Recharger son véhicule électrique tout en roulant, l'idée fait son chemin dans les Pays de la Loire. Des recharges par induction, pour l'instant destinées aux poids lourds, sont testées en ce moment sur un tronçon de route spécifique, près de Nantes.
Et si c'était la route de demain ? Une route qui permettrait aux véhicules électriques de se recharger tout en roulant...
L'idée n'est pas si futuriste que ça, elle est même en cours d'expérimentation, notamment par Vinci Autoroute. Des recharges par induction, pour l'instant destinées aux poids lourds, sont testées sur un simulateur de trafic, à Bouguenais, près de Nantes.
À 10 cm sous ce tronçon de route expérimentale, des bobines à induction d'un mètre cinquante ont été installées. Elles émettent de l’électricité à distance. "Il y a tout un système électrique qui se raccorde sur chacune des bobines, ce qui leur permet de dégager un champ électromagnétique qui alimentera les véhicules qui roulent dessus", explique Séverine Ollivier, cheffe de projet à Vinci Construction.
Si aujourd'hui les poids lourds électriques se font si rares sur les autoroutes, c'est en raison de la taille de la batterie. Trop grande, trop chère et longue à recharger. D'où l'intérêt de ce système de recharge par induction dynamique, qui permettra de réduire la taille des batteries embarquées et les inconvénients qui vont avec.
"On réduit le surpoids de la batterie, le coût élevé de la batterie, son empreinte environnementale et on améliore aussi la charge utile", détaille le directeur mobilités autonomes et électriques Vinci Autoroutes, Pierre Delaigue.
Si on veut avoir des camions efficaces sur de longues distances, il faut des batteries de taille très importante et très onéreuses
Séverine OllivierChef de projet Vinci Construction
Pendant deux mois, le simulateur de trafic, d'une circonférence de 120 mètres, va rouler sans discontinuer sur cette portion de route expérimentale, équipée des fameuses bobines à induction. "On va simuler un trafic autoroutier de 10 ans pour voir comment ces bobines se comportent, explique Pierre Hornych, chercheur à l'Université Gustave Eiffel. Le but, c'est de voir s’il y a des risques de dégradation sur trafic avant de passer à une expérimentation prévue l'année prochaine sur une chaussée autoroutière sur l'A10, près de Paris".
Pour les particuliers aussi
Si l’expérience est concluante, 9000 km de route pourraient être équipés de tronçons de recharge d’ici à 2035. Pour l'instant destiné aux poids lourds longue distance, ce système de recharge par induction vaut aussi pour tous les véhicules électriques : les transports en commun, les véhicules utilitaires légers mais aussi les véhicules particuliers.
Au-delà de l'aspect économique, l'objectif reste la décarbonation du secteur des poids lourds longue distance autoroute. Déployé à grande échelle, ce système permettrait de réduire de 86% les émissions de gaz à effet de serre du transport routier de marchandises.