Sécurité. Le préfet de Loire-Atlantique et le procureur de la République de Nantes interpellés par les élus lors du conseil municipal

C'est assez rare pour le souligner, Renaud Gaudeul, procureur de la République et Fabrice Rigoulet-Roze préfet de Loire-Atlantique et de la région étaient présents ce vendredi 5 avril au conseil municipal de Nantes. Les débats ont porté sur des questions de sécurité.

Un préfet et un procureur de la République installés au cœur du conseil municipal, la photo est rare. Fabrice Rigoulet-Roze et Renaud Gaudeul étaient pourtant bien présents en mairie de Nantes ce vendredi 5 avril en début d'après-midi.

Au cœur des débats, l'épineuse question de la sécurité sur laquelle s'étripent depuis longtemps déjà majorité et opposition municipale.

"La sécurité est un pilier de notre pacte républicain, elle est au cœur de notre politique. Le trafic de stupéfiants est la matrice d'une part importante de la délinquance qui frappe nos grandes villes", c'est Johanna Rolland qui ouvre cette séance très attendue.

"L'association ville, état, justice, fonctionne à Nantes. Je veux saluer la qualité de cette coopération. Les résultats sont là, les derniers chiffres publiés le démontrent. Les indicateurs de l'évolution de la délinquance sont encourageants. J'agis chaque jour sans relâche. 110 millions d'euros ont été investis dans le secteur de la sécurité", poursuit la maire de Nantes.

50 policiers municipaux supplémentaires seront recrutés d'ici à la fin du mandat. 250 caméras de vidéos protection ont été installées depuis 2014, une police des transports a été créé ainsi qu'une brigade canine et des effectifs dédiés à l'espace public.

Johanna Rolland

Maire de Nantes (PS)

Sénatrice LR et chef de file de l'opposition nantaise, Laurence Garnier, attaque d'entrée de jeu. "Johanna Rolland nous avait promis votre venue chaque année. Enfin, elle tient parole, vous êtes là ! lance-t-elle au procureur et au préfet sans jeter le moindre regard à sa rivale.

Oui, notre ville peut agir, doit agir, elle pourrait faire davantage. Nos policiers ne sont toujours pas armés comme à Strasbourg, Lyon, Montpellier, ils arrêtent leur service à minuit ou deux heures du matin. Ailleurs, ils travaillent 24h/24, 7 jours /7

Laurence Garnier

Sénatrice LR, chef de file des élus de l' opposition municipale

"L'État s'est engagé en accord avec la ville à envoyer 80 CRS et la création d'un CRA. Combien de policiers seront déployés au final ?", s'interroge Laurence Garnier.

Aicha Bassal, adjointe de quartier Malakoff/Saint-Donatien reprend la main. "Le premier rempart contre l'insécurité, c'est une présence renforcée sur le terrain. À Nantes, cela représente 36 médiateurs sur le terrain et la création d'une police des transports métropolitains."

Denis Tallédec, conseiller municipal élu du centre-ville enchaine. "Le sujet central, c'est la question des stupéfiants. Ce combat ne peut se gagner que collectivement et avec humilité. Les seuls chiffres qui vaillent sont ceux des autorités. Nous ne sommes pas à Bogota à Nantes, comme certains le clament ici". 

"Les coups de com sont désastreux"

Simon Citeau, adjoint de quartier Doulon/Bottière, élu écologiste, lui, va plus loin. "À une époque on a eu le Karcher aujourd'hui c'est Place nette".

"Pour lutter contre le trafic, les coups de com sont désastreux, on stigmatise un quartier, une rue, une adresse. Nous demandons le retour des commissariats de quartier et de la police de proximité. Nous réclamons aussi la légalisation encadrée du cannabis", poursuit l'élu écologiste.

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"De nouveaux commissariats ouverts 7 jours sur 7 seront toujours plus efficaces que des renforts CRS pendant six mois. Il faut une présence humaine dans une posture de dialogue, de prévention et d'intervention", conclut-il.

La politique de pansement est une politique de façade. Il faut agir au niveau des racines de délinquance.

Simon Citeau

Elu Ecologiste mairie de Nantes

"La délinquance globale a baissé de 8,85 %, les atteintes aux personnes de 11, 75 %, les atteintes aux biens de plus de 30 %, les vols avec violence ont diminué de 10 %". Le préfet enchaine les chiffres.

 "Cette évolution est le fruit de l'action concertée avec l'autorité judiciaire, académique et du contrat de sécurité intégré(CSI) signé en 2021 entre le gouvernement et la ville de Nantes", répond-il.

"Il faut des fonctionnaires sur la voie publique, des patrouilles pédestres, pas des commissariats. Les citoyens n'attendent pas des bureaux de proximité, mais des opérations de lutte contre les rodéos et le démantèlement des points de deal. Et nous sommes en train de le faire.", insiste le Préfet qui rappelle qu'à Nantes, "197 policiers ont été blessés en intervention l'an passé".

