Quatre jours après l'annonce de la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur et d'Eric Dupont-Moretti au ministère de la justice, plusieurs collectifs féministes nantais appellent à un rassemblement contre "Macron et son remaniement" ce vendredi à 18 heures place Bouffay.
"Un crachat au visage", "un cocktail violent", quatre jours après les annonces du nouveau gouvernement de Jean Castex, les Nantaises ne décolèrent pas. "On était tou.te.s très choqués par cette annonce, explique Dex, cofondatrice du collectif Nantaises en lutte à l'origine de la manifestation de vendredi. Je n'attends plus grand chose du gouvernement donc je ne peux pas être déçue mais je trouve ça incroyable que le premier ministre se soit dit que c’était ok d’aller jusque là."Nommé au ministère de l'Intérieur, Gérald Darmanin a été mis en cause par deux femmes début 2018, l'une pour viol, l'autre pour abus de faiblesse. Il a toujours réfuté ces accusations. Alors que l'enquête se poursuit pour la première plainte, le parquet a rendu un non-lieu concernant la seconde. Lundi soir, l'entourage du président a fait savoir que cette plainte ne constituait "pas un obstacle" à sa nomination. Quant à Eric Dupont-Moretti, nommé garde des Sceaux lundi, il est connu pour ses prises de positions contre le mouvement #MeToo. Le ténor du barreau s’était également opposé à la loi sur le harcèlement de rue de Marlène Schiappa en 2018. "Nommer ces deux ministres là, c’est une sacrée honte, réagit Dex. Le message est assez clair, c'est : "vous pouvez être sexistes, violer des gens et vous serez nommé au gouvernement"".
"Avoir un ministre accusé de viol, ça donne encore moins envie de pousser la porte"
Comme elle, Julie, féministe et colleuse nantaise, est en colère. "Nommer Darmanin, c'est craché au visage de toutes les victimes, de toutes celles et ceux qui sont actuellement en procédure, celles et ceux qui n'ont pas eu de jugement favorable alors qu'ils/elles sont bien victimes...bref, ce n'est pas possible." À 24 ans, la jeune femme a déjà été victime d'un viol. "Je ne fais pas partie des courageuses qui ont porté plainte mais quand on voit les témoignages de comment elles sont reçues, c'est décourageant. Alors avec un ministre, premier flic de France accusé de viol, ça donne encore moins envie de pousser la porte. C'est ultra symbolique.""Le mépris ne peut pas être plus grand"
En 2017, Emmanuel Macron s'était engagé à ce que la grande cause de son quinquennat soit celle de l'égalité entre les femmes et les hommes. "On sait que les politiques font des promesses en l'air, explique le collectif Féministes Révolutionnaires Nantes, mais on avait l'impression ces derniers mois qu'il y avait des petites avancées avec des fonds alloués pour l'aide aux victimes de violences conjugales et une simplification de certaines procédures. Clairement, c'était rien du tout. Avec ces nominations aujourd'hui, le mépris ne peut pas être plus grand".Vendredi, des manifestations s'organisent un peu partout en France. "Plus on rend ça visible, plus on est solidaire entre nous, poursuivent les Féministes Révolutionnaires. Le gouvernement n’est pas près à faire un pas vers nous donc on espère que c’est le début de quelque chose d'encore plus grand en terme de mouvement social." "On a envie de montrer aux gens qui sont blessés qu’ils ne sont pas seuls, ajoute Dex, du collectif Nantaises en lutte, qu'on est là et qu'on n'est pas d’accord avec ce qu'il se passe. Il va falloir que ça change parce que là on n’en peut plus".