PHOTOS. A Nantes, le fou rire qui redonne du sens à l'hôpital

En avril, David Ken est venu photographier des cancéreux et des soignants à l'Institut de Cancérologie de l'Ouest et il leur a redonné le goût de vivre grâce à une technique qu'il éprouve depuis dix ans, le lâcher-prise. Portrait de ce magicien du rire.

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Ses photos illuminent aujourd'hui un long couloir blanc à l'ICO de Saint Herblain, l'Institut de Cancérologie de l'Ouest. Elles sont comme un rayon de soleil, un hymne à la vie, le bonheur d'être encore là. Elles respirent la joie, la bonne humeur, la simplicité et pourtant ce sont des portraits d'hommes et de femmes confrontés à la maladie, des patients en chimiothérapie parfois atteintes de cancers incurables, des soignants dévoués et à l'écoute pour apporter du réconfort.

L'homme qui les fait rire, celui qui leur fait oublier leur souffrance l'instant d'une photo, c'est David Ken, un photographe renommé qui depuis dix ans s'est lancé dans une opération de grande ampleur, le LOL project. Il débarque dans les hôpitaux avec son studio mobile. Il établit une relation personnelle avec ses sujets. Et en quelques minutes, comme par un coup de baguette magique, il arrive à leur faire décrocher un fou rire. Le fou rire qui redonne du sens à l'hôpital

Le lâcher-prise, une arme puissante

"Lorsqu'ils viennent dans ma box, ils sont comme dans un confessionnal, isolés du reste du monde." explique David Ken " J'utilise leur stress pour les amener à lâcher prise et je les recentre sur le présent. Parfois, ça prend trois minutes. Parfois c'est plus long notamment pour ceux qui sont attachés à leur rang social et qui se réfugient derrière un masque ."
 
Mais que peut bien leur raconter ce faiseur de miracles en tête à tête dans sa boîte noire pour obtenir un tel résultat ? Impossible de percer le mystère. L'artiste garde farouchement son secret. C'est comme si vous demandiez à un illusionniste comment il fait disparaître sa partenaire. N'empêche que le tour de passe passe est bluffant et envoûte les intéressés.
 

Une belle surprise, une vraie libération 

"Pour moi, c'était une belle surprise" témoigne Christine en cure de chimiothérapie depuis janvier. "Je venais sans entrain à l'hôpital et maintenant j'ai retrouvé toute mon énergie." 

Même sensation pour Anne-Cécile, en soin à l'ICO depuis huit ans : "J'ai perdu en septembre dernier une amie qui était traité ici comme moi pour un cancer. Je me sentais seule et malheureuse. Depuis la séance photo, je me sens moins malheureuse. Je me suis libéré de ce poids."
"Sur les photos, on a l'air complice et pourtant on ne se connaissait pas avant" tient à rajouter Christine. Pour elle, c'est tout l'art du photographe. "Il nous fait rentrer en communion avec un fou rire." Décidément ce David Ken a un énorme pouvoir pour soigner  les gens avec un simple rire. 
 

Une identité visible

A l'ICO, tous reconnaissent les bienfaits de cette opération. "Les aidants se sentent valorisés en se laisant photographier aux côtés des patients" lâche Christophe Mouillé, un des communiquants de l'Institut. "Et ce sont des personnes-clés qui sont restent souvent dans l'ombre". 

Même le sponsor de ce coup de projecteur est fier de redonner du sens à son activité commerciale. "On ne soigne pas les patients qu'avec nos médicaments" affirme Philippe Teboul, le directeur général de Bristol-Myers Squibb, une entreprise de biopharmacie mondialement connue. "Ces sourires, ils racontent des belles histoires, des malades qui se battent avec courage contre la maladie."    

En fait,  la réussite tient en un mot : redonner du sens à la vie. Ce que résume bien David Ken. "En mettant toutes ces personnes en lumière, je lutte contre leur invisibilité. Je leur donne une identité car elles appartiennent à un un projet plus grandes qu'elles".

Alors à quand la prochaine ? serait-on tenté de dire.

 

 

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