Ne nous voilons pas la face, le narco trafic s'appuie sur les difficultés sociales

Aurélien BOulé Fournier

Élu UDB

"L'opération Place nette XXL va permettre de sécuriser les points chauds pendant plusieurs jours. Elle a démarré lundi avec des opérations de haute intensité. Chaque jour, une à trois unités mobiles sont aux côtés des forces de sécurité intérieure", insiste le préfet. 

"Ce dispositif a interrogé l'autorité judiciaire", admet le procureur. "Est-ce une dépense d'énergie pour peu de résultat au regard des autres opérations de polices judiciaires ? Les enquêtes sur le long cours paient. Mais je suis convaincu que les opérations de harcèlement sur le terrain sont complémentaires, c'est toute l'idée de place nette. Et les retours de la population sont plutôt positifs".

Et la réponse judiciaire ?  "Elle sera la même que pour toutes les infractions traitées, la politique pénale reste la même, explique Renaud Gaudeul  avant de conclure nous allons dans la bonne direction, mais il faut que tout cela soit consolidé."

"Plus de bleus sur le terrain"

"Plus de bleus sur le terrain, c'est ce qu'attendent nos citoyens, l'État a tenu ses engagements, notre ville non, tacle Mounir Belhamiti, conseiller municipal Renaissance. À Paris, vous ne trouviez rien à redire la création d'un CRA. Aujourd'hui, face aux menaces de l'extrême gauche, vous renoncez. S'opposer à l'ouverture de ce centre, ce serait priver les Nantais la présence de fonctionnaires. Retarder ce projet, c'est soustraire des forces de sécurité du terrain qui seront obligés de faire des allers-retours à Rennes ou Bordeaux". 

"Face aux souris, il faut des chats musclés"

"Le trafic de drogue, c'est le jeu du chat et de la souris. Et face aux souris, il faut des chats musclés. La ville doit devenir le maillon fort de la sécurité. Nous n'y sommes pas. Il faut que la police municipale soit armée" réclame Foulques Chombart de Lauwe, conseiller municipal LR. Êtes-vous pour ou contre la création d'un CRA madame la maire ?  Il est temps de répondre à cette question que vous avez toujours éludée, conclut-il. Mais jamais la réponse ne viendra.

Le préfet lui confirme. "Les militaires et les fonctionnaires sont enjoints à escorter les personnes ailleurs sur le territoire. C'est l'équivalent de 10 à 12 fonctionnaires qui pourraient revenir sur le terrain, d'autant que les OQTF augmentent de 50 %.

90 % des personnes placées constituent une menace pour la sécurité ou sont responsables de troubles à l'ordre public

Fabrice Rigoulet-Roze

Préfet de région et de Loire-Atlantique

"Ce Cra de 140 places, mobilisera 120 policiers de la police aux frontières. Il sera construit sur un foncier de l'état fin 2026, début 2027", souligne Fabrice Rigoulet-Roze.

Violences intrafamiliales

Marlène Colineau, élue du groupe Gauche commune, met l'accent, elle, sur les violences intrafamiliales.

"Aujourd'hui, la majorité des violences sont commises dans le cercle familial. Elles représentent 54 % des violences physiques. En cas de viols, 9 femmes sur 10 connaissent leurs agresseurs." Le système de la protection de l'enfance est saturé. Que fait, que répond l'État face à la souffrance des enfants et des travailleurs sociaux ?

Ce fléau déconstruit des générations en devenir. Il faut assurer des parcours de soins et d'accompagnement. 1 enfant sur 5 est victime de violence physique, 1 sur 10 de violences sexuelles

Marlène Colineau

Élue groupe Gauche commune

"Quels sont les moyens alloués aux contrôles des ordonnances de protection et des bracelets d'éloignement ? "ajoute-t-elle. 

Seul le procureur apporte des éclaircissements. "Il y a une évolution majeure au cours des dernières années. Le nombre d'affaires a doublé en 7 ans. Tous les ans, 300 dossiers supplémentaires sont traités. Ces affaires sont désormais dénoncées et portées à notre connaissance.

1 fait sur 4 est aujourd'hui dénoncé contre 1 sur 7 il y a quelques années. Une section spécifique du parquet a été créé pour travailler sur l'orientation des procédures et des poursuites

Renaud Gaudeul

Procureur de la République de Nantes

"Avant, notre travail était de poursuivre les auteurs. Dorénavant, nous nous devons aussi de protéger les victimes. 60 téléphones graves dangers sont à notre disposition et 70 bracelets anti-rapprochement sont actifs"

Un débat de plus deux heures que l'on pressentait houleux, mais au final apaisé. La présence des représentants des autorités y a sans doute largement contribué. 

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