FIP Nantes a cessé d'émettre après 46 ans, les auditeurs lui ont rendu hommage

Un collectif d'auditeurs avait appelé à venir saluer l'équipe de FIP Nantes, l'une des dernières locales de FIP en France. C'était ce vendredi soir devant le petit studio du quai François Mitterrand. Un adieu émouvant à des voix si singulières et une programmation utile.

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18h59 ce vendredi 18 décembre 2020. Une voix parisienne prend le relai des animatrices nantaises et annonce à l'antenne de FIP :

"FIP dit au revoir à ses grandes voix de Strasbourg, Bordeaux et Nantes"

Les trois dernières locales de FIP en France s'éteignent. Tout au long de la journée, les Fipettes, les animatrices, se sont succédées au micro pour lire les messages que leurs ont envoyés des auditeurs, quelques-uns parmi les centaines reçus.

En fin d'après-midi, ils étaient environ 150 auditeurs, très fidèles pour certains, mais aussi des musiciens, des comédiens, des gens de radio, de la culture en général, à s'être donnés rendez-vous devant la vitre du studio, quai François Mitterand, au rez-de-chaussée de l'immeuble de Radio France.

Ils ont chanté "Je veux continuer à écouter FIP". FIP continuera, mais sans ses locales.

"C'est une question de sous" déplore Gérard, 64 ans, venu en soutien à cette radio qui va disparaître. "C'est dommage ajoute-t-il, ça supprime de la radiodiversité."

Beaucoup de têtes blanches parmi ces auditeurs venus dire au revoir. Mais pas seulement. Maxime, 26 ans, a été biberonné au son des Fipettes. "Je suis un auditeur de FIP depuis tout petit avoue-t-il. Ma maman écoutait FIP. Je n'aimais pas trop et en grandissant, j'ai compris pouquoi elle écoutait cette radio." Et lui aussi est devenu un auditeur régulier. Ce vendredi soir, Maxime a décalé le train qu'il devait prendre pour venir devant le studio, avec les autres, saluer le travail de cette radio si différente.

Véronique, retraitée, confirme : "Il n' y a pas d'équivalent de FIP. Je suis triste de la fin de ce média, dit-elle. C'était un très bon relai culturel qui avait des choix musicaux très chouettes. Les filles savaient de quoi elles parlaient. Ça fait partie des choses joyeuses qui disparaissent."

 

"Une certaine douceur, un peu suave"

Au milieu de la foule, Yasmine Labeyrie. Il y a 46 ans, elle avait été "castée" par Jean Garetto et Pierre Caudou, les deux producteurs qui avaient lancé FIP quelques années plus tôt. Yasmine allait devenir l'une des premières Fipettes de Nantes en 1974. C'était le 17 avril. "J'ai fait le premier jour," se souvient-elle. A l'époque, la radio  s'appelait FILA, France Inter Loire-Atlantique. "Ça a été un très long chapitre professionnel de ma vie, poursuit celle qui a quitté l'antenne il y a trois ans. C'était un ton FIP qui nous a caractérisées. Une certaine douceur, un peu suave. Et puis de la proximité." Car FIP Nantes c'était une programmation musicale pour découvrir d'autres artistes, souvent boudés des antennes traditionnelles mais aussi des annonces de spectacles, de rendez-vous culturels locaux.

Peu avant 19h. Les animatrices ont quitté le studio pour venir, quelques minutes saluer leur public. Une ovation leur a été réservée. L'émotion était grande.

"On découvre que nos auditeurs nous ont intégrées dans leur vie, constate Yolande Brun, qui quitte l'antenne ce vendredi mais continuera de porter la culture locale sur le site web de FIP. Tout le monde a eu envie de nous rendre de l'affection. On ne s'en rend pas compte dans la solitude du studio. Nous, on ne les voyait pas, mais eux nous entendaient."

"FIP était dans le TOP 10 des radios dans chacune des villes où elle était présente" précise Yolande qui a fait le calcul : mis bout à bout, elle a totalisé quatre années d'antenne sur la locale de FIP Nantes.

Ce vendredi soir, il n' y aura pas de  fête, pas de rendez-vous plus tard en soirée, quelque part, pour marquer le coup. Ça aurait pourtant pu se prolonger dans une des salles de spectacle dont FIP Nantes faisait régulièrement la promo mais non. Impossible. C'est le couvre-feu.  Une radio culturelle s'éteint dans une période où le spectacle vivant est muet. Inquiétant.

L'hommage des auditeurs à FIP Nantes avec le discours de Brigitte Brault, ancienne coordinatrice de la sation.

 

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