Accueil de jour, douche, soins infirmiers : à Montpellier, une structure vient en aide aux consommatrices de drogue. Un lieu unique en France, puisque l'accueil est exclusivement réservé aux femmes et aux familles.
Un repas de Noël pas comme les autres. Pas de bûche ni de foie gras sur la table, mais des plats du monde entier et un karaoké. D'ordinaire, l'association montpelliéraine "Réduire les risques", qui accompagne les consommatrices de drogues, accueille uniquement les femmes. Mais pour le temps d'une soirée, le local a ouvert ses portes à toutes et tous.
Hakima fréquente l'association depuis ses 20 ans. "Je prenais beaucoup de cocaïne avant et c'est l'association qui m'a aidée à me remettre sur le droit chemin." Depuis, la structure lui a trouvé un foyer où elle réside aujourd'hui.
Aide quotidienne et prévention des risques
Aide dans les démarches administratives, accueil de jour, soins infirmiers, accès à du matériel propre et des seringues stérilisées : l'association est un refuge pour de nombreuses usagères de drogues, souvent sans domicile fixe.
Une "pause" dans des journées éprouvantes, comme l'explique Alice, qui s'y rend régulièrement depuis un an et demi. "Le fait que ce soit réservé aux femmes et qu'ils acceptent mes chiens, ça en fait un lieu hyper ouvert où je me sens bien. Le simple fait de pouvoir prendre une douche, rester deux heures et boire un café, c'est une vraie coupure par rapport à l'extérieur où il y a souvent des personnes mal intentionnées."
En France, "Réduire les risques" est le seul centre d'accompagnement et d'accueil des usagers de drogues qui est exclusivement ouvert aux femmes. Mais ça n'a pas toujours été le cas. "Avant, le lieu était mixte, et il y avait beaucoup de violence", raconte Marie-Auge Caumon, la présidente de l'association "Réduire les risques". Aujourd'hui, elle n'accueille plus que des femmes et des familles. Une demi-journée par semaine est aussi consacrée à l'accueil des jeunes de 19 à 25 ans.
C'est un havre de paix.
Marie-Auge Caumon, présidente de l'association "Réduire les risques"
"Ici, c'est vraiment un lieu d'accueil pour se poser, explique Marie-Auge Caumon. On n'est pas dans le sevrage et l'abstinence, on est dans l'accompagnement s'il y a des consommations, et notre rôle c'est aussi d'amener les usagères aux soins".
Pour Hakima, cette soirée de Noël a un goût particulier. "C'est plus que ma famille. Eux, ils ne jugent pas, ils nous acceptent comme on est. Et ça me donne envie d'arrêter. Sans des associations comme ça, on n'arriverait pas à s'en sortir", assure-t-elle.
Durant tout l'hiver, l’association propose aussi des maraudes de distribution alimentaire pour venir en aide aux plus démunis.
Écrit avec Thomas Cardoze.