Des légumes moches ou déclassés utilisés et mis en valeur dans des plats de traiteur ou des bouts de plastique récupérés sur des plages et qui deviennent des bijoux, c'est la réponse que ces deux femmes ont donné à notre société de consommation qui épuise notre planète.
La lutte contre le gaspillage alimentaire, Clémence Goussin en a fait plus qu'un style de vie, elle en a fait sa mission, son métier.
"Je travaillais à Londres dans une boulangerie, raconte Clémence, et j’ai été sensibilisée au gaspillage alimentaire. On jetait beaucoup de pain à la fermeture. Je me suis dit que c’est étrange. Quand je suis revenue à Nantes, j’ai changé ma façon de consommer, je me suis dirigée vers le vrac. L’idée est venue ensuite de retravailler les produits invendus."
C'est ainsi que Clémence Goussin a lancé Simone&Co, une entreprise de création et de vente de plats de traiteurs dont le slogan est "Dégustez de savoureux menus et agissez pour la planète !".
Du pain de surplus pour faire des cookies
Installée dans les locaux d'une cuisine partagée à Saint-Herblain, près de Nantes, Clémence conçoit et cuisine différents plats dont une partie des produits est issue de son "réseau" de récupération, boulangeries vergers, fermes maraîchères...
Du pain qui aurait dû finir à la poubelle peut entrer dans la compositions de cookies. Des fruits trop moches pour être vendus à l'étal vont produire de délicieuses compotes ou confitures. Des légumes déclassés vont accompagner un poulet au curry.
Des idées qui sont déjà mises en œuvre dans nos cuisines (pour les plus responsables d'entre nous) mais pas forcément avec autant de talent et de créativité.
"Le pain, j’en fais des prestations avec des petits toasts ou je les mixe et j’en fais de la farine de pain pour faire des gâteaux, des sablés apéritifs, explique Clémence, Les clients ont une carte des menus dans lesquels j’intègre les produits récupérés."
Des produits qui, même s'ils sont déclassés, sont achetés par la jeune entrepreneuse qui y met, là aussi, son éthique. "Je les achète parce que ce sont des produits encore comestibles et que ça a été un travail pour les producteurs et tout travail mérite salaire" dit-elle.
Bio et circuits courts
Ses clients sont des entreprises, des comités d'entreprise, des espaces de co-working.
"J’ai une entreprise qui m’a contactée pour faire une surprise à ses collaborateurs en télétravail, en leur offrant un petit déjeuner", se souvient Clémence. Une autre m’a demandé de livrer des repas aux participants à une réunion en distanciel."
Clémence ne cuisine pas que des produits déclassés, on l'a compris, ce n'est pas toujours possible. Mais lorsqu'elle cuisine de la viande, par exemple, elle favorise le bio et le circuit court. Une démarche qui est en harmonie avec la philosophie de Simone&Co.
L'année 2020 n'aura pas été finalement aussi catastrophique qu'elle le craignait. "Quand on a un lancement en confinement plus deux confinements à suivre, faut savoir s’adapter !" sourit-elle.
"Je voulais faire un produit le moins néfaste possible"
L'avenir de la planète, c'est aussi le moteur (non polluant) de Salomé Arenas. Pas de légumes moches ici mais des bouts de plastique.
C'est lors d'un tour du monde que Salomé Arenas a décidé de réorienter sa carrière. Cette titulaire d'un bac pro esthétique faisait étape au Cambodge lorsqu'elle a constaté l'omniprésence du plastique dans certains paysages. Dans ce pays, comme dans d'autres, sur certains sites, il est là, sous la forme de lambeaux, de fils, de morceaux et compose le sol, quasiment au même titre que les pierres, le sable ou les végétaux.
"J’ai mis entre parenthèses mon projet de tour du monde, raconte Salomé, et je suis rentrée pour mettre en œuvre mon projet. Faire des bijoux à partir de matériaux recyclés."
La jeune femme de 26 ans, qui avait travaillé auparavant pour une enseigne de cosmétiques en France et en Suisse, bouscule ses priorités et décide de travailler autour de cette réflexion : "La mode est la deuxième industrie la plus polluante. Je voulais faire un produit le moins néfaste possible."
Du plastique récupéré sur des plages de Loire-Atlantique
Pour mettre en œuvre son projet, Salomé, installée à Nantes, se rapproche d'associations locales L'Hirondelle à Pornic et Estuairez-vous à Saint-Nazaire. Avec ces deux associations, elle va régulièrement collecter des déchets plastiques sur les plages.
A Chanverrie, près des Herbiers, en Vendée, elle confie ensuite ces déchets à L’atelier des recycleurs fous où ils sont nettoyés, triés puis broyés pour faire des plaques ou fondus et injectés dans des moules.
"Ce qui est génial avec le plastique, explique Salomé, c’est que, selon ce qu’on va mettre, ça va donner des plaques multicolores et chaque plaque est unique, ça donne un aspect marbré."
C'est à partir de ces plaques que Salomé va créer ses bijoux, boucles d'oreille, bracelets, bagues ou colliers, en y mettant, comme Clémence dans ses plats, toute sa créativité.
"Les marques dites alternatives, fait remarquer Salomé, n’allient pas forcément l’esthétique à la conception, je veux mettre en avant des styles travaillés qui puissent plaire à tout le monde."
La marque Loumé
Pour le moment, Salomé en est au début de son projet, les premiers bijoux commencent à sortir. L'avenir, c'est créer son site internet qui lui permettra de les vendre sous la marque "Loumé".
Pourquoi Loumé ? C'est un diminutif de Salomé, qu'on n'a jamais donné à la jeune femme mais qu'elle aime bien alors elle a décidé de baptiser ses créations de ce joli nom.
Clémence Goussin et Salomé Arenas sont soutenues par le programme Femmes Entrepreneuse d'Orange, destiné à des femmes créatrices de leur entreprise.