Bangaly Soumah est apprenti charpentier chez les Compagnons du Devoir, le jour de ses 18 ans il devient expulsable, car Bangaly est exilé guinéen. Son employeur, ravi de son travail, ne comprend pourquoi les services de l'État ne régularisent pas la situation du jeune homme.
Bangaly avait 16 ans quand il est arrivé en France. Exilé, il a fui Conakry et son pays et son pays la Guinée. Bangaly est un garçon joyeux, sociable, et courageux. Hébergé par des Angevins généreux, il a été recruté par les Compagnons du Devoir, qui forment l'élite de la profession de charpentier, et par une entreprise de charpente. En peu de temps, il s'est intégré dans les deux structures avec la même aisance.
"Je me sens comme si cela faisait des années que je travaillais ici alors que je viens d'arriver, il n'y a pas de différence, le matin tout le monde rigole, on se fait des petits plats à déjeuner, ça se passe très bien. Et le patron est hyper sympa !" témoigne Bangaly Soumah.
Le patron c'est Arnaud Christophe, jeune entrepreneur, il a fondé sa société en 2005. Il engage et forme chaque année de nouveaux apprentis pour étoffer son personnel qui compte déjà 17 salariés, dont cinq apprentis.
Motivé, joyeux, avenant
La discussion s'engage spontanément entre l'apprenti et son apprenant : "pourquoi vous m'avez soutenu ?" interroge Bangaly. La réponse d'Arnaud Christophe est humaine et chaleureuse, "parce que tu es quelqu'un de motivé, de joyeux, tu es quelqu'un d'avenant, dont nous avons besoin. On recherche du personnel motivé. Pour motiver les autres, pour motiver les futurs apprentis, pour que tu retransmettes ton métier dans le futur". Les Compagnons du Devoir sont des hommes justes !
Bangaly Soumah deviendra-t-il un "devoirant" ? Car son futur est loin d'être assuré. Les services de l'État contestent son âge, et sa demande de titre de séjour a été refusée par la préfecture. Il s'est vu notifier une obligation de quitter le territoire, en pleine formation !
Son patron ne décolère pas ! Les métiers du bâtiment manquent de bras, une pénurie de main d'œuvre qui oblige à travailler à flux tendu, à allonger les délais des chantiers, et parfois de les refuser.
"Je trouve ça aberrant, nous avons fait un contrat d'apprentissage en septembre qui a été validé par la Chambre des Métiers par le CFA et par nous, et le jour de sa majorité on remet tout ça en question. Donc soit, on dit non tout de suite, mais on ne revient pas au bout de trois ou quatre mois remettre en cause son âge ou je ne sais quelle raison. Maintenant il est là, il est intégré, ça y est c'est bon. Il faut passer à autre chose et travailler !" affirme le chef d'entreprise.
Le cas de Bangaly a ému plus de 21 000 internautes qui ont signé une pétition en ligne demandant sa régularisation. La préfecture de Loire-Atlantique lui accorde un sursis de 6 mois. Ce qui ne règle rien, car la formation court jusqu'en 2022.
"Soyez de ceux qui construisent l'avenir !" C'est la devise des Compagnons du Devoir. Assurément Bangaly veut en faire partie.