Il n'y a pas que les hôpitaux ou les tribunaux qui dénoncent un manque criant de moyens pour assurer leurs missions. D'autres services publics sont en souffrance. Ainsi, l'Université de Nantes a-t-elle dû repousser sa rentrée dans certaines spécialités, par manque d'enseignants, mais pas seulement.
Le service public va mal en France, le manque de moyens, les restrictions budgétaires, les économies imposées par les gouvernements successifs mettent à mal nombre de missions.
L'université de Nantes en est un nouvel exemple. Pas si nouveau que cela en fait.
"Historiquement, l'université de Nantes est très sous-dotée", rappelle Mary David, co-secrétaire du SNESUP-FSU dans cette université.
Cette rentrée 2023 ne renverse pas la vapeur, bien au contraire.
Des départs non remplacés
Chaque année, les composantes de l'université sont invitées par la Présidence à faire leurs demandes en nombre de postes. Sachant qu'il n'y a aucune création. On ne prend en compte que les départs, mutations et départs en retraite. Force est de constater que tous ne sont pas remplacés. Il manque de nombreux enseignants et enseignants-chercheurs dans les amphis nantais.
Conséquence : il n'a pas été possible dans certaines spécialités d'assurer la rentrée à la date prévue.
En langues notamment, la rentrée a été repoussée d'une semaine. L’ensemble des lettres-sciences humaines est touché par cette crise que dénoncent les syndicats.
Des cours théoriques non assurés, idem pour des travaux dirigés ou des travaux pratiques.
5 millions de déficit
Pour tenter de combler les trous, il est fait appel au dernier moment à des enseignants non titulaires, des CDD ou des vacataires (payés à l'heure). Mais ils ne se pressent pas au guichet recrutement. Ce n'est pas assez bien payé.
"La faute ne revient pas à la Présidence (de l'université), explique le SNESUP-FSU, mais à l'État dont les dotations sont insuffisantes."
L'université de Nantes afficherait 5 millions d'euros de déficit selon ce syndicat qui reconnait qu'une rallonge budgétaire de dernière minute avait été accordée en 2022. Mais la rentrée 2023 part à nouveau sur de mauvaises bases.
"Pour 2024, on s'attend aussi à un tel déficit, s'inquiète Mary David. Pour l'année prochaine, 148 postes d'enseignants et d'enseignants-chercheurs seraient nécessaires. 75 ont été autorisés par le Conseil d'Administration. Ça fait plusieurs années que ça dure."
Les personnels non enseignants également sous-dotés
On ne manque pas que d'enseignants. Les "BIATSS" sont également à la peine. Ce sont les personnels administratifs, bibliothécaires, techniques, santé, entretien, tout ceux qui font tourner l'université au quotidien.
Dans cette catégorie de personnels, le turn-over est important et il faut du temps pour former les nouveaux, qui ne pressent pas, là non plus, au portillon.
Les conséquences sont là aussi très concrètes : une surcharge de travail pour les personnels présents et on cite aussi l'exemple de logiciels de travail qui ne sont pas prêts à temps et qui impactent les inscriptions et les emplois du temps des étudiants.
Des retards de paiement des salaires
"À la direction des ressources humaines de l’université, le manque d'agents a pour conséquence des retards importants dans le versement des salaires du mois de septembre à des collègues nouvellement recruté.e.s" indique dans un communiqué l'intersyndicale FSU, CGT, SUD, FO et Sgen qui appelait à la grève pour le vendredi 13 octobre.
En STAPS (filière sport), ce sont les mauvaises rémunérations qui ont fait se mobiliser les enseignants et retarder la rentrée.
Les organisations syndicales ont organisé une assemblée générale le 3 octobre dernier pour évoquer la situation. Une autre est prévue pour le 19 octobre semble-t-il.
Sollicitée, la présidence de l'université nous a fait savoir que l'actualité liée aux mesures de sécurité du plan urgence attentat ne lui permettait pas dans l'immédiat de répondre à nos questions.