On les dit, désabusées, désintéressées, abstentionnistes. Certaines jeunes font pourtant de leur premier vote une responsabilité, même si l'enjeu des élections législatives reste plus flou pour elles que celui de la présidentielle.
Elle a eu 18 ans le 30 mai dernier. Le bel âge, celui de la maturité. A quelques jours près, elle n'a pas pu élire le chef de l'Etat. "Je ne dis pas que les législatives c'est nul, c'est important aussi. Beaucoup de mes amis ont voté pour la présidentielle, c'était la première fois. J'aurais aimé commencer par cette élection là. Je le ferai d'en 5 ans, tant pis!"
"Voter, c'est entrer dans le monde des grands"
"Ça me fait plaisir de voter, c'est entrer dans le monde des grands. Mais ça me fait un peu peur aussi." Elle trouve que le temps est passé drôlement vite : "avant je regardais ça de loin. Et là maintenant j'y suis, je vais donner mon avis".
Lili a cette très agréable sensation qu'elle va désormais pouvoir s'immiscer dans le monde des adultes, que sa parole sera écoutée, prise au sérieux. "C'est le premier pas vers une autre vie". La lycéenne prend son devoir de citoyenne très au sérieux.
La politique ? Elle essaye de s'y intéresser ,"même si elle ne comprend pas tout."
Le rôle du président de la République évidemment je le connais. Après tout ce qui se passe derrière, ça reste un peu flou. Alors j'apprends petit à petit. Là, ça y est je maîtrise les législatives
Lili JallaisLycéenne
Il y a peu de temps encore, le mot "député" ne lui évoquait rien. D'autant qu'elle estime que les élus ne font que peu de cas des jeunes de son âge. "Ils écoutent peut-être la tranche des 20-30 ans. Nous les tous petits, les bébés jeunes, les lycéens nous sommes totalement oubliés. Je n'ai pas l'impression que nous soyons écoutés. Je n'ai rien vu dans les programmes nous concernant, notamment en matière d'éducation."
"Tout a été compliqué ces deux dernières années"
La jeune majeure a soif de simplicité et d'un retour a plus de sérénité. "Tout a été compliqué ces dernières années. J'ai grandi avec le Covid, maintenant il y a la guerre en Ukraine". Quand elle parle d'avenir, de son avenir, elle voudrait juste "de l'apaisement".
Pour ne pas trop se prendre la tête Lili évite de penser "à l'après".
J'évite de me poser et de penser à demain. L'urgence est là, il faut que les choses changent, mais rien ne se passe. En fait c'est assez terrorisant
Lili JallaisLycéenne
Lili s'accroche à ce qui lui reste d'insouciance : "Je ne suis ni triste ni flippée, mais j'avoue qu'à mon âge je n'arrive à pas imaginer ce que va être ma vie et jusqu'où la situation peut encore s'aggraver et l'ampleur de ce qu'il va falloir réaliser pour que le monde aille mieux". Elle attend une vraie prise de conscience mais ne voit rien venir.
"L'écologie ce n'est pas leur priorité. Les politiques en parlent pour se faire élire deux trois secondes et basta ! En réalité ce n'est pas absolument pas leur priorité. C'est la mienne!"
La lycéenne se souvient de toutes les manifs auxquelles elle a participé notamment, celle de mars 2019 qui avait réuni 10 000 personnes à Nantes. "A l'époque, je croyais que ça allait servir à quelque chose et que l'on allait être entendus. Résultat ? Rien !"
Elle a longuement réfléchi, pris le temps de mûrir sa réflexion. "Oui je sais pour qui je vais voter. Il est vrai que j'ai été influencée par mes parents et mes amis. En fait je crois que j'ai peur de faire un choix toute seule. Alors j'en parle autour de moi avec mes proches pour ne pas faire de bêtises, parce qu'en vrai, ça me stresse un peu d'aller voter."
Lili ira voter avec un des ses parents. "Il faut que j'y aille avec quelqu'un de ma famille. Sinon je vais paniquer avec les enveloppes. Faut pas j'y aille toute seule !"
"Pas simple de faire un choix pour la première fois"
Danaë, elle, a voté pour la présidentielle. Elle est en terminale au lycée des Bourdonnières à Nantes. Elle eu 18 ans, le 14 février. "C'était très important. On a l'impression de devenir adulte". Je trouve que l'on devrait aborder plus la question politique à l'école. On se retrouve face à 12 candidats et j'avoue que ce n'est pas simple de faire un choix pour la première fois."
Elle a bien essayé d' éplucher les programme mais elle ne sentait pas armée pour tout intégrer. Son choix s'est porté sur Yannick Jadot : "Je n'avais aucune certitude mais en revanche hors de question de se porter sur les extrêmes. Ça au moins c'était clair et net !"
Au final, le vote en faveur du candidat écologiste lui a semblé le plus pertinent :"vu ce qui se passe en ce moment. On en parle en cours de géopolitique. Et avec le dernier rapport du GIEC, on sait les urgences : elles sont climatiques avant tout."
Très peu de candidat se préoccupent de l'avenir de la planète, c'est inquiétant !
DanaëLycéenne
Pour se déterminer, la primo votante n'a eu besoin de personne, "ni de ses parents, ni de ses amis".
Elle se déplacera pour les législatives. " C'est mon devoir de citoyenne mais j'avoue ne pas m 'être du tout renseignée et ne pas comprendre à quoi sert précisément un député."
Entre ce qu'ils disent et ce qu'ils font c'est différent
"Pour la présidentielle, j'ai eu le sentiment que les candidats s'intéressaient à la jeunesse. J'ai eu l'impression qu'avec le Covid, nous avons été plus mis en avant."
Des politiques elle attend de la clarté, qu'ils "relèvent la France qui va mal". "
Je suis inquiète pour l'avenir. Notamment pour la prochaine génération. Je m'interroge par exemple sur le fait de faire ou non des enfants. Quel sera leur monde ?
DanaëLycéenne
Emmanuel Macron, ce n'est pas sa tasse de thé : "un business man totalement hors-sol qui vit dans sa bulle parisienne, aveugle à la précarité qui ne cesse d'augmenter. Avant je ne me préoccupais pas du mouvement des gilets jaunes. Aujourd'hui je passe mon permis de conduire et vu le prix de l'essence je comprends mieux".
Son avenir, la future bachelière l'envisage "dans le commerce ou la communication évènementielle. Tout ce qui touche au relationnel". Elle sera dans l'isoloir dimanche avec "sans doute avec un peu moins d'assurance que pour la présidentielle."