Les militaires de "Sentinelle" : on a suivi une patrouille dans Nantes

Depuis 2015, on désigne cette mission de l'Armée sous le nom de "Sentinelle" mais les Français avaient déjà l'habitude de croiser des patrouilles de militaires en arme depuis l'instauration du plan Vigipirate. A Nantes, comme dans les autres grandes villes, des militaires viennent de toutes les régions pour des missions de deux mois en moyenne.

Ils sont huit ce vendredi matin à quitter à pied leur lieu temporaire de casernement, quartier Richemont, à Nantes. 

Armés de leurs fusils d'assaut FAMAS et en plus, de pistolets Glock pour leurs chefs de groupe, ces militaires vont effectuer une patrouille de plusieurs kilomètres dans le centre-ville. Parfois, c'est en véhicule. C'est ce qu'on appelle une présence "dynamique". 

"On est visibles pour rassurer la population" explique la lieutenant Noé, cheffe de la section actuellement en mission à Nantes.

Ce sont des missions de deux mois, en général, qui amènent ces militaires de différents régiments français à quitter leur base pour aller dans diverses villes du territoire assurer ces missions Sentinelle.

En ce moment, à Nantes, ce sont des effectifs d'un régiment du train venus de l'est de la France.

Le parcours qu'ils empruntent change chaque jour. Il est fait de points stratégiques définis par le Préfet de Loire-Atlantique, des rues commerçantes, des lieux de culte, des établissements scolaires, des bâtiments publics... Le chef du groupe précise ensuite sur le terrain le chemin que la patrouille suivra pour passer par ces points sensibles.

"Il se passe quelque chose ?"

Même si la population a pris l'habitude de voir ces militaires en ville, il demeure un sentiment anxiogène lorsqu'on croise, remontant de part et d'autre de la rue, ces hommes et ces femmes armés.

"Il se passe quelque chose ?" demande, surprise, une passante. 

Pour d'autres, cette rencontre est, au contraire, rassurante. "Bravo !" dit une commerçante qui est sortie de son établissement pour saluer la patrouille.

"Ça se passe bien avec les gens", confirme le chef du groupe avant de donner d'un signe de la main, la direction à suivre.

Jusqu'à 10 000 militaires mobilisables

L'opération Sentinelle, c'est une force de 7000 militaires, presque exclusivement de l'Armée de Terre, qui est potentiellement affectée à ces missions de sécurisation et de lutte contre le terrorisme sur le territoire national. Des "OPINT" opérations intérieures, dans le jargon militaire, par opposition aux "OPEX", opérations extérieures, lors desquelles l'armée française est projetée à l'étranger. 

À ces 7000 hommes et femmes, peut être ajouté un renfort de 3000 militaires supplémentaires déployables sous 24h.

Le lieu de la mission peut aussi changer lors d'un mandat. La section actuellement à Nantes a ainsi été sollicitée aux Sables d'Olonne et au Puy du Fou.

Réparti d'un côté et de l'autre de la rue Joffre, le groupe chemine d'un pas lent vers le centre-ville. Pas question d'accélérer, au risque de passer à côté de quelque chose de suspect, un colis abandonné, un comportement hostile. A quelques pas les uns des autres. "Toujours à portée de vue et à portée de voix" précise la lieutenant Noé, comme sur les autres théâtres d'opération.

Une formation spécifique

Lorsqu'ils sont envoyés sur ces missions Sentinelle, les militaires suivent une formation spécifique, pour mieux "switcher" d'un contexte à l'autre.

"Ce qu'on fait dans un régiment, ça a vocation à s'appliquer sur un théâtre de guerre, confirme la lieutenant Noé. . Ici, les règles d'engagement ne sont pas les mêmes qu'en OPEX." 

La formation qu'ils reçoivent prévoit des exercices sur des scénarios d'incidents sur la voie publique comme ils peuvent en rencontrer parfois. Une formation aux premiers secours également, différents des secours à appliquer sur un théâtre de guerre.

La mission de "Sentinelle" est liée à la lutte antiterroriste, pas à la sécurité publique. S'ils sont témoins d'une agression, les militaires agiront bien sûr, en tant que primo-intervenants, comme tout citoyen peut être amené à le faire, mais ils devront en rendre compte aux forces de sécurité intérieures, police ou gendarmerie, selon la zone de compétence.

Dans le cadre de "prêt de main forte", les militaires de Sentinelle peuvent également être sollicités pour renforcer les forces de police, comme cela a pu être le cas lors de l'agression d'une policière municipale à La Chapelle-sur-Erdre en 2021. Les militaires avaient participé au bouclage de la zone.

La synagogue de Nantes surveillée

Après le Cours Saint-André, le groupe longe la préfecture et oblique vers la rue Paul Bellamy. Un passage sera fait devant le lycée Saint-Stanislas.

Depuis le mois d'octobre et les événements dramatiques en Israël et dans la bande de Gaza, la synagogue de Nantes est également un lieu sensible sur lequel les "Sentinelles" gardent un œil. Une patrouille peut ainsi faire une dizaine de kilomètres.

"Après chaque mission, on fait un retour d'expérience" précise la cheffe de section.

Petite récompense, ces militaires pour lesquelles ces missions ont été ajoutées aux opérations extérieures, ont droit à une distinction, "la médaille TN" comme territoire national, histoire de valoriser ce travail qui les oblige à être loin de chez eux.

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