Le logement est un sujet sensible, surtout dans les grandes villes comme à Nantes où la crise s'amplifie d'année en année. On manque de logements neufs rendant le rêve de propriété de plus en plus inaccessible. Et c'est tout un secteur qui tire la sonnette d'alarme.
L'immobilier a toujours été très tendu à Nantes, mais depuis un an, la crise du logement est encore plus palpable. Constructions à la traine, ventes en berne, acquéreurs en difficulté, c'est tout un secteur qui est en état d'urgence.
Une machine grippée
Et pourtant, l'agglomération nantaise attire entre 9 et 10 000 nouveaux habitants par an. C'est presque une trentaine de nouveaux habitants chaque jour. Des ménages, dont plus de la moitié représente des actifs, des seniors, des familles solo ou recomposées. Et toutes ces personnes ont besoin d'un toit.
Problème, depuis un an, la machine à créer du logement est belle et bien grippée.
"La situation est vraiment grave. On n'a plus les personnes qui viennent acheter de logement, constat Christine Serra, présidente du CINA, le Club Immobilier de Nantes Atlantique, ça veut dire des opérations qui ne sortent pas. Tout ce qui ne sort pas maintenant devait sortir dans quatre ans. Ça veut dire en plus qu'on s'entache l'avenir."
Pour les pros de l'immobilier, le besoin est estimé à 7 500 nouveaux logements par an dans la métropole. On est bien loin du compte : bilan du premier semestre 2023, seulement 412 logements neufs en vente. C'est 62 % de moins qu'il y a un an. Et avec 311 logements vendus, c'est une chute, à période équivalente, de 69 %.
Une pénurie qui touche l'ensemble du département, dans lequel il faudrait produire au minimum 12 000 logements annuels.
"La crise est très importante, constate lui aussi David Martineau, conseiller départemental chargé du logement et de l'habitat, aujourd'hui, si je ne prends que l'exemple du logement social, il faudrait produire, pour répondre à la demande de logements telle qu'elle s'exprime, 40 % du parc qu'on a mis 100 ans à produire".
1 600 000 habitants en Loire-Atlantique à l'horizon 2030
Malgré les alertes, le CNR, Conseil national de la refondation, consacré au logement, en novembre dernier, n'a pas produit de miracles. Bien au contraire.
"Le CNR qui a eu lieu ces derniers mois a abouti à la réduction des prêts à taux zéro, constate Michel Ménard, prédisent du Conseil départemental de Loire-Atlantique, à la suppression de la défiscalisation sur les logements, non pas que je sois contre mais à condition que ce ne soit pas une mesure budgétaire, mais que les économies faites soient consacrées au logement social, au logement en accession abordable pour permettre à tout le monde de se loger"
Louer tient du parcours du combattant, Et acheter redevient quasi inaccessible. Les taux d'emprunts ont explosé ces derniers mois. En moyenne, de 1 à 4 %. Et les banques n'ont jamais été aussi frileuses. Durées de financement plus courtes, strict respect du taux d'endettement et apport personnel plus conséquent. Et puis Le foncier a aussi ses limites.
"On peut très bien surélever des bâtiments aujourd'hui pour, sur la même surface au sol, loger plus de personnes, estime François Prochasson, transformer un parking en logement plus des plantations, c'est supprimer des îlots de chaleur tout nen logeant plus de monde".
La Loire-Atlantique compte aujourd'hui 1 445 000 habitants. Selon l'INSEE, nous serons plus de 1 600 000 d'ici à 2030.
Le reportage de Vincent Raynal, Antoine Ropert, Marie-Catherine Georgelin