Nantes : "Les résidents prennent une douche par semaine pour 3 500 euros par mois", après la parution du livre "les fossoyeurs" qui pointe de graves maltraitances au sein du groupe Orpea, les langues se délient

Depuis la parution du livre enquête de Vincent Castanet "Les Fossoyeurs" qui pointe de graves maltraitances au sein de certaines maisons de retraite du groupe Orpea, les témoignages se multiplient. En Pays de Loire, les instances concernées disent n'avoir pour l'instant aucune remontée de familles ou de professionnels mais elles restent en alerte.

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Les révélations de l'auteur du livre enquête "Les Fossoyeurs" qui pointent les dérives des maisons de retraite du groupe Orpea entraînent de nombreux témoignages comme celui de Moïse Audiau, représentant du personnel CFDT à Orpea.

Il est salarié dans une maison de retraite nantaise du groupe et également délégué du personnel.

Cette résidence c'est 82 Résidents, 65 salariés (Infirmiers, Aides-Soignants, Auxiliaire de Vie, Psychologue, Médecin, Ergothérapeute, Animatrice, Psychomotricienne, Cuisiniers, Agent de Maintenance ou encore personnel administratif). 


"C'est écrit dans le livre de Victor Castanet, à Nantes aussi on manque de protections urinaires chaque fin de mois. A partir du 20, on a plus de matériel pour la nuit", pointe le syndicaliste.

Côté hygiène il y a à redire.

Les résidents n'ont qu'une douche par semaine en payant 3500 euros par mois. Ce n'est pas normal !

Moise Audiau, représentant du personnel CFDT d'Orpea

"Nous ne manquons en aucun cas de moyens au sein de l’établissement, nous prenons en charge tous les éléments relatifs au produits d’incontinence. Nous avons effectivement une seule famille qui a souhaité acheter les produits d’incontinence de son proche car elle souhaitait une marque et un modèle en particulier que nous n’avions pas référencé. Toutefois, nous lui avons proposé de prendre cette dépense à notre charge", se défend Orpea.

Un décès suspect signalé en novembre 2020

Les faits se serait déroulés fin 2014. dans ce même Ehpad Orpea de Nantes, le signalement n'est intervenu que 5 ans plus tard en novembre 2020. Une résidente décédée d'une "embolie pulmonaire" selon les médecins aurait en réalité, selon la famille "succombé aux coups d'une autre pensionnaire."

" Nous avons eu connaissance de cette accusation en octobre 2020 . Le directeur actuel n’était effectivement pas en poste à cette époque, se justifie Orpea dans un communiqué, nous en avons informé l’Agence Régionale de Santé le jour même. Nous avons évidemment pris ce sujet très au sérieux et avons immédiatement diligenté une enquête interne, menée par des collaborateurs, dont certains extérieurs à la résidence, qui n’étaient pas en  poste à l’époque des faits présumés, de manière à faire toute la lumière sur ces allégations", 

"Nous avons poursuivi notre collecte d’informations pendant 10 jours ; dans ce cadre, les salariés qui étaient déjà en poste en 2014 et 2015 ont été rencontrés par notre direction de la conformité et de l’audit interne, accompagnée d’un consultant indépendant. A la lecture de l’ensemble des éléments dont nous disposons à ce jour et à notre meilleure connaissance, rien ne permet de corroborer ces allégations. Nous avons également informé le Procureur de l’état de nos recherches et de l’ensemble des éléments recueillis", précise Orpea.

8 établissements Orpea en Pays de la Loire, 5 en Loire-Atlantique

En Pays de la Loire, le groupe Orpéa possède 8 établissements dont 5 en Loire-Atlantique. Le conseil départemental apporte d'importants financements aux maisons de retraite.

Et la vice-présidente de Loire-Atlantique en charge de la politique de l'âge convoque jeudi prochain les 5 directeurs du département.

