Le secrétaire national de la CFDT, Laurent Berger, était de retour dans sa région natale lors de l'assemblée régionale de son syndicat à la Chapelle-sur-Erdre, près de Nantes. L'occasion de revenir sur son parcours de militant, sa vision d'avenir de la société et du militantisme dans les Pays de la Loire.
C'était un au-revoir haut en couleur... orange forcément. Laurent Berger, le secrétaire national de la CFDT quittera ses fonctions le 21 juin. Il est en tournée des unions régionales et, ce jeudi 1er juin, il était attendu à la Chapelle-sur-Erdre.
Un retour dans les Pays de la Loire lourd de sens pour ce militant de 54 ans né à Guérande,
"Ici, c'est mon terreau, c'est là où j'ai commencé à militer syndicalement. Il y a forcément un peu d'émotion, de tristesse et de sérénité aussi, car la CFDT est en forme dans les Pays de la Loire."
Le militantisme, une vocation
Laurent Berger a un lien d'autant plus fort avec les Pays de la Loire, que c'est là que sa carrière de militant a débuté.
Il a étudié l'histoire à l'université de Nantes. Il y a également côtoyé la Jeunesse ouvrière chrétienne, association catholique de jeunes issus du milieu ouvrier.
Il a par ailleurs travaillé à Saint-Nazaire dans une association d'insertion et d'aide au retour à l'emploi où il a créé une section syndicale CFDT.
Voyez l'interview réalisée par Virginie Charbonneau.
Son père était ouvrier des Chantiers de l'Atlantique
Saint-Nazaire est aussi la ville où ses parents ont vécu. Son père était ouvrier des Chantiers de l'Atlantique.
En 1996, Laurent Berger devient permanent à l’union locale CFDT de Saint-Nazaire. Il travaille sur les problématiques d’emploi et sur la place des jeunes dans la confédération.
En 2003, il est élu secrétaire général de l’union régionale CFDT des Pays de la Loire et intègre le Bureau national de la CFDT.
C'est en 2012 qu'il est élu secrétaire général de la CFDT, après la démission de son prédécesseur François Chérèque.
L'Ouest, terreau militant
Il y a un terreau militant dans l'Ouest, c'est un terreau d'éducation populaire.
Laurent BergerSecrétaire national de la CFDT
"J'ai vu durant mon parcours de presque 15 ans qu'ici même, dans la conflictualité, il y a de la place pour le dialogue et la confrontation des points de vue", se livre le syndicaliste.
Pour lui, l'évolution de la CFDT est conforme à l'évolution de la société. Ce que confirme Danielle Thouin, coordinatrice formation syndicale à la CFDT Pays de la Loire, proche du secrétaire national.
"Le militantisme ne se vit plus pareil. Il y a plus de mixité, une articulation nouvelle entre vie personnelle et vie syndicale. Pas de réunion trop tardive, par exemple. L'évolution numérique change aussi la donne dans notre façon d'exercer, d'informer, de communiquer."
"Pour moi, ajoute-t-elle, Laurent a continué la façon dont il faisait vivre le mouvement dans les Pays de la Loire : priorité à la défense des plus faibles, défense du travail et de l'insertion dans le travail. C'est quelqu'un qui emmène facilement une équipe derrière lui, qui sait dynamiser une équipe, et sait donner l'envie de militer et de s'investir."
La réforme des retraites, son dernier combat
Lors de l'assemblée régionale à la Chapelle-sur-Erdre, Laurent Berger est revenu sur le combat de son syndicat et sa mobilisation contre la réforme des retraites du gouvernement. Non sans ironie :
"Le dernier argument du gouvernement, c'est de dire : c'est une France de feignants qui ne veut pas bosser. Le dire à ceux qui sont le plus impactés par cette réforme et qui ont été les plus mobilisés, c'est quand même très fort..."
"Pour moi, ce mouvement sur la réforme des retraites, c'est une question de dignité. C'est dire au gouvernement : vous ne pouvez pas nous marcher sur la gueule sans qu'on réagisse".
Une vision de la société
Durant les échanges avec ses camarades ligériens, Laurent Berger a tenu à faire passer quelques messages. Avec le besoin de mobiliser ses troupes, toujours. "Est-ce que la situation des travailleurs et le monde du travail sont meilleurs qu'il y a 10 ans ? Est-ce que le monde est plus sécurisé qu'il y a 10 ans ? J'imagine toujours, si on n'avait pas été là, qu'est-ce qui se serait passé ? C'est ça être militant !"'
Le syndicaliste a également rappelé, à l'aide d'exemples concrets, l'importance du syndicalisme dans une vie. Un de ses chevaux de bataille : l'Europe. "Ce dont je suis fier, c'est d'avoir réussi durant mon mandat à faire instaurer un salaire minimum en Europe. Les travailleurs français s'en foutent mais c'est un progrès énorme. L'Europe, c'est un combat. Raison de plus pour s'investir".
Il a aussi livré sa vision d'avenir de la société. Comme celle-ci par exemple: "Je pense que ce qui va nous arriver en termes de transition écologique, et d'impact du numérique va nécessiter un droit à la reconversion gratuit, pris en charge pour les travailleurs, au risque d'en voir de nombreux perdre leur travail".
La CFDT, et après ?
À 54 ans, le Guérandais quitte ses fonctions à la tête du syndicat. Le bon moment, selon lui, pour ne pas pousser trop loin l'incarnation ou la personnification du syndicat. Le début d'une nouvelle vie, mais pas d'une nouvelle carrière militante, encore moins d'une carrière politique
"Je vais rester militant, essayer de trouver un travail comme beaucoup de gens, mais je ne ferai pas de politique, je n'en ai aucune envie", achève-t-il.
Le 21 juin prochain, lors de l'élection du bureau national de la CFDT, Laurent Berger a proposé Marylise Léon, l'actuelle secrétaire adjointe, pour lui succéder.