Ils ont dansé, silencieusement, au bord du quai Wilson. Plus d'une centaine de personnes a répondu à l'appel du chorégraphe Loïc Touzé, une semaine après la fête de la musique, à l'endroit où Steve Maia Caniço a disparu après une charge de la police.
Une danse, sans musique, rythmée par les mains et les pieds des danseurs, qui suivent les mouvements du chorégraphe Loïc Touzé.
Vendredi 28 juin, un peu plus d'une centaine de personnes, des proches, mais également des inconnus de tous les âges participaient à ce rassemblement pour protester contre les conditions dans lesquelles Steve Maia Caniço a disparu, une semaine auparavant, pendant la fête de la musique.
Une nuit contre la répression des corps dansants
Au lendemain du drame, le chorégraphe Emmanuel Moreira avait appelé à une "nuit contre la répression des corps dansants" : "une police jetant dans un fleuve des corps qui dansent au nom d’une absence préalable d’autorisation à danser délivrée par une préfecture et que cette préfecture appelle cela - jeter des corps dans un fleuve - une réponse proportionnelle - est une violence redoublée."
À Nantes, l'appel a donc été repris par le danseur et chorégraphe Loïc Touzé. Au sol et sur les murs, des inscriptions ont fleuri sur le quai : en lettres capitales, le prénom de Steve, est encadré par des messages d'amour "Pour nous tu danses encore" et de colère : "Ici, la police tue" "Une noyade pour de la musique".
Une enquête de l'IGPN sur l'intervention policière
Samedi 22 juin, à 4h30 du matin, la police était intervenue pour faire cesser la musique, utilisant LBD et grenades lacrymogènes, et provoquant un mouvement de foule pendant lequel plusieurs personnes étaient tombées dans la Loire. L'inspection générale de la police a été saisie d'une enquête pour retracer le déroulement de cette intervention. Une enquête qui ne concernera pas la préfecture, pourtant responsable des opérations de maintien de l'ordre public.
La préfecture qui met en garde
La préfecture qui avait d'ailleurs mis en garde les organisateurs de ce rassemblement nocturne qui n'avait pas été déclaré : "les organisateurs d’une manifestation non déclarée encourent des sanctions pénales allant jusqu’à 6 mois de prison et 7500 euros d’amende. En cas de risque avéré de troubles à l’ordre public, l’autorité administrative peut, en dernier ressort, décider d’interdire la manifestation", menaçait le communiqué publié vendredi 28 juin, quelques heures avant l'événement.
Finalement, la manifestation s'est tenue dans le calme, sans intervention policière, et sans musique, à l'exception d'un titre. "La jeunesse emmerde le Front National", des Béruriers noirs, diffusé en toute fin de soirée sur un petit poste radio. Le même morceau qui avait résonné sur le quai Wilson juste avant l'intervention policière pendant la fête de la musique.
Samedi 29 juin, une marche citoyenne doit partir de la préfecture à 14h30 pour terminer quai Wilson.