Nantes : à la maternité de la clinique Jules Verne, la grève des sages-femmes et auxiliaires de puériculture continue

A la Maison de la Naissance, la maternité de la clinique Jules Verne à Nantes, le mouvement de grève continue pour demander juste un poste de nuit d'auxiliaire de puériculture. Les grévistes donnent rendez-vous au public sur la pelouse en fin de journée ce lundi pour expliquer leur mouvement.

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En grève depuis 29 juin, les sages-femmes et auxiliaires de puériculuture de la maternité Jules Verne ne lâchent pas. Elles avaient investi il y a quelques jours le rond-point à côté de l'établissement pour faire connaître les motivations de leur mouvement déclenchant des coups de klaxon de sympathie de la part des automobilistes. 

Puis elles ont pique-niqué devant la clinique. Et ce lundi 6 juillet, elles seront encore là pour expliquer leurs motivations. En fin de journée, celles qui ne sont pas réquisitionnées se sont à nouveau données rendez-vous sur la pelouse, route de Paris, pour y alerter à nouveau le public sur la situation.
 

Les moyens n'ont pas suivi

"Le personnel est dégoûté, on entend des collègues dire qu'ils vont changer de métier" dit cette femme. 

Jusqu'en 2004, la Maison de la Naissance était établie à Saint-Sébastien-sur-Loire. Elle a migré vers la route de Paris et fait partie depuis de la clinique Jules Verne au sein du groupe mutualiste Hospi Grand Ouest. L'établissement, bien noté, a grossi. Mais comme souvent, les moyens n'ont pas toujours suivi.
 


"En 2004, explique Isabelle Grimaud du syndicat Sud Santé qui est sage-femme ici, on faisait 2100 naissances par an. En 2019, on était à 3300 par an. Mais l'équipe de sages-femmes et d'auxiliaires de puériculture n'a pas évolué."

L'équipe de nuit, ce sont trois sages-femmes et deux auxiliaires de puériculture. Voilà huit ans, disent-elles, qu'elles demandent une auxiliaire de plus en salle de naissance. Ces équipes travaillent en binôme, une sage-femme + une auxiliaire. C'est important. 

"Est-ce qu'on demanderait à un chirurgien de travailler sans son aide-opératoire ?" interroge une sage-femme.
 

"on peut être amené à faire une réanimation tout seul"

"La nuit, témoigne une pédiatre venue soutenir ce mouvement, si on est appelé sur une réanimation, on peut être amené à la faire tout seul alors qu'il faudrait une auxiliaire."

La bonne volonté de chacun permet au système de continuer ainsi, sans incident. On ponctionne dans certains services pour venir en renfort si besoin. 

"On ne fait que pallier l'urgence estime Nathalie Vétélé, sage-femme, élue Sud au CHSCT. On n'a jamais refusé de se mettre autour d'une table pour discuter, mais là, la coupe est pleine." 
 


Les sages-femmes viennent d'obtenir enfin que leurs heures d'astreinte soient rémunérées comme telles avec une majoration. Auparavant, elles ne l'étaient pas. Ces femmes acceptaient pourtant d'être disponibles et appelées chez elles, certaines, plusieurs fois par mois.

"On est une équipe soudée, on est concerné, on fait ça pour assurer la sécurité" disent-elles.

"La direction a accepté le mois dernier de rémunérer ces astreintes des sages-femmes, témoigne Isabelle Grimaud mais il fallait en contrepartie qu'on accepte d'assurer encore plus d'accouchements, les filles ont refusé."  Le versement de la majoration n'est donc pas confirmé au delà de la fin de l'année.
 

"ça va nuire à l'image de notre établissement"

Le mouvement de grève n'a pas de conséquence sur les soins, les personnels sont assignés. Seuls quelques-uns perdent du salaire mais une cagnotte de solidarité s'est mise en place et les grévistes ont bien l'intention de continuer de se battre, notamment à travers une pétition en ligne.

"Tout ça va nuire à l'image de notre établissement, regrette cette autre sage-femme. la bientraitance, tout le monde en a plein la bouche mais il faudrait commencer par bien traiter les équipes."

Une auxiliaire de plus par nuit, cela correspondrait selon leurs calculs à un budget total de 90 000 €/an. Est-ce si insupportable pour une telle structure ? Ces femmes en doutent.
 

De son côté, la direction de la clinique Jules Verne n'a pas la même lecture de la situation. Elle fait valoir qu'un infirmier anesthésiste est désormais présent la nuit et les week-ends dans ce service. Ce qui, avec l'officialisation d'une astreinte pour une sage-femme supplémentaire, devrait permettre de répondre aux besoins par des "glissements de tâches" nous a-t-on expliqué. Chacun appréciera.

La proposition a été faite aussi aux auxiliaires de puériculture de laisser passer l'été en période d'observation et de se retrouver à la rentrée pour voir si un poste supplémentaire se justifie toujours.

"Il ne nous semble pas indispensable de mettre en place ce poste d'auxiliaire immédiatement" estimait il y a encore quelques jours Catherine Debard, la directrice de la clinique Jules Verne.

Ces propositions n'ont pas, pour le moment, convaincu la base. On risque d'entendre encore klaxonner du côté de la Maison de la Naissance...



 
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