EXCLU. Croire au printemps avec le groupe nantais Parpaing Papier

Croire au printemps. Et pourquoi pas ? Même à la veille de l'été, croire au retour des beaux jours, des sorties démasquées, des concerts collés-collés. Parpaing Papier y croit en tout cas et c'est écrit sur la pochette de son premier album. Interview...

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Ils avaient dû nous menacer pour qu'on parle de leur premier EP il y a un peu plus d'un an (la preuve ici), cette fois, c'est nous qui les avons menacés s'ils refusaient de nous rencontrer et de nous dire tout sur ce nouvel album qui prétend nous faire croire au printemps.

Croire au Printemps, c'est son nom, 12 titres qui sentent bon l'éveil de la nature, le retour de la chaleur, les barbecues entre amis (dans le respect des consignes sanitaires bien sûr), le rock chanté en français, l'humour surréaliste et les concerts. Oui, on aura quelques concerts cet été et Parpaing Papier ne sera pas le dernier à pousser quelques décibels libérateurs du côté de Nantes et ailleurs.

Nous les avons donc menacés mais, pour tout vous dire, Martin Hallier, aka Marty Papier, chanteur du groupe, s'est laissé convaincre sans que nous ayons besoin de recourir à la torture, trop heureux de parler de ce disque. Rendez-vous était donc pris du côté de la salle de concerts Le Ferrailleur à Nantes en terrasse et sous le soleil exactement. Comme un parfum de printemps... ou d'été.

Mais avant l'interview, en exclu Lulu, on jette un oeil sur le tout nouveau clip du groupe, Acheter un oeil, beau et fou comme du Dali... non ?

Vous sortez votre premier album, Croire au Printemps, à trois jours de l'été, le 18 juin. C'est une blague ?

Martin. Non, ce n'est pas de l'humour pour le coup. Initialement, l'album devait sortir en avril ou mai, mais avec la covid, la suspension des concerts... notre entourage a jugé plus malin d'attendre, de le sortir avec la possibilité de jouer un peu, ce qui est finalement le cas. Surtout, on voulait le sortir avant l'été parce que c'est un album pop, frais, souriant, je voulais que les gens l'écoutent en faisant des barbecues, c'était important pour nous de nous démarquer de l'EP Tester des casques qui était un peu moins... fleuri.

Parpaing Papier, c'est toujours quatre musiciens ? Pas de changement dans le line-up ?

Martin. Toujours le même line-up depuis notre naissance le 22 janvier 2019 avec l'arrivée de Clothilde qui a été l'acte fondateur du groupe. Elle avait 18 ans à l'époque. Longtemps, on a été trois, basse, batterie, chant, mais on cherchait le quatrième, jusqu'au jour où Fabrice s'est rappelé de Clothilde qu'il avait entendu jouer du Led Zeppelin au conservatoire. Elle avait alors 15 ans. 

Pourquoi ce nom Parpaing Papier ?

Martin. C'est une private joke à la base. Un ami, Lucien Chéenne, m'appelait Parpaing Papier au lieu de Martin Hallier qui est mon vrai nom. Pour le groupe, on avait du mal a trouver un nomqui soit pertinent, rock et décalé en même temps. Et l'ami en question m'a suggéré de prendre ce nom, Parpaing Papier. Je doutais mais les autres musiciens m'ont convaincu. Et finalement, il a le mérite d'être impactant et pas mal en référencement... Et, à la manière des Ramones ou des Wampas dont je suis fan, on a tous les quatre adopté le même nom, Clo Papier, Fa Papier, Coco Papier et Marty Papier...

Vous faites du rock chanté en français. C'est de plus en plus rare même si vous êtes au moins trois à le faire sur Nantes, vous, Elmer Food Beat et Cachemire... C'était un choix voulu dès le départ ?

Martin. Oui, je l'ai toujours fait avec Kiemsa (son ancien groupe, ndlr), 4 albums en français. Après j'ai été batteur pour Andréas et Nicolas, chanteur dans Dancefloor Disaster pendant 6 ans où je chantais en anglais. J'avais ce désir de revenir au français, de réécrire, ce que je n'avais pas fait depuis très longtemps, 7 ou 8 ans. Et ce que je voulais avant tout, c'est qu'on chante tous. Souvent, quand on sort d'un concert rock, on entend le gens dire : ouah ça jouait. Moi, je voulais entendre : ouah, ça jouait mais ça chantait aussi. Dans ma tête, c'était cohérent !

Des textes en français avec des vrais morceaux d'humour surréaliste dedans. Le rock peut être drôle ?

Martin. Le rock, quand il est trop sérieux, a tendance à m'emmerder un peu. Bien sûr, j'aime beaucoup les groupes comme Radiohead mais le rock pour moi doit être un minimum fun. Si ce n'est pas fun dans le propos, il faut que ce soit fun dans l'exécution. Ou l'inverse. Après, on ne se revendique pas groupe humoristique comme Les 3 Fromages ou Andréas et Nicolas. On revendique juste un côté décalé, grinçant, rigolo, avec des thèmes qui peuvent prêter à sourire, à la manière des Trois Accords au Québec. 