"On va demander des comptes et on va rester extrêmement attentif à la situation. Et puis nous verrons si des révélations également en Loire-Atlantique nous remontent de la part de familles ou de professionnels de ces établissements. Cela nous permettra d'engager des contrôles voire des poursuites si nécessaire", explique Lyliane Jean. 

L'Agence Régionale de Santé n'a, pour l'instant, pas constaté de hausse des réclamations liés au Ehpad.

Après les annonces de la ministre des Solidarités, l'Agence Régionale de Santé rappelle aussi que des inspections vont être réalisées dans les établissements ORPEA de la région. La direction du groupe se défend des accusations portées à son encontre.

Le traitement de réclamations des résidents en EHPAD et leurs proches

"Lorsqu’une personne constate un dysfonctionnement mettant en cause la qualité de la prise en charge pour elle-même ou un proche résidant en EHPAD, elle doit en premier lieu adresser une  réclamation écrite (contenant le maximum d’informations relatives aux dysfonctionnements constatés) à l’intention du directeur de l’établissement, afin qu’une réponse écrite lui soit apportée", rappelle l'ARS.

Le requérant peut également décider d’informer l’Agence Régionale de Santé et/ou le Conseil Départemental(CD), en leur transmettant la copie de la réclamation qu’il a adressé au directeur de l’EHPAD concerné. L’ARS et le CD se réunissent chaque semaine pour instruire conjointement les réclamations à compétence partagée reçues, dans l’objectif de décider collectivement du traitement adéquat.

Pour chaque réclamation reçue, l’ARS et le CD prennent contact avec le directeur de l’établissement, afin de s’assurer qu’une réponse soit apportée au requérant.

"A réception, l’ARS et le CD, demandent si nécessaire des compléments d’informations au directeur d’EHPAD, concernant les dysfonctionnements constatés par l’usager. L’ARS et le CD pourront être amenés à formuler des recommandations auprès de l’EHPAD, dans un objectif d’amélioration continue de la qualité de la prise en charge des résidents", précise l'Agence Régionale de Santé.

La transmission d’une réclamation auprès de l’ARS ne vaut pas dépôt de plainte et n’engage pas d’action judiciaire. "Par ailleurs, toute action n’aboutit pas à une inspection de l’établissement concerné. En revanche, les réclamations font l’objet d’analyses régulières et sont utiles dans le choix des établissements à inspecter ou dans les discussions diverses avec les établissements", ajoute l'ARS

Auditionnés, les dirigeants d'Orpea suscitent réactions "outrées" et "déception" des députés

"Il y aurait un système Orpea consistant à optimiser le profit pour rationner nos prestations. Je vous l'affirme: ce système n'existe en aucun cas à Orpea. Le vrai système Orpea, c'est qu'à tous les niveaux on essaie de prendre soin des personnes qui nous sont confiées", a déclaré le nouveau PDG Philippe Charrier.

"Vous avez en Orpea un leader mondial. La France n'en a pas beaucoup. Les plus belles entreprises sont fragiles", a-t-il dit, appelant à ne pas "détruire les plus belles entreprises avec des allégations".

"Nous ne sommes pas là pour détruire les entreprises, mais pour protéger nos aînés", lui a rétorqué la présidente de la Commission des Affaires sociales, Fadila Khattabi, qui auditionnait Philippe Charrier et le directeur général France du groupe, Jean-Christophe Romersi.

Contournant les questions sur les aspects financiers du scandale, répondant par des rappels détaillés de la réglementation, les dirigeants ont suscité dès le début de l'audition des murmures d'agacement dans la salle, le rapporteur de la commission Thomas Mesnier faisant observer ironiquement: "Nous connaissons le secteur, c'est ici que sont votés chaque année tous les crédits que vous avez décrits".

"La représentation nationale, je vous le dis franchement, est déçue par la qualit de vos réponses, ou de l'absence de réponses. Je ne vous cache pas non plus ma déception", a déclaré Fadila Khattabi, qui s'est réjouie "de l'ouverture d'une double enquête administrative (Igas et IGF) et de l'audition prochaine de Victor Castanet, auteur de l'enquête".

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