À l'appel d'un intercollectif LGBTQIA+ du Grand Ouest, la communauté LGBTQIA+ défilait ce dimanche 26 mai dans les rues de Nantes pour le respect des droits des personnes transgenres et pour dénoncer un projet de loi LR sur la transidentité des mineurs.
Sous les nuages nantais, toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. À l'appel d'un intercollectif LGBTQIA+du Grand Ouest, la communauté LGBTQIA+ s'est rassemblée pour défendre ses droits.
Environ 1 000 personnes avaient déjà manifesté le dimanche 5 mai dernier, contre la transphobie. Ils répondaient à un appel national pour dénoncer un climat hostile aux personnes transgenres "en sécurité dans la rue, et victimes de stigmatisation dans les médias ou encore la sphère politique."
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Ce dimanche 26 mai, ils sont un peu moins nombreux, quelques centaines, mais pas moins, mais pas moins déterminés. Ils rejettent en bloc la proposition de loi déposée le 11 avril dernier par une sénatrice du parti Les Républicains et qui a jeté un peu d'huile sur le feu. Le texte vise à empêcher tout changement de genre physiologique avant la majorité. Notamment, en interdisant l’accès aux bloqueurs de pubertés et aux traitements hormonaux aux mineurs.
"Cette mobilisation aujourd'hui, elle est dans la continuité du premier rassemblement. C'est une manifestation en réaction, en opposition à la proposition de projet de loi portée par des sénateurs. Elle va passer en première lecture le 28 mai. Son but, c'est d'interdire les transitions pour les mineurs et potentiellement élargir sur des jeunes majeurs autour de 25 ans", explique Basile Roger, coprésident de Nosig.
Nos droits ne sont pas négociables. C'est un recul de nos droits, alors qu'en l'état, nos droits sont insuffisants.
Basile RogerCoprésident du centre LGBTQIA+ Nosig
"Il y a un taux de suicide plus important que la moyenne chez les jeunes trans et on pense que si l'Etat et le gouvernement continuent de cautionner ces propos et textes transphobes, même si l'intention initiale est de protéger les jeunes trans, au contraire on les condamne.
À essayer de faire comprendre aux jeunes trans que ce n'est pas normal d'être trans et de leur interdire d'être comme ils sont, on les pousse au suicide.
Basile RogerCoprésident du centre LGBTQIA+ Nosig
"Il faut écouter la parole des personnes concernées, les jeunes trans, les parents pour élaborer un tel projet de loi. La proposition n'est basée sur aucun fondement scientifique, la transidentité n'est plus reconnue comme un trouble psychiatrique", rappelle Basile Roger
On a vraiment l'impression de reculer, de retourner à l'époque des débats autour du mariage pour tous.
Basile RogerCo-président du centre LGBTQIA+Nosig
Ce projet de loi est inhumain
Avant que le cortège ne s'élance, des témoignages ont été lus comme celui de Monique, maman d'une personne transgenre. "La possibilité et la force qu'a eu notre enfant d'affirmer son identité de genre à 15 ans lui a permis de se construire en tant qu'homme, sans avoir à jouer un rôle dans la société."
Nous l'avons vu revivre après son coming out alors que pendant de sombres années, nous avons cru le perdre. Interdire aux ados d'affirmer leur identité entraine un risque majeur pour leur santé mentale
Maman d'Aëlio
"Dans un État de droit, ce projet de loi est inhumain. Une société dite évoluée se doit de protéger et d'accompagner chaque citoyen", ajoute cette autre mère.
"Il nous a fallu déconstruire nos propres représentations du genre pour comprendre. L'inquiétude de la place qui lui serait accordée dans ce monde binaire en dehors des cases majoritaires et dominantes est toujours présente, mais diminuée par le mieux être que nous avons trouvé chez notre enfant libre d'exprimer sa singularité", raconte cette autre mère.
"Dans un État de droit, ce projet de loi est inhumain. Une société dite évoluée se doit de protéger et d'accompagner chaque citoyen", conclut-elle.
Les violences en hausse de 13 % en 2023
Guet-apens, attaques en ligne, agressions et insultes, violences, le ministère de l'Intérieur enregistre une hausse de 13 % des infractions anti-LGBT+ en 2023. Des chiffres qui confirment, aux yeux des associations, un climat "extrêmement préoccupant" en France. Et la cité des ducs a beau être une ville gay friendly, elle n'échappe pas à la règle.
Régulièrement, les marches peintes du centre-ville sont dégradées et les locaux associatifs vandalisés, parfois même certains groupuscules d'extrême droite vont jusqu'à proférer des menaces de mort. Pas plus tard que l'an passé, à la veille de la Pride, l'emblématique rue Joffre avaient été repeinte de slogans haineux et particulièrement menaçants. "Pédophiles, Mort aux LGBT", les messages laissés sur le bitume cette nuit-là, était signés d'une fleur de lys.
Le samedi 8 juin prochain, la Marche des Fiertés de Nantes commencera à 11 h avec l'ouverture du village associatif Cours Saint-André. Il accueillera de nombreuses associations et syndicats locaux et nationaux, un stand de la Mairie de Nantes pour répondre aux questions concernant les changements d’états civils, un stand librairie avec des auteur.ices en dédicace et un stand maquillage/dégenrage.
Mais avant cela, un rassemblement en soutien au bar nantais le petit "Petit marais" doit se tenir le 30 mai prochain. L'établissement LGBT avait organisé ce jour-là une soirée animée par des drag queens dont une déguisée en bonne sœur. "Les gérants ont été obligés d'annuler après avoir été harcelés et reçus des menaces de mort venant de catholiques intégristes", se désole le coprésident de Nosig.