Un premier album, c'est toujours un flot d'émotions. Comment vivez-vous ces instants ?

Martin. Le clip est tourné, les singles sont sortis, les CD sont arrivés chez nous, les vinyles ne vont pas tarder, on a hâte que les gens puissent écouter, acheter...

A travers le titre Dans Ma Fusée, vous parlez de sauver l'humanité, d'une Terre morte. Pas trop d'humour pour le coup...

Martin. Je suis très science-fiction, j'adore les récits où il faut quitter la Terre, se barrer. Pour cette chanson, je suis parti d'un rêve d'enfant : construire une fusée et y mettre tout le monde dedans, les animaux, la forêt, même la tour Eiffel, une espèce de naïveté où tout est possible. Et puis en grandissant, plus rien n'est possible...

Chacune de vos chansons est construite comme une petite histoire...

Martin. J'aime bien ça, c'est vrai et j'aime bien quand il y a ce petit côté ouvert à l'interprétation. Le titre Les enfants qui chantent peut être soumis à interprétation, ça peut être dérangeant pour certains d'entendre des enfants chanter qu'on a raté et que c'est terminé, les enfants dansent sur nos tombes en chantant que c'est la fin du monde, c'est assez étrange mais j'aime bien et c'est un contrepied total à certains autres textes plus légers. J'ai toujours été fasciné par le côté dystopique, fin du monde...

Plus généralement, qu'abordent vos textes ?

Martin. Des petites histoires oui, des situations. On commence souvent par la musique et la musique m'inspire une ambiance qui va donner un texte. C'est ultra intuitif.

Question incontournable, quelles sont vos influences ?

Martin. Alors évidemment, les groupes qui nous rassemblent tous les 4 sont Queen, Ramones, Weezer, Greenday, côté francophone, bien sûr les Wampas, bien sûr Dionysos parce que c'est un groupe qui sur toute sa carrière a exploré plein de choses, très pop avec des claviers, violons, guitares acoustiques, ou beaucoup plus rock. En terme d'écriture, Mathias Malzieu (chanteur de Dionysos, ndlr) est quand même une belle référence. Sanbs oublier Téléphone. On nous dit parfois qu'on est les nouveaux Téléphone. Moi j'adore... Après, je suis un énorme fan de la scène québécoise, Les Trois Accords ou Vulgaires Machins, très pop punk. Je suis aussi un gros fan de la scène punk française, Mass Hysteria, Bérurier noir, Les Sheriff... En local, je dirai Dolly, Elmer Food Beat, Katerine, il a tout fait, ce ne peut être qu'inspirant, Zabriskie Point, le groupe de l'écrivain François Begaudeau, les Mad Foxes... White Fox d'Angers, ils ont 20 ans, Intenable de Bordeaux, et puis la scène anglaise avec Radiohead, Muse.

L'album qui tourne en boucle sur votre platine ?

Martin. En ce moment ? Attends, je vais tricher et regarder sur mon spotify... Ah oui Les Clopes, un groupe parisien qui fait de la cold wave en français. Ils disent venir de Nantes mais ce n'est absolument pas vrai. En fait, c'est simplement parce que ça fait cool de venir de Nantes.  Et j'écoute aussi beaucoup mes copains de Pogo Cash Car Control...

Très belle pochette, très belles photos de presse... Qui se cache derrière ce travail ?

Martin. J'ai eu la chance de rencontrer Sarah Scaniglia, photographe qui fait pas mal de mode, beaucoup de choses très léchées, très tableau. Je savais que ça pouvait coller avec ce qu'on voulait, genre nature morte, très fleuri, très pop et en même temps très décalé. Les photos ont été réalisées dans le château de Lassay-les-Châteaux où j'ai été guide plus jeune. On a travaillé comme une vraie session de mode, trois jours, des fleurs partout. Le concert de Faith no More au Hellfest en 2015 m'avait beaucoup marqué.

Normalement, les concerts reprennent. Vous êtes prêts ?

Martin. Nous sommes prêts. On a pas mal de promo en juin lié à la sortie de l'album avec des sets acoustiques. Quant aux sets électriques, ça reprend le 4 juillet, avec un concert à Saint-Julien de Concelles, le 16 juillet sur la terrasse du Ferrailleur à Nantes, le 23 juillet dans la Creuse au festival Lézard Vert et le 24 juillet à Saint-Emilion au festival Le Grand soir... le reste se met en place.

Et on a un projet. Pendant le pandémie, on a monté la Fédération FrancoPop avec pour objectif d'organiser des concerts francophones dans tous les styles mais avec guitare électrique obligatoire. On veut faire un pont avec entre le Québec, la Belgique, la Suisse. On a même trouvé un groupe allemand qui chante en français, Stereototal, et un autre groupe québécois, Miels, dont la chanteuse est américaine et chante aussi en français.

Parpaing fait pour la scène ? 

Martin. Bien sûr, on a finalement peu joué avec la pandémie et les confinements, 25 concerts en tout et pour tout dont 5 à Hong Kong et Macao. Une expérience incroyable. Oui, on a hâte...

Propos recueillis par Eric Guillaud le 28 mai 2021. Plus d'infos sur Parpaing Papier ici

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