C'est la maison du futur qui se construit en ce moment à Nantes : une maison destinée à l'habitat social mais fabriquée avec une grosse imprimante 3D, un robot à taille réelle fruit de l'imagination de chercheurs nantais de l'IUT en science et génie des matériaux.
Sous la tente se cache un chantier futuriste. Sauf qu'il est bel et bien réel. Ici à Nantes, ce n'est pas une maquette que l'on imprime en 3 dimensions. Mais une maison de 96 m² qui sera habitée par une famille. Pour la construire, des maçons d'un autre genre, des chercheurs bardés de diplômes, très calés en génie des matériaux et en robotique. C'est eux qui ont imaginé cette méthode révolutionnaire.
"On amène le robot sur la maison" explique Benoit Furet, professeur à l'IUT de Nantes et responsable de la recherche. " On travaille nos matériaux bruts. Le polymère isolant arrive sous forme de bidon. Le béton arrive avec une toupie. Et nous, on travaille ces deux matériaux liquides pour les transformer sur place."
Un défi et des adaptations permanentes
Ce projet fou est né il y a un an à l'IUT de Nantes. Il a permis de déposer de nombreux brevets. En un temps record, il a fallu monter une équipe compétente, concevoir un robot mobile et suffisament précis pour couler le béton à l'endroit voulu. Du grand art, des heures à phosphorer et beaucoup d'adaptation pour répondre aux besoins du bâtiment." Au début, on imaginait une impression où rien ne nous gênait, raconte Sébastien Garnier, maître de conférence à l'IUT de Nantes et roboticien émérite. " Et d'un seul coup, on nous a dit, on va mettre des feraillages. Et puis après on nous a dit, il faut mettre des cadres de portes. Nous on avait pensé les imprimer, donc il a fallu évoluerau fur et à mesure du projet, monter les différentes combinaisons de robots, décider de la stratégie pour fabriquer la maison, en tenant compte de tous ces éléments qui venaient perturber."
Bientôt des nouveaux matériaux
Un des nombreux défis à relever a consisté à élaborer des matériaux solides et à réussir leur alliance. Des procédés qui tous ont été certifiés par le CSTB, le centre scientifique et technique du bâtiment."Ce qu'on cherchait à tester, c'était la liaison entre notre polymère et le béton." poursuit Benoit Furet. "Quand la maison va être sollicitée par le vent, une catastrophe ou un tremblement de terre, il fallait vérifier que tout résisterait à ces sollicitations. On a donc mesuré ces efforts de traction avec des appareils très précis."
Et voilà à quoi ressemblera la maison une fois terminée. Un espace confortable et lumineux, bien isolé et sans pont thermique notamment grâce aux murs arrondis. La forme en Y a permis de conserver les arbres déjà plantés sur la parcelle. L'ensemble se fond harmonieusement avec les grands immeubles. Le projet n'est pas encore achevé que déjà les ingénieux chercheurs de l'IUT de Nantes travaillent sur d'autres développements possibles."On a commencé à faires nos premiers essais avec de la terre crue, de la chaux et de la fibre de miscanthus", indique Benoit Furet . "Ca ressemble à du pisé ou de la bauge. Avec ces matériaux bio sourcés, on pourrait écrouler la maison et faire repousser des pommes de terre sur le terrain. donc l'impact des constructions sur l'environnement sera différent. c'est l'avenir".
Dans les métiers du bâtiment, c'est une petite révolution qui est en marche. La robotisation va bousculer les habitudes et Nantes n'est pas en retard sur ce progrès.