Portée par l’association Cent pour un, une maison pour aider des femmes à sortir de la rue a ouvert en juillet, au sud de Nantes. Deux femmes, Georgette et Maimouna, y sont actuellement hébergées.
C'est un pavillon semblable à beaucoup d'autres dans le quartier des Bourdonnières, à Nantes. Un petit jardin, quatre chambres, une cuisine fonctionnelle… Une normalité pour des habitantes au parcours pourtant éprouvant.
Georgette et Maimouna sont colocataires depuis cinq mois. L'une vient du Cameroun, l'autre de Guinée Conakry. Les deux ont vécu à la rue pendant de longs mois, voire plusieurs années.
Pour elles, cette maison est un soulagement. "C'est notre palace, notre havre de paix", soutient Georgette, en présentant la cuisine de sa nouvelle maison. Elle ajoute d'un ton réjoui : "Jamais, je n'aurais imaginé pouvoir bénéficier d'un tel logement."
Se tourner vers l'avenir
Âgée de 40 ans, Georgette est arrivée France en 2023 pour fuir des conditions de vie difficiles dans son pays. Une période sur laquelle elle ne souhaite pas s'attarder. "En parler me rend triste", confie-t-elle. Les mains croisées, elle assure avoir l'esprit désormais tourné vers l'avenir.
"Quand je vivais à la rue, je n'arrivais pas à réfléchir. Je ne pensais qu'à trouver un endroit où dormir la nuit", appuie-t-elle. Pendant au moins un et demi, la quadragénaire a vécu dehors, seule, dans les rues de Nantes.
Elle raconte ainsi avoir erré, chaque jour, d'un arrêt de tram à l'autre, en allant parfois à la gare, pour trouver de quoi s'abriter. "Et parfois, j'appelais le 115 et avec un peu de chance, on me trouvait un hébergement d'urgence pour quelques nuits", relate-t-elle. Mais jamais de solution pérenne.
On m'a tendu la main, c'est donc à mon tour de le faire
Gorgette
Mais depuis juillet, Georgette se sent apaisée : "grâce à cette maison, mon avenir n'est plus incertain. Avoir un toit sur la tête me permet d'avancer". Depuis son emménagement, elle envisage de suivre des formations dans le domaine de la santé.
Pourquoi pas devenir auxiliaire de vie ou bien aide à la personne... "On m'a tendu la main, c'est donc à mon tour de le faire", lance-t-elle. Pour le moment, les journées de Georgette sont rythmées par ses engagements en tant que bénévole au sein de plusieurs structures nantaises.
Pour mener à bien leurs démarches administratives, les deux femmes sont épaulées par les bénévoles de Cent pour un. "On leur donne un petit coup de pouce. C'est souvent très compliqué de faire des demandes de titres de séjour, de comprendre comment se passent les rendez-vous avec les associations, les assistantes sociales", souligne Catherine, bénévole depuis la création de l'association en mai 2020.
Au moins 40 % des sans-abri sont des femmes
En France, 3 000 femmes dorment dehors en moyenne, chaque nuit. Elles représentent ainsi au moins 40 % des personnes sans abri sur le territoire national. "Être une femme à la rue, je ne le conseille pas", fixe Georgette.
Maimouna, sa désormais colocataire, approuve d'un signe de la tête. "Quand on est une femme sans-abri, on est une proie. Des gens viennent parfois nous aider, mais ils attendent souvent des choses en retour… Et ce sont des choses invivables", précise-t-elle.
C'est dans l'espoir de protéger ces femmes à la rue que l'association Cent pour un a ouvert cette maison d'accueil. "Leur vie dehors est un drame, assure Thierry Saunier, le président. Quand ces personnes sont hébergées, elles peuvent enfin se reposer, se refaire une santé, puis envisager leur avenir, c'est primordial d'avoir des conditions de vie dignes."
Dans une dizaine de jours, on va se regrouper pour choisir quelles seront les autres femmes à s'installer dans cette nouvelle maison
Thierry Saunierprésident de l'association Cent pour un
La maison dans laquelle vivent Georgette et Maimouna a été préemptée et mise à disposition par la Ville de Nantes. Le principe de ce système est simple : elles s'y installent le temps de retrouver une stabilité et un logement pérenne ensuite.
Il existe en tout sept maisons de ce type à Nantes et dans son agglomération. Cela permet ainsi d'accueillir 31 personnes, en ce moment. "Dans une dizaine de jours, on va se regrouper pour choisir quelles seront les autres femmes à s'installer dans cette nouvelle maison", ajoute Thierry Saunier.
Deux places sont effectivement encore disponibles dans ce logement. Mais la demande ne faiblit pas : rien que pour le mois de novembre, Cent pour un a reçu des dizaines de demandes d'associations pour héberger des personnes sans domicile.
Retrouvez le reportage de Fabienne Even et Cathy Colin (montage : Nicolas Guilbaud)
![](https://assets.webservices.francetelevisions.fr/v1/assets/images/cd/61/8e/7cadd100-5550-4e19-9375-4fabf6dcfa19.jpg)
Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv