campagne était aussi faible qu'en ville.

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À Saint-Gildas-des-Bois, commune rurale de Loire-Atlantique, il y a 3 médecins pour 3 700 habitants. Et une mortalité supérieure de 26 points à la moyenne nationale. 

Le chiffre est issu d'un rapport de l'Association des maires ruraux de France (AMRF), fondé sur les travaux d'Emmanuel Vigneron, géographe spécialiste de la santé des territoires. 

"J'entends cette mortalité, mais elle est due, à mon avis, aux deux EHPAD de notre commune qui comptent chacun 80 résidents, et à une communauté religieuse de plus de 70 sœurs avec un âge vieillissant", veut nuancer Jean-François Legrand, maire de Saint-Gildas-des-Bois.

L'étude de l'AMRF indique pourtant qu'à âge et sexe égal, l'indice de mortalité des bassins de vie ruraux est supérieur de 6 points en moyenne à celui des bassins de vie urbains.

À titre d'exemple, la mortalité de Saint-Gildas-des-Bois est supérieure de 36 points à celle de Nantes. Selon l'AMRF, cet écart est inévitablement lié à une inégalité d'accès aux soins entre les "centres", c'est-à-dire les villes, et les "périphéries" rurales.

La centralisation des soins dans les villes-préfectures a des effets délétères qui contribuent à l'abandon des territoires périphériques.

Rapport de l'étude sur la santé en milieu rural

Association des maires ruraux de France

"Quand je suis arrivé ici, il y avait 4 docteurs et un dentiste. Ça s'est beaucoup dégradé en quelques années", témoigne M. Thomas, 64 ans, habitant de Saint-Gildas-des-Bois. 

"Pour être soigné, il faut se déplacer. Moi, j'ai été opéré récemment et pour les examens, il fallait aller sur Nantes ou Redon. Nous ça va, on a une voiture, mais pour ceux qui n'en ont pas, c'est compliqué", poursuit-il. 

Écart du nombre de médecins généralistes des bassins de vie urbains et ruraux par rapport à la moyenne nationale, en 2022

Source : Étude sur la santé en milieu rural - Avril 2023, Association des maires ruraux de France

Les communes rurales de Loire-Atlantique très touchées

Depuis 30 ans, les inégalités entre milieu urbain et rural se substituent progressivement aux inégalités entre régions, selon l'AMRF. 

En France, les hommes qui résident en milieu rural vivent en moyenne deux ans de moins que ceux qui vivent en ville. L'écart est d'un an pour les femmes.

À l'échelle de la région Pays de la Loire, le nord de la Loire-Atlantique s'illustre par un indice de mortalité élevé en comparaison à la moyenne nationale. 

C'est ce que l'AMRF appelle "effet de bordure" : les zones de surmortalité sont majoritairement situées aux frontières entre départements, "à cheval entre deux ou trois départements"

Les zones rurales au nord ouest de la Loire-Atlantique sont concernées, de la Brière au pays de Blain (où se trouve Saint -Gildas-des-Bois), jusqu’à Derval, ainsi qu’à l’extrême sud du département, du pays de Retz jusqu’à Legé.

"Ces territoires sont comme des délaissés de l'organisation territoriale", écrit l'AMRF. Elle émet 4 propositions pour réduire l'écart d'accès aux soins et d'espérance de vie entre territoires ruraux et urbains.

Des propositions pour améliorer l'accès aux soins

L'association estime qu'il faut créer les conditions adaptées pour que les étudiants en santé puissent venir effectuer leurs stages en-dehors des grands pôles de santé des villes. Ces conditions : assurer la présence de maîtres de stage et faciliter l'installation et le transport des étudiants dans les communes rurales.

La seconde proposition porte sur une meilleure coordination entre professionnels de santé pour développer des équipes de soins coordonnées autour du patient (ESCAP). Valorisés financièrement, les ESCAP reposeraient sur le partage d'expertise pour "éviter des passages inutiles aux urgences". 

L'AMRF suggère aussi un partage de compétence entre praticiens en facilitant un "exercice mixte" entre ville et hôpital pour "assurer à la population une prise en charge rapide et en proximité". 

Résorber les déserts médicaux

Pour encourager une meilleure répartition des praticiens sur les territoires, l'association préconise de faciliter leur installation grâce à un "guichet unique d'accompagnement" qui centraliserait "à l'échelle de chaque département" des aides financières et administratives destinées aux professionnels de santé.

L'attractivité des communes rurales pour les soignants peut aussi passer par la rénovation des structures de santé. C'est là-dessus que compte le maire de Saint-Gildas-des-Bois pour résoudre la saturation de la patientèle des 3 médecins du village. 

Le projet numéro 1 est la restructuration de la maison de santé. C'était un cabinet médical vieillissant de plus de 40 ans.

Jean-François Legrand

Maire de Saint-Gildas-des-Bois

"Le projet phare de la commune est de reconstruire un bâtiment sur le même site en lien avec les praticiens et les associés", explique Jean-François Legrand.

"Le travail a commencé, nous avons fait le recensement des professions médicales et paramédicales sur le secteur, poursuit-il, et nous avons réalisé une enquête auprès des médecins pour connaître leurs attentes et leur degré d'implication dans ce projet."

Même si "tout est à construire", le maire espère que la nouvelle maison de santé verra le jour d'ici trois ans.

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