Engagée contre les cancers pédiatriques, la députée (MoDem) Sandrine Josso signe ce 3 août une tribune dans Le Monde à propos des enfants décédés de cancers depuis 2015 à Saint-Pazanne, près de Nantes. L'élue de Loire-Atlantique exige de l'État davantage de prévention de ces pathologies.
"C'est silencieux et invisible, et ça nous tombe dessus sans prévenir." En quelques mots, Sandrine Josso résume sa rencontre avec le cancer pédiatrique qu'on a diagnostiqué en 2012 à sa fille, qui y a survécu. Ce 3 août, la députée (MoDem) de Loire-Atlantique signe une tribune dans le quotidien Le Monde pour appeler à davantage d'effort de prévention et de sensibilisation sur ces pathologies dûes à l'environnement.
Sept familles ont vécu cette expérience dramatique depuis 2015 aux alentours de Saint-Pazanne (Loire-Atlantique) en perdant un jeune enfant d'un cancer. La dernière est une fille de 11 ans, décédée à Villeneuve-en-Retz le 8 juillet 2021. "Nos enfants meurent et nous regardons ailleurs," déplore Sandrine Josso en titre de sa tribune.
Résoudre le problème à sa racine
Comment ce cluster de cancers a-t-il été favorisé ? Par des polluants issus de l'industrie locale ? Des épandages agricoles chimiques ? "Tout est à identifier, nous n'avons pas de politique pour se renseigner là-dessus," regrette Sandrine Josso, jointe par France 3. En France, nous sommes très bons dans le curatif. Mais il faut trouver une solution à la racine, prévenir ces maladies. Sur cette question, nous sommes à l'âge de pierre. Nous ferions tellement d'économies !"
Comment est-il possible qu'aucune analyse ne soit menée sur le lien potentiel entre cumul de substance nocives dans l'environnement et sur-représentation des cancers pédiatriques sur le territoire ?
Pour l'élue, l'État est "démissionnaire" sur la question de ce mal qui touche les plus jeunes. Pourtant, des comités de suivi des cancers pédiatriques et les plans santé-environnement (PNSE) existent pour tenter de trouver des solutions. Mais les premiers "sont chapeautés par l'ARS qui manque cruellement de moyens humains et matériels. Ils sont aussi fermés aux chercheurs. Chacun reste de son côté et aucune action concrète n'est mise en place, explique l'élue native de Guérande. Quant aux PNSE, "ça reste bloqué au niveau marketing" tranche-t-elle.
Nous avons la chance en France de disposer de l'Institut de recherche en santé, environnement et travail (IRSET), qui peut identifier chez un être vivant les substances nocives auxquelles il a été exposé toute sa vie, et les pathologies qui pourraient en découler. En partageant toutes nos données, on pourrait prévenir plus efficacement ces cancers pédiatriques.
Coordination, sensibilisation et formation
Pour une prévention plus efficace, l'élue et d'autres parlementaires "de tous partis" préconisent davantage de coordination sur ces questions de santé environnementales. Elle dresse l'ordonnance : "lorsqu'on effectue un diagnstic territorial, il faut associer les services de l'État avec les chercheurs de l'IRAE, mais aussi les élus locaux, les associations, les entreprises et les observatoires ."
L'autre clé, c'est la sensibilisation et la transparence. "Il faut sensibiliser les enfants dès la maternelle, c'est là que ça commence, notamment au niveau alimentaire," propose Sandrine Josso. Et pourquoi ne pas laisser dans chaque mairie un registre qui réunit les observations locales sur la qualité de l'air et de l'eau ? "Chaque citoyen devrait savoir quelle probabilité il a d'être exposé à des cancers ou maladies chroniques en habitant telle ou telle ville," poursuit-elle.
Les agents de l'État et les élus locaux devraient aussi être formés à cette problématique. "Lorsqu'une entreprise propose de s'implanter dans une commune, l'accord du maire peut avant tout être motivé par le nombre d'emploi que propose de créer le nouveau venu. À présent, ces élus devraient aussi exiger qu'elles ne déteriore pas la qualité de vie des administrés." Avant d'envisager d'un jour légiférer sur ces questions à l'Assemblée, l'élue compte faire bouger l'opinion publique.