Un homme a été interpellé samedi soir dans la cour arrière du commissariat avec, sur lui, un couteau et un cutter. Selon un syndicat de police, un drame a sans doute été évité.
Samedi 22 mai, 22h50. Un équipage de la police d'Orvault, dans la banlieue nantaise, rentre en voiture dans la cour arrière de l'hôtel de police de Nantes.
Un adjoint de sécurité remarque alors qu'un homme a profité de l'entrée du véhicule pour pénétrer dans les lieux, normalement inaccessibles au public. Il prévient le supérieur hiérarchique qui fait partie de cette équipe.
Le policier gradé ordonne à plusieurs reprises à l'individu de sortir. Mais celui-ci n'obéit pas et s'assoit sur un plot, met les mains dans ses poches et ne bouge plus.
Une lame d'une vingtaine de centimètres
S'étant rapproché de l'homme décrit comme très calme et froid, le policier commence une palpation mais l'affaire prend alors une autre tournure. L'homme se débat et donne un coup de poing au visage du policier qui réussit, en partie, à l'éviter en se reculant.
Des collègues de la brigade anti-criminalité, présents dans la cour viennent alors en renfort et l'individu est plaqué au sol mais tente toujours de se dégager en donnant des coups de pied.
C'est à ce moment qu'un des policiers alerte ses collègues sur le fait que l'homme à un couteau dissimulé dans le dos. Ce couteau se révélera être par la suite de type Laguiole avec une lame d'une vingtaine de centimètres protégée par un chiffon.
Il tente de prendre un cutter
L'affaire n'est pas terminée pour autant. Hurlant dans une langue que les policiers ne comprennent pas, mais dont ils devinent qu'il s'agit d'insultes à leur encontre, l'homme qui est toujours à terre sur le ventre, tente ensuite de prendre quelque-chose qu'il cache sur son ventre. Mais heureusement, il finit par être maîtrisé et menotté, les policiers ont dû, pour cela, faire usage de leurs matraques. L'objet dont il tentait de se saisir était en fait un cutter. Les policiers sont convaincus qu'un drame a été évité.
L'homme, un Philippin de 28 ans qui réside dans un foyer pour jeunes travailleurs à Rezé, a été placé dans un premier temps en garde à vue avant d'être conduit dans une unité d'un service pyschiatrique.
"C'est une tentative de meurtre déjouée, affirme Stéphane Léonard, du syndicat SGP Police. On peut supposer que le gars avait l'intention de faire un drame sur nos collègues !"
Et s'il avait pu se cacher ?
A Waldeck, le commissariat central de Nantes, on frissonne rétrospectivement à l'idée que l'homme aurait pu se cacher et agresser avec son couteau un fonctionnaire se croyant en sécurité dans cette cours intérieure. Tous ont en tête le drame de leur collègue Stéphanie, égorgée dans le sas du commissariat de Rambouillet, il y a deux mois.
Pour Stéphane Léonard, secrétaire départemental d’Unité SGP Police, l'immeuble n'est pas assez sécurisé. Le fait a été évoqué déjà en réunion auprès de la préfète de la zone de Défense Ouest, compétente pour ces questions d'équipement immobilier. Et il y en a à dire sur ce commissariat dont les malfaçons ont été maintes fois dénoncées.
"Nous sommes attaqués même dans nos locaux" déclare amèrement le syndicaliste qui constate que l'on met des caméras lorsque les interpellés sont présentés à l'officier de police judiciaire pour surveiller les agissements des fonctionnaires mais pas assez dans le commissariat pour protéger ces mêmes fonctionnaires.
"L'affaire est remontée jusqu'à Paris" dit-on. Gérald Darmanin, le Ministre de l'Intérieur, était à Nantes il y a seulement quatre jours.