Nantes : la solidarité pose ses étals sur le marché de Bellevue et ça dépote !

Sur le marché de Bellevue, quartier nord-ouest de Nantes, la solidarité s’est organisée et permet chaque mardi et vendredi de fournir des fruits et légumes, donnés par les commerçants, à des centaines de familles.

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Sur le kiosque, au centre du marché, Linda, salariée de l’association Environnement Solidaires, distribue les rôles et participe à la réception et au tri des denrées qui seront ensuite données ici même à des familles en difficulté ou via des associations, ou encore envoyées au compost pour ce qui n’est plus consommable.

Avant, on jetait ce qui était un peu abimé et de ce fait invendable. Maintenant on récupère, on redistribue et on valorise.

Sur ce marché de la place Denis Forestier, ce sont ainsi 1,6 tonnes de fruits et légumes qui ne partiront pas à la poubelle mais qui iront nourrir 350 familles du quartier ou d’ailleurs.

 

"Avant, on jetait, on n'avait pas le choix"

Si on remonte aux origines de cette initiative, il faut revenir à il y a 10 ans, lorsque "Encombrants Solidaires" a permis aux habitants du quartier de Bellevue de se débarrasser de  meubles ou d’électroménager volumineux ailleurs qu’en les déposant au pied des immeubles.

Et puis les encombrants ont été restaurés et redistribués. Depuis décembre 2020, c’est au tour des déchets alimentaires du marché bi-hebdomadaire de trouver une utilité.

"Avant, témoigne Abdel qui vend des fruits et légumes ici depuis plus de 20 ans, on jetait, on n’avait pas le choix, ou alors on donnait à des personnes qui passaient. Maintenant, c’est mieux, c’est plus structuré. On donne ce qui ne tiendra pas jusqu’au lendemain, bananes, fraises. Les produits de saison, ça tourne très vite."

Les bénévoles de "Environnement Solidaires" épaulés de quelques volontaires de Tinhï Kmou (autre association de glanage) passent d’étal en étal. Les commerçants les connaissent et leurs donnent ce qui est trop abimé pour être vendu.

Puis, c’est le tri au pied du kiosque central de la place. On voit ce qui peut être donné et ce qui partira au compost via Compostri. On pèse et on monte sur le kiosque ce qui sera redistribué.

"On ne veut pas donner aux marchands la sensation d’une concurrence déloyale" explique Nicolas Prioux, le directeur de Environnements Solidaires. Les denrées collectées ne seront donc distribuées qu’à la fin du marché. "On essaye pas à pas de trouver un moyen de le faire sans non plus générer une demande croissante, ajoute-t-il. On est arrivé à l’équilibre souhaité."

 

600 kg redistribués à la fin du marché

A midi, les étals de l’association sont bien fournis : tomates, pommes, concombres, melons, oignons, poivrons, menthe.

A la fin de ce marché, ce seront 600 kg qui seront redistribués.

Linda Djouablia était multi tâches dans le monde du spectacle. La crise sanitaire est passée par là. Fin des contrats. La jeune femme qui passe du temps à cultiver sur sa parcelle des jardins familiaux de la Musse, est venue donner un coup de main. Elle a fini par être embauchée par "Environnements Solidaires" pour un temps partiel.

"Je me sens utile, dit-elle en posant une cagette sur la table. Avec les beaux jours, les volumes vont augmenter."

Même enthousiasme chez Mssali Jamila qui vient donner de son temps ce mardi matin. Mssali était dégoûtée par la masse de ce qui était jeté. "Je voulais monter une association, raconte-t-elle mais je n’avais personne pour le faire avec moi. Je venais glaner sur le marché, pour moi et pour des couples de mon voisinage. Depuis qu’il y a cette association, tout est bien méthodique."

Le travail effectué par les bénévoles des associations a l’avantage d’organiser les choses, de cadrer la récupération des invendus.

"Avant, se souvient Mssali, les commerçants devenaient fous, les gens se servaient (dans les déchets) et ne remettaient rien en place."

Maintenant, lorsqu’une personne vient sur le marché demander aux commerçants un peu de rebut, elle est dirigée vers le kiosque central.

Vers 13h, la file d’attente s’est allongée au pied du kiosque. Le marché se termine, les invendus vont pouvoir être donnés. Pas la peine de présenter un justificatif.

"Celui qui vient pour récupérer, c’est qu’il a besoin" dit Linda.

Marie, sans papiers et sans ressources, est parmi les premières, elle attend en haut des marches que le signal soit donné, derrière, ça pousse un peu.

"Toute l’équipe est très sympa, dit-elle. Il y a des jours où il y a plus que d’autres. Tout le monde doit avoir quelque chose, on partage, c’est le deal."

Derrière, Cyril dit venir de temps en temps, le mardi ou le vendredi, pour lui et sa maman chez qui il vit. Il avait eu connaissance de cette possibilité par des amis.

A côté, Denis, retraitée, habite le quartier. "Je viens ici depuis l’ouverture en décembre, nous explique-t-elle. Je prends surtout des fruits, j’essaye de trier ceux qui ne sont pas trop abîmés."

 

"Aller vers l’autonomie alimentaire des habitants du quartier"

Une vingtaine de familles vient se fournir sur le marché de Bellevue chaque mardi ou vendredi. Une grande part de ce qui est récupéré ira à des associations qui étaient déjà présentes auparavant, comme Tinhï Kmou ou Rapi. Par leur intermédiaire, ce sont plus de 300 familles qui seront ainsi aidées.

Quant à ce qui n’est pas consommable, Compostri le récupérera mais l’idée c’est un jour pour l’association de produire elle-même son compost qui viendra enrichir les jardins d’une ferme urbaine, au bas des immeubles du quartier, à cheval entre Nantes et Saint-Herblain.

"Un retour sur les terres du quartier, espère Nicolas Prioux, afin d’aller vers l’autonomie alimentaire des habitants du quartier."
 

►Voir le reportage sur l'association Tinhï Kmou

"Environnements Solidaires" bénéficie notamment d’aides de l’Etat, des villes de Nantes et de Saint-Herblain, de Nantes Métropole, du Département de Loire-Atlantique, de la Fondation du Crédit Mutuel, de l’ADEME et du Fond pour l’Innovation Sociale.

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