La Manu, immeuble emblématique de l'histoire industrielle de Nantes, a bien failli disparaître du paysage urbain, quartier de la gare.
La Manu, la plupart des Nantais connaissent ce bâtiment côté gare nord, sur le boulevard Stalingrad. Certains même, ne le connaissent que sous ce diminutif sans savoir qu'il fait référence à un ancien site du production de cigares : la manufacture des tabacs.
Construite au milieu du 19ème siècle, dans les années 1861 à 1866, l'usine accueillit jusqu'à 1 700 employés, 90% étaient des femmes.
Pendant plus d'un siècle, le site produira cigares puis cigarettes et cigarillos.
En 1974, l'usine fermera, remplacée par le site de production de la SEITA, à Carquefou.
La ville réinvestit alors les lieux pour y installer, après réhabilitation, divers services.
En 2017, on décide d'y créer "La maison de la tranquillité" pour accueillir notamment la police municipale.
Sous les planchers, les fissures
Lorsque les travaux d'aménagement commencent, on découvre alors un bâtiment en très mauvais état.
"Lorsqu’on a voulu installer la maison de la tranquillité, raconte Pascal Bolo, actuel adjoint à la maire délégué à la sécurité, aux affaires générales et domaniales, à la dépose des planchers, on a découvert des fissures qui faisaient qu’on ne pouvait pas, sans travaux importants, y installer des services accueillant du public ou même simplement du personnel."
Aucune réhabilitation n'avait eu lieu depuis les années 80. On savait le bâtiment fatigué mais sans doute pas à ce point. Mais pas question de tout raser. Certes, il n'y avait pas de danger imminent mais la situation qui était apparue nécessitait une intervention lourde.
"On aurait pu y mettre un coup de bull mais nous nous y refusions. Il faut donc assumer des travaux importants." déclare Pascal Bolo.
Il a donc été décidé de déménager certains services, comme les sports et d'entamer des travaux de confortement de la structure. Une structure en bois qu'il devenait indispensable et urgent de renforcer par du béton et des poutres métalliques.
Plus de 27 millions d'euros
L'auberge de jeunesse est partie à l'automne 2020, les lieux étaient jugés trop vétustes.
Une phase de curage et de désamiantage a également été nécessaire. Le sauvetage de la Manu est aujourd'hui terminé mais les travaux continuent pour améliorer l'isolation, le chauffage et l'éclairage des bâtiments.
La Manu a été sauvée, certes, mais à quel prix ! Le coût total des travaux atteint les 27 millions d'euros et on dépassera sans doute cette somme à la fin de ce chantier qui devrait se terminer en 2023.
A noter que l'ancienne manufacture des tabacs est un bâtiment protégé au titre du plan local d'urbanisme de la métropole.