A quelques centaines de mètres des habitations, Benoît va rendre visite à ses vaches. Densifier la ville tout en laissant une place aux élevages, le défi est passionnant. L'association des éleveurs de la vache nantaise veut le relever.
Benoît baisse la vitre de sa voiture et prévient de son arrivée en sifflant. "C'est papa !" crie-t-il.
Entre Nantes et Sainte-Luce-sur-Loire, au cœur de l'agglomération nantaise, cet éleveur vient rendre visite à l'un de ses troupeaux. Ce sont des vaches nantaises. Une race qu'une association d'éleveurs présidée par Benoît a contribué à sauver de la disparition et à développer.
Benoît Rolland et les autres éleveurs de l'association se sont donnés pour mission d'aider les projets d'installation en créant un "troupeau tampon". Car cela met du temps pour disposer d'un cheptel suffisant pour en vivre. L'association des éleveurs de vaches nantaises permet ainsi à des projets d'installation de voir le jour en leur fournissant des reproductrices d'une autre race que le modèle conventionnel, Montbéliarde, Limousine ou Charolaise.
"C'est comme le Muscadet sourit Benoît, on est fier de notre vache nantaise."
"Il y a plein de projets possibles"
Doucement, l'éleveur s'approche de ses vaches. Groseille, Palombe, Petrouchka et Robi le bœuf. Sur cette parcelle de 12 hectares, le Bois des Anses, Benoît a installé 13 vaches depuis mai 2020. Un partenariat avec la métropole qui y a vu son intérêt.
"Autour de Nantes, explique Benoît, il y a 5 000 hectares de terres en friche. Il y a plein de projets possibles.On dit qu'il faut densifier la ville mais s'il n'y a rien autour, ça ne fonctionne pas."
Le but n'est pas seulement de contribuer au développement de cette race qui fournit une viande de qualité, goûteuse, persillée "une vache qui a de la classe" disent les éleveurs, c'est aussi de contribuer à nourrir les citadins en circuit court et d'entretenir des espaces qui, sinon, seraient laissés à l'abandon.
Et dans une grande agglomération, on sait bien que de telles superficies peuvent rapidement devenir des décharges sauvages ou des bidonvilles.
Un peu plus au sud, tout près du périphérique, Prairie de Mauves, Benoît a installé il y a un mois une douzaine de vaches. Passé la clôture électrique, il s'annonce en criant. "Allez viens, viens, viens !". Emmené par Fraise, le troupeau finit par s'approcher.
"Ce sont des prairies extraordinaires, s'enthousiasme Benoît. La meilleure façon de les protéger, c'est d'y mettre une clôture et des vaches. Qu'est-ce qu'on fait avec les zones urbaines non constructibles ? On y met des salariés des espaces verts ou des vaches ?"
► Benoît Rolland avec son troupeau de la Prairie de Mauves.
L'aspect pédagogique d'une telle proximité des élevages avec la ville n'a pas non plus échappé aux promoteurs de cette initiative.
"On pourrait imaginer, projette Benoît, que des gamins de Malakoff (un quartier populaire tout proche) viennent ici avec un animateur pour comprendre le cycle de la viande. En plein Covid, c'était la sortie du week-end, les gens venaient voir les vaches (sur la parcelle du Bois des Anses)".
Benoît sait bien qu'à Nantes, en matière de faune, on parle principalement des Canaris et de l'Eléphant. Mais ça serait quand même bien qu'en arrivant sur la ville, on commence par y voir de jolies vaches nantaises en train de paître sur de belles prairies.