En mai 2017, au niveau de la station de tramway Du Chaffault, quartier Chantenay à Nantes, deux adolescents étaient roués de coups, sans raison, par des sympathisants d'extrême droite. Quatre des cinq suspects étaient jugés depuis lundi par la Cour d'Assises. Le verdict est tombé vendredi 25 mars.
Le soir de l'élection d'Emmanuel Macron, le 7 mai 2017, deux adolescents de 16 et 18 ans rentraient chez eux à vélo. Au niveau de la station de tramway du Chaffault, ils se font violemment agresser par cinq hommes, sympathisants du GUD, un syndicat étudiant d'extrême droite, à coup de pieds et barres de fer. L'une des deux victimes, Erwan David, a gardé des séquelles à vie.
Des peines de prison ferme et du sursis
L'un des cinq agresseurs est décédé au cours de l'instruction en 2020. Sur les quatre autres, deux ont été condamnés à de la prison ferme et reconnus coupables de violences ayant entraîné une infirmité permanente, en réunion, avec arme et préméditation. Joyce Burkart , 32 ans, récidiviste, a écopé de huit ans d’emprisonnement, tandis que François-Mamès Cosseron de Villenoisy, 23 ans, a été sanctionné de six ans de prison. « Mon client assume ce verdict, il s’attendait à une condamnation », a affirmé l’avocat de ce dernier, Me Loïc Cabioch, à l’issue de l’audience.
L'avocat général avait demandé 10 ans de réclusion criminelle mais du coté des parties civiles, les peines prononcées et la qualification de l'agression sont à la hauteur des attentes des victimes. "La cour a très justement remis à sa place ce qu’il s’est passé, approuve Me Loïc Bourgeois, avocat d'une des victimes. Le préjudice est considérable, c’était pas simplement une bagarre de rue, c’était un véritable lynchage ! "
Les deux autres, âgés de 23 et 24 ans, ont écopé de 3 ans de prison avec sursis probatoire et interdiction d'entrer en contact avec les protagonistes de l'affaire.
Le GUD, groupuscule d'extrême droite ultra-violent
Au moment des faits, les accusés étaient des sympathisants du GUD, un syndicat étudiant d'extrême droite, réputé pour sa violence et dont de nombreux membres ont été condamnés par la justice.
Créé à la fin des années 60 par des étudiants de l'université d'Assas à Paris, le syndicat fasciste fait beaucoup parler de lui et compte dans ses rangs et ses soutiens des personnalités politiques. Une influence jusque dans les plus hautes sphères de la société qui perdure au point que, si le GUD est tombé dans l’oubli à mesure que ses rangs se clairsemaient, des jeunes «fafs» s’en réclament encore à l’instar des Zouaves Paris ou du groupuscule Bastion Social, dissout en 2019 par le ministère de l'intérieur.
Outre le procès qui vient de se terminer à Nantes, un autre fait divers vient ramener sous le feu des projecteurs cette organisation mortifère. L'affaire Loïk Le Priol, «gudard» au moins jusque dans les années 2012-2013, vient d’être arrêté suite à l’assassinat de Federico Martin Aramburu, ex-rugbyman argentin, dans les rues de Paris le 22 mars 2022.
De leur côté, les quatre accusés ont déclaré devant la cour d'assises de Nantes avoir coupé les ponts avec toute organisation politique.