Il est rare qu'une équipe de police secours fasse un tel coup. Le mercredi 20 octobre, à 4h du matin, un appel, arrive au 17 signalant des bruits bizarres du côté d'une zone d'activité à Orvault, près de Nantes. L'équipage qui y est envoyé va faire une prise exceptionnelle.
"C'est symptomatique d'une opération de police secours, estime le commissaire Stéphane Lacour, directeur-adjoint de la Direction Départementale de la Sécurité Publique. C'est tout l'intérêt des appels au 17."
Le policier souligne le professionnalisme de ceux qui sont intervenus ce mercredi matin sur la Zone d'Activité adPark, à Orvault, près de Nantes.
Tout à commencé par un appel au 17 reçu peu après 4h du matin ce 20 octobre. L'appelant signalait des bruits suspects sur la zone d'activité proche de son domicile.
Se doutant que la zone est vaste, l'agent qui reçoit l'appel au commissariat central, décide d'engager deux équipages sur cette intervention. Bien lui en a pris car ils ne seront pas trop de sept policiers pour "traiter" cette opération, rarissime dans l'histoire de police secours à Nantes.
Une remorque frigorifique immatriculée au Maroc
Arrivées sur place, les deux équipes constatent effectivement de l'activité, du bruit, des faisceaux de lampes, et choisissent de se séparer.
L'une se rapproche d'une remorque frigorifique de poids lourd. Elle est immatriculée au Maroc. Les policiers décident alors d'intervenir. Des deux individus présents sur place, l'un parvient à s'échapper mais l'autre qui se trouvait sur le toit de la remorque est interpellé.
Pendant ce temps, le deuxième équipage de policiers se rapproche un peu plus loin du tracteur du poids-lourd où il interpelle deux individus. Deux autres seront également trouvés sur place, l'un attendait dans une voiture et l'autre faisait des aller-retours sur la ZA.
338 kg de drogue dans le double toit
La surprise est totale pour tous ces hommes âgés de 21 à 34 ans.
Mais la surprise sera grande aussi pour les policiers qui, utilisant les échafaudages posés contre la remorque frigorifique, découvrent que ces hommes étaient en train d'en découper le toit pour en extraire ce qui se révélera totaliser 338 kg de résine de cannabis.
Le conditionnement de cette résine se faisait dans des coffrets en métal, dans un double-toit. "C'était totalement hermétique" explique le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul. Des chiens renifleurs, n'auraient sans doute pas pu détecter ces stupéfiants, au dessus d'un banal chargement de fruits (des grenades), en Provenance du Maroc.
La suite, c'est la Police Judiciaire qui la prend en charge. Avec l'aide des gendarmes, des douanes et des pompiers, les policiers mettront une journée à continuer de découper les 64 plaques de tôle et à extraire les colis de cannabis. "A la vente au détail, précise la directrice adjointe de la PJ de Nantes, il y en avait pour 2 millions 700 000 € !"
Le gérant de la PME interpellé
Les six hommes interpellés, dont celui qui avait pu s'échapper, ont été présentés à un magistrat instructeur qui les a mis en examen pour importation non autorisée de stupéfiants en bande organisée, transport, détention et acquisition de stupéfiants et enfin pour participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre les crimes précédemment cités. Ils encourent une peine de 30 ans de prison. Ce sont des hommes sans pedigree judiciaire particulier. Aucun d'eux n'était connu de la police pour de tels faits.
Parmi les interpellés, se trouve le patron de l'entreprise devant laquelle tout ce petit monde a été cueilli. L'homme, âgé de 34 ans a été trouvé à l'intérieur de son véhicule, près de la remorque. Son frère, âgé de 21 ans, faisait le guet. Comme tous les autres, ils minimisent leur participation aux faits. Le patron avoue seulement qu'une livraison de marchandise devait se faire à son entreprise, (une PME spécialisée dans la pose de câbles électriques) sans qu'il en connaisse la teneur.
Outre le volume de cette prise, la PJ s'étonne du mode opératoire. Au départ, probablement du Maroc, la technique est très professionnelle. Des caches soigneusement aménagées dans des coffres soudés et rivetés dans un double-toit. Mais à l'arrivée, quelques hommes qui, avec des moyens rudimentaires et bruyants (des marteaux et des bouts de bois), réceptionnent la marchandise. Il y a là un écart de pratique que la suite de l'enquête menée par la PJ expliquera peut-être.
"On va essayer de déterminer le point de chute final"
"Il y a forcément un réseau criminel organisé au chargement" déclare Lætitia Berkane, la directrice adjointe de la PJ de Nantes. On va essayer de déterminer le point de chute final, s'il y a un rayonnement national ou international. "
Les 338 kg de résine de cannabis sont déjà détruits. C'est une prise exceptionnelle, "La plus grosse saisie de résine de cannabis de l'année" précise le procureur Renaud Gaudeul.
En comparaison, lors des opérations de police sur les points de deal depuis le début de l'année, 25 kg de résine de cannabis ont été saisis à Nantes. Des opérations qui ont augmenté de 30 % en 2021.