Faut-il continuer de nourrir les oiseaux au printemps ? Pas vraiment une bonne idée pour la Ligue de Protection des Oiseaux. Ils doivent pouvoir vivre sans notre aide au moment où la nature repart. Surtout en ville.
C'est le printemps, on le voit et on l'entend. La végétation se pare de couleurs tendres et chatoyantes, des parfums subtils flottent dans l'air frais, et surtout dès très tôt le matin, une cacophonie joyeuse s'élève depuis les arbres et les haies autour de nos habitations.
Oiseaux des villes et oiseaux des champs
Les oiseaux sont en pleine effervescence. Gonflés à bloc, bien nourris par les habitants des villes ou des villages. Les oiseaux des villes, ceux qui s'approchent des activités humaines, ont pu profiter tout l'hiver de ces blocs de nourriture disposés à leur intention.
Pour les oiseaux des champs, ou pour les migrateurs, c'est différent. Ces oiseaux qui vivent loin des habitations trouvent de moins en moins leur pitance dans l'espace naturel. Loin des yeux des jardiniers, ils ne bénéficient pas des mêmes attentions.
L'agriculture intensive, les pesticides réduisent leur stock de nourriture. "C'est peut-être dans les milieux agricoles qu'il faudrait les aider, ça peut paraitre paradoxal, la chimie et la monoculture ne laissent pas de place pour les oiseaux, ou pour les mammifères", souligne Guy Bourlès le président de la LPO en Loire-Atlantique.
Nourrir les oiseaux au printemps ou ne pas les nourrir ?
Alors faut-il nourrir les oiseaux au printemps ? À la Ligue pour la Protection des Oiseaux, la réponse est plutôt non. "Dans l'idéal, il conviendrait de ne pas nourrir les oiseaux, même si ça part d'un bon sentiment. Il ne faut pas les maintenir en dépendance, si pour une raison ou pour une autre, on s'absente un moment sans renouveler la nourriture, on risque de perdre les nichées", remarque Guy Bourlès.
Il ne faut pas dénaturer les oiseaux, les soutenir en hiver c'est bien, au printemps il faut qu'ils trouvent leur indépendance en se nourrissant seuls
Guy BourlèsLPO
Les insectivores et les granivores trouvent dans la nature les aliments dont ils ont besoin au printemps dans les jardins. Pour les autres, ces oiseaux qui ne s'approchent pas des villes, comme les migrateurs qui fréquentent les milieux humides peu transformés par l'homme.
"La meilleure façon d'aider ces oiseaux c'est de sauvegarder la nature, les zones humides, le bocage agricole, ils peuvent se débrouiller tout seuls, ils n'ont pas besoin de nous en principe", poursuit Guy Bourlès.
L'hirondelle ne fait plus le printemps
La vieille métaphore venue du fond des âges se vérifierait de plus en plus. Printemps après printemps, les hirondelles sont de moins en moins nombreuses à venir nicher dans nos vieux murs et nos falaises.
"On est très inquiets pour les hirondelles. Elles ne sont pas au rendez-vous cette année. C'est un indicateur que ça ne va pas du tout. Il y a nombre d'endroits où il n'y en a plus, nous sommes fin avril, elles devraient toutes être là, et ce n'est pas le cas. La migration est difficile, les conditions d'hivernage ne sont pas bonnes non plus, et leurs conditions de reproduction chez nous ne sont plus optimales", se désole Guy Bourlès.
Laissons des vieux murs pour les hirondelles, et surtout des moucherons quelles attrapent en vol dans l'air du soir. Les gentilles boulettes de graines de la jardinerie ne leur sont d'aucune utilité.