À Nantes, la start-up Le Fourgon propose de livrer chez les particuliers des bouteilles consignées depuis ce lundi 4 avril. Une démarche écologique.
Jusque dans les années 60 en France, le verre consigné était la norme : chaque client rapportait ses bouteilles vides au magasin, en échange de quelques centimes de Franc. De quoi leur donner une deuxième, troisième, voire une cinquantième vie parfois.
À l'époque, les poubelles des ménages étaient donc moins remplies. En 40 ans, la production d'ordures par français a doublé, notamment avec le développement de la grande distribution, qui sonne la fin de la consignation des bouteilles en verre et l'arrivée des emballages en plastique.
En 1974, dans une émission diffusée sur l'ORTF, les clientes en sont convaincues : les bouteilles consignées sont inadaptées à leur époque. "Moi, je suis pour le verre perdu, parce que je suis une femme qui travaille et je n'ai pas le temps", estime l'une d'elles. "L'idéal, c'est évidemment maintenant l'emballage en plastique que l'on peut jeter", suggère l'autre.
Les bouteilles consignées redeviennent à la mode
Des discours aujourd'hui dépassés, à tel point que les consignes reviennent en force, avec des initiatives qui se multiplient. La dernière en date dans la région : le Fourgon, une jeune entreprise lilloise qui s'est implantée à Nantes lundi 4 avril.
Son concept : livrer à domicile des boissons consignées, eau, bière, vin ou jus de fruits. Les bouteilles vides sont récupérées à la livraison suivante ou à la demande du client, qui recevra en échange 10 ou 20 centimes d'Euro. La commande s'effectue sur internet ou sur une application mobile.
Une des premières clientes, Aurélie, essaie de réduire ses déchets depuis deux ans. Elle achète en vrac. Le plus compliqué pour elle, c'est de se passer des bouteilles jetables : "Souvent, on oublie les consignes, et puis c'est plus compliqué comme je fais mes courses à pied".
En trois jours, le Fourgon a déjà reçu une cinquantaine de commandes à Nantes, préparées par quatre salariés. Leur objectif est de réutiliser 200 000 bouteilles par mois d'ici un an. Prochainement, l'entreprise ouvrira un nouvel entrepôt et proposera des livraisons à Angers.
Le coût écologique des bouteilles jetables
En verre ou en plastique, les bouteilles jetables ont un impact néfaste pour l'environnement.
La production de bouteilles en plastique est gourmande en pétrole et en eau. Selon Water Footprind Network, 42% d'entre elles ne sont pas recyclées en Europe et finissent souvent dans la nature.
Les bouteilles en verre peuvent être une alternative au plastique : 3 sur 4 sont recyclées. Cependant, la refonte du verre est énergivore : le calcin doit être chauffé à 1 500 degrés.
Le système de verre consigné permettrait d'économiser "80% d'énergie et 30% d'eau" selon Jean-Charles Imbert, manager d'entrepôt au Fourgon.
Avantage économique
En période de crise du gaz, le verre consigné devient une alternative plus économique. "Dans une verrerie, on consomme beaucoup de gaz. Il y a des tensions sur les disponibilités des bouteilles, mais aussi sur leur prix qui a très fortement augmenté ses dernières années, mais encore plus ces dernières semaines", indique Yann Priou, directeur général de l'association Bout' à bout', qui promeut le réemploi des bouteilles en verre dans la région Pays de la Loire, et travaille en collaboration avec le Fourgon.
200 références sont proposée pour les livraisons à domicile. Reste à convaincre de nouveaux producteurs de boissons de réutiliser les bouteilles en verre. À ce jour, aucun producteur de lait pasteurisé français n'utilise des bouteilles consignées. Le Fourgon livre du lait, embouteillé en Belgique. Si un producteur de la région est séduit par l'idée, il sera le bienvenu.