Les Pays de la Loire n'échappent pas à l'invasion de moustiques tigres. 200 pièges ont été posés en concertation avec l'agence régionale de santé pour éviter le développement et la prolifération des larves.
Seau, bidon d'eau, et larvicide... Voilà les instruments de travail de Théo Pineau, entomologiste ou spécialiste des insectes chez Inovalys, laboratoire en charge de la surveillance de la prolifération du moustique dans la région Pays de la Loire.
200 pièges dans la région
De mi-avril à mi novembre, période durant laquelle le moustique tigre est actif, chaque mois, il relève les pièges qui ont été mis en place dans des endroits stratégiques. "Il s'agit d'endroits à forte densité de population, des grandes unités urbaines telles Nantes, Angers, Le Mans. Cela peut aussi être autour des marchés d'intérêt national là où les marchandises transitent, au niveau des gares et des aéroports, ou près des sites sensibles comme les centres hospitaliers", précise le spécialiste.
Ces pièges lui permettent de localiser chaque mois là où se logent la majorité des moustiques tigres.
Ils sont constitués d'un seau d'eau, recouvert d'un filet pour ne laisser entrer que les moustiques. Dans ce contenant, on verse un larvicide -pour empêcher le développement des larves dans l'eau et sur les bords du seau- et un morceau de polystyrène qui flotte et ainsi piège les oeufs pondus dessus.
200 de ces pièges ont été posés à travers la région. "Entre chaleur et pluies, cette année a été propice au moustique tigre. On a trouvé plus de pièges réactifs et plus de ligériens nous ont alerté sur la présence de l'insecte", explique Théo.
13 communes infestées
D'après le laboratoire Inovalys et l'agence régionale de santé, qui travaillent en collaboration, le moustique tigre est arrivé en 2015 dans la région. "A l'époque, on l'a découvert sur une aire d'autoroute de Vendée", précise l'entomologiste. "Aujourd'hui, 11 communes ligériennes ont déjà été colonisées. Deux nouvelles communes viennent d' intégrer la liste : Orvault et Les Garennes-sur-Loire".
Parmi ces 11 communes figurent en Loire-Atlantique : Nantes, Rezé, Saint-Sébastien-sur-Loire, Bouguenais et Le Pellerin. Dans le Maine-et-Loire, sont concernées Trélazé, Bellevigne-les-Châteaux. En Mayenne, Château-Gontier. Enfin en Vendée, Fontenay-le-Comte et Sainte-Hermine font partie de la liste.
Voir la carte de présence du moustique tigre en France ici.
Lutter contre les eaux stagnantes
Le moustique tigre est un tout petit moustique, pas plus grand qu'une pièce de 20 centimes d'euros. Ses bandes noires et blanc argent le caractérisent, d'où le nom de moustique "tigre". "Il possède une bande blanche sur le thorax, et des pattes arrière striées noir et blanc", explique Théo Pineau.
"Un moustique tigre peut pondre entre 75 et 200 oeufs tous les 4 jours. Et ses oeufs deviennent moustiques en seulement une semaine.
ll va pondre dans les milieux urbains, là où il y a des quantités d'eaux stagnantes type seaux, réservoirs d'eaux pluviales, gouttières bouchées, soucoupes de pot de fleurs."
Pour lutter contre le moustique tigre et sa prolifération, il faut supprimer ou assécher toutes les eaux stagnantes du quotidien.
Théo PineauSpécialiste des insectes
Moustique tigre et maladies
Le moustique tigre est dangereux car il est un vecteur des virus responsables des maladies de la dengue, du chikungunya et du Zika, des maladies tropicales en majorité. Il devient porteur du virus dès qu'il pique une personne déjà atteinte de cette maladie.
D'où une surveillance accrue des hôpitaux et des pièges installés à proximité de ceux-ci."Nous relevons les pièges tous les 15 jours à l'aéroport et aux enceintes des hôpitaux, là où peuvent transiter ou être en soins des personnes déjà atteintes par ces maladies", conclut le spécialiste.
Gwénaëlle Hivert, reponsable du pôle prévention Santé Environnement à l'agence régionale de santé des Pays de la Loire précise : "On souhaite que tout citoyen soit au courant des dangers potentiels du moustique tigre, mais pas de panique pour autant. Dans la région, le moustique tigre n'a jusqu'ici pas engendré de cas de dengue, de chikungunya ni de Zika".
Toute personne qui constate la présence d'un moustique tigre près de chez lui peut prendre une photo et faire un signalement auprès de l' ANSES, l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. Ce signalement permettra ensuite de déclencher une enquête de l'ARS pour recenser et mieux limiter sa prolifération aux alentours de ce lieu.
Avec Lison Barrocal.