Les temps sont durs pour la presse papier et les kiosquiers. Les déplacements ont été limités pendant plus de deux mois et, désormais, c'est une grève qui touche l'un des réseaux de distribution. De nombreux journaux ne sont tout simplement pas disponibles.
La situation des commerçants est compliquée voire très compliquée et pour certains c'est même la double peine.
Exemple pour cette marchande de presse installée dans un marché nantais. Elle a d'abord subi le confinement et, depuis qu'il est terminé, elle n'a toujours pas pu reprendre une activité normale suite au mouvement de grève du distributeur de presse Presstalis.
La distribution des journaux est très perturbée, pour exemple, elle n'a reçu mercredi qu'un seul exemplaire d'un magazine télé au lieu des 30 habituels. Très inquiète, elle avoue ne pas pouvoir tenir longtemps comme ça.
-70% de chiffre d'affaires au mois de mai
Depuis le 12 mai, Emilie Girard ne peut plus répondre à la demande de ses clients. Les salariés de Presstalis, le principal distributeur de presse, sont en grève suite à la liquidation judiciaire du groupe. Il n'y a donc plus ou peu de livraisons. Ses rayons se vident progressivement.
"Là il y a des choses dans la boutique qui sont de mars-avril, on est en juin, explique Emilie, il y a les mensuels qui ont sauté, tous les quotidiens on ne les avaient pas".
"Au bout de deux semaines et demi, on a commencé à avoir un peu de marchandise mais on a reçu les suppléments des journaux sans les journaux, poursuit-elle, donc, au bout d'un moment, invendables. Ou on recevait la livraison un jour en retard, deux jours en retard, donc c'est pareil : invendable".
-70% de chiffres d'affaires pour le mois de mai avec cette grève, -95 % en avril. Emilie étant installée au marché de Talensac, ce dernier a fermé durant 4 semaines.
La situation est donc catastrophique. La fermeture de son magasin de presse n'est pas exclu.
"Si ça continue, oui, clairement, dit-elle, moi je ne fais que la presse, les buralistes ils ont le tabac pour se récupérer ou ils peuvent vendre autre chose. Moi, ici, 70-75% de mon chiffre d'affaires ce n'est que de la presse"
Une situation qui pénalise également ses clients habitués à leurs quotidiens et magazines.
"Je viens ici tous les jours, j'habite en face, dit une cliente.
Hier, le Télérama n'était pas là, j'étais déçue, je n'ai pas eu Spirou non plus pendant des semaines - une habituée de la presse de Talensac
"Je n'aime pas lire les journaux sur écran, je préfère les journaux papier, explique une autre cliente, donc je serais embêtée si elle disparaissait".
Tous espèrent donc une sortie de grève rapide. Emilie a aussi deux salariés qu'elle n'a pas pu faire revenir et elle est surtout consciente que c'est l'ensemble de la filière qui est en danger aujourd'hui.
► Le reportage de notre rédaction
500 salariés sur la sellette
Accablé de dettes, le groupe Presstalis, principal distributeur de presse en France, a été placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Paris le 15 mai dernier. Ses filiales en région, qui emploient plus de 500 salariés, ont été liquidées.
"Le Tribunal de Commerce de Paris s'est prononcé ce jour et a décidé de placer en redressement judiciaire Presstalis, (...), avec une période d'observation de deux mois. Il a, par ailleurs, prononcé la liquidation sans poursuite d'activité des sociétés SAD et Soprocom", des filiales, indiquait la direction de Presstalis, le 15 mai dernier.
Fin mai, 25 marques d'intérêt avaiant été déposées devant le tribunal pour reprendre les actifs de la SAD et la Soprocom.
Bayard, Lagardère, le Canard enchaîné ou Bauer ont donné leur accord pour rejoindre la structure qui remplacera Presstalis. Prisma Media, Reworld Media et CMI France, qui avaient d'abord refusé d'y participer, ont également donné leur accord sous conditions.
40 petits éditeurs sur les 250 qui utilisaient Presstalis ont déjà indiqué qu'ils avaient l'intention de quitter la structure pour son concurrent, les MLP.