Absent de la scène et des réseaux depuis plus de deux ans, Lomepal est en tournée "fantôme". Avant un marathon des Zénith en 2023, le rappeur français a souhaité jouer devant des petites jauges, sans prévenir, sans autre communication que des indices distillés sur les réseaux sociaux …quelques 300 chanceux ont pu le voir à Nantes ce jeudi soir.
Le bruit courait depuis le début de l’après-midi. "Lomepal est en ville !". Pour les initiés ça signifie qu'il va jouer le soir à Nantes, en mode fantôme. Mais où ?
Il a fallu attendre ces storys postées au compte-goutte, des messages sibyllins auxquels seuls les fans ont accès et qu'ils savent décrypter. Excitation maximale chez les 15-25 ans. Ça chauffe sur les réseaux. En quête d’indice. Nantes est vaste et les salles de concerts ne manquent pas.
L'enquête se resserre. Certains se sont vus confirmer l’info de la voix même du chanteur.
Margot, 15 ans, lycéenne en section arts appliqués n’en revient toujours pas. "On était en cours, en train de dessiner sous les Nefs, un groupe de 6-7 personnes est passé à vélo. L’un d’entre eux avait une caméra…et puis Lomepal s’est arrêté devant nous et nous a juste dit : ce soir je joue à Nantes".
"Si on l’a vu près des machines, on s’est dit qu’il allait jouer pas loin…il fait toujours ça !" croit savoir Emma.
Avant son concert au Rex, à Toulouse le chanteur avait en effet posté une photo de lui en train de siroter un café non loin de la salle de concert...
Branle-bas de combat
Un peu avant 15h le tuyau est vérifié. Ça se passera au Ferrailleur. François Montupet qui gère la communication de la salle indique que "Lomepal cherchait un lieu à l’identité un peu rock…on a été tenu au secret jusqu’au dernier moment, c’est fou et c’est génial !".
Anna, 16 ans, a eu la chance de finir ses cours tôt. Elle s’est précipitée au hangar à bananes. Sa copine Héloïse l’a rejoint vers 17 h. Depuis, elles patientent sous les parasols, derrière les barrières qui délimitent une sorte de carré VIP devant l'entrée du Ferrailleur. Un numéro tracé au feutre sur leur main. Trop heureuses de faire partie des happy few qui ont la certitude de voir leur idole. Et peu importe la longue attente "Si on est là c’est parce qu’on est fans…ça nous fait plaisir. Ce matin quand je me suis réveillée je ne savais pas que je verrais Lomepal en concert ce soir, c’est juste incroyable" s'étonne encore Héloïse.
Elles, n’ont pas séché.
Mais juste à côté, trois étudiants n’ont pas hésité à zapper leur cours. "On est partis à la pause. Je le suis depuis des années raconte Issam, j’ai déjà un billet pour sa tournée, en mars…j’adore ! j’adore ses textes, il casse les codes du rap. Ses paroles sont très recherchées, ça a du sens". "Il écrit trop bien renchérit Rayane, avec une même phrase il peut dire trois choses en même temps...et puis sa voix, ses arrangements, tout est bien".
"Ce n’est pas commun sa façon de communiquer ajoute Zélie, ça pousse à le suivre, c’est différent de tous les rappeurs qui postent leurs vie sur les réseaux".
Premiers informés, premiers arrivés, premiers servis
Ce jeudi soir seuls 300 jeunes pourront assister au concert.
Aaron en sera. Un soulagement pour ce jeune homme de 17 ans, en bac pro logistique. "Ce soir l’entrée est à 15 euros contre 40 pour une place normale. C’est rien ! En plus, je n’ai pas pu avoir de place pour le concert du 30 mars…Lomepal a ajouté une deuxième date le 28 février mais là pareil c’est vite parti…ce matin j’ai encore cherché sur le bon coin, mais les billets sont trop chers… 88 euros, c’est abuser ! Là, ça permet à ceux qui ne peuvent pas se payer le Zénith d'y aller !".
Une communication qui pousse les fans à être acteurs d’un jeu de piste orchestré sur les réseaux sociaux, des petits prix, pas étonnant que la file d’attente ne cesse de grossir…à une heure du concert, ils sont environ 600 à espérer.
19h 30 : les jeux sont faits.
En queue de peloton, ils le savent, ils ne pourront pas entrer. Mines déconfites. Des "chuis dégouté" fusent. Mais "c’est pas grave" tempère Alexis "ça ne nous contraint pas, même si on a attendu deux heures pour rien, le fait juste d’y croire c’était sympa…ça valait le coup, on n'a rien perdu".
"De toutes façons on ne peut pas lui en vouloir conclue Aaron, vu qu’il fait une tournée. Là c’est que du plus. Il aurait pu ne pas le faire !"
Du concert, on saura juste qu’il était "incroyable"...mais qui en doutait.
Après avoir déjà joué, en une dizaine de jours, à Lyon, Toulouse, Genève, Roubaix et Bordeaux, il se murmure que le chanteur fantôme pourrait rester un soir de plus dans le grand ouest. On dit ça, on dit rien !