Difficile de savoir où en est le dossier d'un nouveau franchissement de la Loire au niveau de l'agglomération nantaise. Les collectivités se renvoient ce qui ressemble à une patate chaude. La Région qui se voulait initiatrice d'un nouveau projet il y a six ans, se fait très discrète aujourd'hui.
En ce mois de septembre 2017, le président de la Région Pays de la Loire souhaite communiquer son inquiétude sur les difficultés de circulation sur le pont de Cheviré, en aval de l'agglomération nantaise. L'ouvrage, inauguré en avril 1991, connaît régulièrement des phases de fort encombrement, notamment au moment des heures d'embauche et de débauche, et, si rien n'est fait, on s'achemine vers une thrombose dans les dix ans à venir.
C'est le discours que tient ce jour-là Bruno Retailleau qui est alors le patron de la Région.
"On va vers le pire" annonce le président des Pays de la Loire qui veut donner l'image d'un élu concerné et soucieux de l'avenir de sa région.
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On apprend ce même jour et de la même source qu'une synthèse doit être faite de toutes les études existantes sur un nouveau franchissement de la Loire, susceptible de désengorger le pont de Cheviré. Synthèse qui devrait être communiquée à la rentrée de l'année suivante, soit septembre 2018.
102 000 véhicules par jour
Il faut croire que les études sont extrêmement nombreuses et documentées, car, six ans après l'annonce anxiogène du président de la Région, aucune synthèse n'est sortie. Pire : on ne parle plus d'un nouveau franchissement du fleuve. Les Nantais auraient-ils abandonné leurs véhicules ? Et tout ceux qui transitent par l'agglomération également ?
Pas vraiment. Si en 2017 on donnait le chiffre de 98 000 véhicules par jour sur le pont de Cheviré, en 2023 on a dépassé les 102 000 ! Malgré la crise sanitaire et les confinements de l'année 2020, la courbe est repartie dans le positif, confirmant que l'ouvrage court vers sa saturation.
Sous quel délai ? Personne n'est officiellement capable de le dire. Ni la direction interdépartementale des routes de l'ouest (DIRO), ni la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) n'avancent de date. Mais emprunter l'ouvrage entre 8h et 9h du matin donne une idée de la proximité de cette date butoir.
"Sur le pont de Cheviré , la saturation est quotidienne aux heures de pointe et le moindre incident accentue les difficultés. On peut indiquer un trafic très dense de 7h30 à 9h30 et de 16h30 à 19h30 voire au delà" nous confirme-t-on à la DIRO.
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Les collectivités se renvoient la balle
Et pourtant, en septembre 2017, à l'hôtel de Région des Pays de la Loire, on n'hésitait pas à faire état de projets de nouveau pont en aval de Cheviré, ou même d'un "tunnel posé". Une sorte de lego fait de tronçons de tunnel posés dans le lit du fleuve et mis bout à bout.
À noter que l'idée d'un tunnel comme moyen de franchissement du fleuve à cet endroit avait déjà été évoquée à la fin des années 70, avant que la solution d'un pont de 1365 mètres posé sur 22 piles ne soit retenue.
Il semble qu'au niveau régional, ce dossier bien encombrant ait pâti de nouvelles orientations définies par l’équipe suivante, issue du scrutin de 2021, et pour laquelle la question d'un nouveau franchissement ne faisait plus partie des priorités. On renvoie volontiers vers la métropole nantaise que l'on estime plus compétente sur ce sujet.
Côté Nantes Métropole, on nous répond que c'est bien vers la Région qu'il faut nous tourner.
Coté Conseil Départemental de Loire-Atlantique, on veut bien participer à des réunions sur ce sujet mais ce ne serait pas, non plus, de la compétence du Département. Sauf sur un projet de nouveau pont... mais du côté d'Ancenis.
"Les Départements de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire se sont engagés, en 2022, à porter une étude sur l’opportunité de créer un nouveau franchissement de Loire à Ancenis" peut-on lire effectivement sur le site du Département. Mais rien concernant la saturation de Cheviré.
Enfin, côté État, on attend toujours la réponse.
Les usagers du pont de Cheviré vont donc voir se densifier la circulation sur cet axe majeur du périphérique nantais sans pouvoir, pour le moment, espérer une amélioration de la situation. En tout cas pas sous la forme d'un nouveau franchissement.
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