Après avoir vécu l'enfer de l'errance diagnostic, la chanteuse nantaise Thérèse retrouve la scène le 28 septembre prochain à la Bouche d'air. Une renaissance pour cette artiste mi ange mi punk qui a lutté pendant des années contre une maladie rare.
A l'autre bout du fil, dans sa maison aux Sables d'Olonne où elle aime se ressourcer, on sent que Thérèse est rayonnante. Dans quelques jours, elle retrouvera la scène. Ces planches qui lui ont tant manqué pendant dix ans.
Atteinte d'une maladie surrénale rare, la maladie de Cushing, l'artiste avait totalement disparu des écrans radars. Aujourd'hui elle revient plus forte que jamais. Elle revient seule en scène, avec sa guitare et des titres qui lui ressemblent, à la fois tendres et piquants.
Je suis à la fois excitée, émue, j'ai un peu le trac aussi
Pour l'artiste c'est une renaissance. "Une rescènance en fait", précise t-elle. "C'est le baptême du feu pour moi. Ça va être émouvant parce que je n'ai pas envie de décevoir les gens. Du coup, je me suis concentrée pour vivre ce moment simplement, avec joie, authenticité, simplicité, surtout ne pas en rajouter et garder cette force, cette humilité que m'a donnée la maladie. Cette une vraie leçon de vie pour tout artiste en fait."
Elle a la boule ventre Thérèse. Parce que dans la salle il va y avoir du monde, il y a déjà beaucoup de réservations.
Je suis très contente d'avoir un public qui me suit, ça va changer du suivi par les médecins
Ce soir là surtout, dans les fauteuil de velours, il y aura tous les proches.
"Des gens qui m'ont connue pendant la maldie, des gens qui m'ont connue comme artiste avant. J'ai envie de montrer que j'ai retrouvé toute l'énergie". Et puis, la famille . "Ma soeur jumelle sera là. Elle viendra de loin. Elle ne m'a pas vue chanter depuis les Francofolies en 2007. Elle m'a accompagnée pendant que j'étais malade. Elle m'a entendue dire plus jamais, parce que j'étais dans un état qui ne me permettait pas de penser qu'un jour je remonterais sur scène. J'ai conscience de toute l'émotion que ça va nous procurer à elle et à moi de se retrouver là."
Dans la salle aussi il y aura le clan, la meute, ceux qui ont toujours cru qu'on la réentendrait un jour ici ou ailleurs : "mon équipe technique m'a toujours soutenue, Florent, Mathieu, ils y ont toujours cru".
Tout ces gens là m'ont tellement fait confiance! Je ne peux pas les décevoir!
A la Bouche d'air, il y aura aussi les médecins qui ont accompagné Thérèse dans ses souffrances et ses bonheurs retrouvés. Deux femmes, une endocrinologue et une généraliste, celle qui lui a sauvé vie en posant le bon diagnostic. alors que Thérèse était au plus mal.
"Ça me met la pression mais oui c'est important. Ça permet de réhumaniser le patient et de montrer que là, face à elles, je m'exprime pour dire voilà ce qui se passe quand on est à notre écoute, quand on nous soigne. Voilà ce que ça donne un être vivant. Moi, j'ai juste envie en fait qu'elles soient fières de ce qu'elles ont fait pour moi et de ce que ça peut porter comme message d'espoir."
Et Thérèse n'oublie personne : "Parmi les soutiens indéfectibles il y a aussi le producteur Benoît Agoyer présent à mes côtés depuis un an". Lui aussi l'a aidée à se relever.
"Oui, j'ai changé"
"Oui, j'ai changé. J'ai eu du mal à accepter cette idée au début. Beaucoup de personne m'avait dit tu vas voir y a un nouveau départ, un point zéro. Et c'est vrai que dix ans de vie comme ça avec la maldie, ce n'est pas anondin. Moi je suis en rémission. Je continue à récupérer tous les jours des capacités que j'avais oubliées".
Il y a plein de choses qui reviennent, même des révoltes de jeunesse mais la réalité c'est que j'ai grandi. J'ai 40 ans, j'ai pris dix ans
La sale gosse de la chanson nantaise ce serait donc assagi. "Il y a une forme de sagesse qui s'est installée oui".
Ce qui a profondémment changé c'est la façon de voir le verre plein. Cet optimisme, cette positivité que personne jamais ne pourra me retirer
Thérèse ne s'en cache pas. Alors que l'ambiance du monde est maussade, elle, voit la vie en rose. "Moi, je revis et je pense que ça ça transpire dans ma façon d'être et dans mes chansons. Et du coup, il y a une joie et un sourire qui étaient peut-être moins présents avant."
La maladie s'estompe, disparaît à mesure que le temps passe : "plus je vis et plus j'écris sur autre chose, des choses que je vois. Et finalement ce mal qui me rongeait sera très peu présent dans le concert que je vais jouer le 28 septembre. Les personnes qui ont lu mon livre "Poisson lune" et qui connaissent la maladie, forcément vont entendre et être touchées par certaines paroles mais celles qui ne savent pas ne pourront pas deviner mon histoire."
"Barré, le plus joyeux possible, c'est ma ligne de conduite"
On écoutera donc entre les lignes : "Sur scène il y aura "Laissez moi m'en aller", qui traite du cycle mort vie et de l'euthanasie, et il y a "Eternité" une chanson qui est vraiment un message de résilience". Hormis ces deux titres, rien sur la maladie. "Par contre je vais faire un gros sketch sur un médecin. J'avais envie de me marrer, vraiment de m'éclater. C'est un peu barré et surtout le plus joyeux possible, c'est ma ligne de conduite."
Thérèse a eu l'occasion de rôder son spectacle, décalé trois fois à cause de la covid. "J'ai pu rejouer un peu grâce au réseau chant'appart . J'ai joué dans des ehpads et des institutions thérapeutiques. Ça a pris un sens extraordinaire par rapport à mon parcours. Cela m'a permis de faire tourner un peu ce concert, de le peaufiner encore un peu plus pour être encore plus prête dans une salle culturelle comme la Bouche d'air qui est un peu notre Olympia nantais." Parce que cette fois, ça y est Thérèse retrouve la cour des grands, la scène, la vraie. Celle qui l'a toujours faite vibrer corps et âme. Celle qui lui colle à la peau.
"Moins léger qu'il y a 15 ans"
Cet été, lors de ces balades musicales, elle a retrouvé un public receptif . "Ce qui ressort c'est que c'est que le message est plus profond, moins léger qu'il y a 15 ans".
Il y a beaucoup de gens qui reviennent me voir. Ça me touche beaucoup. Je me rends compte que j'ai laissé une trace.
"L'ange punk"
Ce surnom qui lui va comme un gant, c'est un internaute qui l'a posté sur les réseaux sociaux. "Le même jour un autre m'avait appelé le phoenix, l'oiseau de feu. L'ange pour moi c'est la liberté, l'intemporalité, la notion d'essenteil. Et le punk, c'est l'anarchisant qui n'est pas dans l'ordre social. C'est la provocation. ce qui sort des conventions. Oui ça porte bien ce que je représente sur scène. Après la maladie, oui la nouvelle Thérèse, ce serait peut-être l'ange punk".
Thérèse prépare aussi un EP. "On va sortir quatre chansons fortes début 2022. On travaille beaucoup dessus. Il s'appellera "Même pas mal." S'en suivra un album qui à nous, à ses fans et à tout ceux qui vont la découvrir fera du bien...