Anna Gau-Galofre est chercheuse au laboratoire de planétologie et géosciences de Nantes. Elle vient d'obtenir une bourse européenne de 1,4 million d'euros pour ses travaux sur les canyons de la planète Mars. D'après elle, des traces de vie sur Mars pourraient encore être trouvées.
Mars, la planète rouge est loin d'avoir livré tous ses secrets.
Chaque jour, le laboratoire de Nantes reçoit des photos de sa surface, transmises par l'Agence Spatiale Européenne, notamment des clichés de ses gigantesques formations géologiques.
Anna Gau-Galofre est chercheuse au laboratoire de planétologie et géosciences de Nantes. Sa mission : étudier les surfaces de Mars et tenter de détecter si des traces de vie sont encore vivantes.
Des canyons comme indices
La chercheuse vient d'obtenir une bourse européenne de 1,4 million d'euros pour ses derniers travaux sur les canyons de la planète Mars.
Car d'après elle, des traces de vie sur Mars pourraient encore être trouvées.
“J’étudie le plus grand canyon du système solaire, qui est aussi le plus grand canyon de Mars. Il mesure 2 500 km de longueur et 300 km de largeur. Sa structure est vraiment énorme. On n'a rien comme ça sur la Terre. Dans mon étude, je me demande quelle peut bien être l'origine de ce méga canyon.”
Son hypothèse principale est la suivante : ce méga-canyon martien aurait été formé par une méga- inondation. “Selon moi, il y avait une calotte glaciaire sur cette région-là. Et il y a trois milliards d'années, c’est cette méga-calotte glaciaire qui a formé le méga-canyon."
Anna Gau-Galofre s’appuie sur les images qui proviennent d'une sonde de l'Agence Spéciale Européenne, en orbite autour de Mars.
Dans son laboratoire nantais, tous les deux mois, elle envoie toutes les commandes à la caméra de la sonde. Cette dernière prend des photos dans les différentes régions de Mars.
J’étudie les surfaces de la planète Mars. Mon intérêt principal, c'est la glaciologie
Anna Gau-GalofreChercheuse CNRS - Laboratoire de Planétologie et Géosciences de Nantes
Des hypothèses
" Quand je regarde la photo de Mars comme ça, je travaille surtout en regardant l'évidence géologique qu'il y avait de la glace à la surface de Mars. C'est important pour plein de choses. Par exemple, la présence de l'eau, c’est une possible présence de vie au passé. Certes, on n'a jamais trouvé de la vie sur Mars, mais on est toujours en train de regarder."
Le glacier, c'est un endroit très intéressant pour chercher de la vie
Anna Gau-GalofreChercheuse CNRS - Laboratoire de Planétologie et Géosciences de Nantes
La première hypothèse, l’hypothèse principale, c'est donc que le canyon s'est formé pendant une inondation catastrophique.
“Vous imaginez, par exemple, qu'il y avait dans cette partie-là, au bout du canyon, un grand réservoir d'eau. Il y avait un lac ou quelque chose avec beaucoup d'eau. Et toute cette eau s'est libérée en même temps. Cela a pu provoquer une grande inondation qui s'est écoulée pendant 2500 km jusqu'à la fin du canyon.”
"Mais mon projet, mon hypothèse, est un peu différente. Si on pense qu'il y a un glacier qui était posé sur cette région-là, donc une grosse calotte glaciaire, il pourrait avoir permis la formation d’un méga-glacier.
Mars est une planète qui est loin du Soleil, qui a beaucoup d'eau sur sa surface. Donc en fait, la formation de calottes glaciaires sur Mars est facile et plausible
Anna Gau-GalofreChercheuse CNRS - Laboratoire de Planétologie et Géosciences de Nantes
Voir le reportage de notre équipe :
Des glaciers et de la vie sur Mars ?
Et elle poursuit : “Car le glacier et les calottes glaciaires sont des choses qui sont habitables. Il y a beaucoup de bactéries qui habitent tranquillement à l'intérieur de la glace.”
On pourrait envisager de trouver des bactéries et d'autres formes de vie qui ne se sont jamais formées sur la surface de Mars et qui pourraient encore être vivantes. Car si glaciers il y avait, il pourrait y avoir un corps vivant, peut-être, à l'intérieur de ces glaciers.
Anna Gau-GalofreChercheuse CNRS - Laboratoire de Planétologie et Géosciences de Nantes
La chercheuse reste tout de même lucide : ‘C'est imaginable de trouver de la vie sur Mars, oui, mais ça reste très compliqué. Car il y a des régions à la surface de Mars, où l’on ne va pas. On ne va jamais sur les dépôts de glace qui se trouvent dans une latitude de 40 degrés Nord. Donc, il y a des dépôts de glace à la surface de Mars qui se trouvent dans des endroits où peut-être, il y a une température qui peut être serait encore habitable."
Expéditions au Groenland
Pour tester ces hypothèses, la chercheuse mène des recherches sur le terrain, comme cet été sur la côte ouest du Groenland.
“Pendant le dernier âge de glace, il y avait une grosse calotte glaciaire qui faisait partie du calot du Groenland. Donc là, on se pose la question, qu'est-ce qui se passe quand il y a un glacier et un cratère qui interagissent ? Qu'est-ce qui se passe sur le paysage ? Comment est-ce que ça joue sur l'érosion du paysage ? Comment est-ce qu'on peut voir la roche et interpréter qu'il y avait de la glace dans cet endroit-là ?”
Par analogie, la scientifique compare et analyse toutes les pistes.
"L'idée, c'est de prendre tout ce qu'on voit sur la Terre, de ces méga-glaciers, de revenir sur Mars et d’essayer d'interpréter la géologie de la roche qu'on voit à la surface de Mars. On est toujours dans cette expédition, cet intérêt de trouver des formes de vie en dehors de la Terre".
La Bourse européenne va permettre à la chercheuse et à son équipe de poursuivre ces investigations durant les 5 prochaines années.
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