Le tremblement de terre survenu à Haïti samedi 14 août avec son cortège de morts de blessés et de sans abris, laisse les meilleures bonnes volontés désemparées. Les associations sont en difficulté face à l'accumulation des drames, la municipalité de Nantes réfléchi à de nouvelles formes d'action.
Le tremblement de terre qui a secoué l'île des Caraïbes a fait plus de 1400 morts. Des centaines de milliers de sans-abris. Une catastrophe naturelle qui succède à l'assassinat du président Jovenel Moïse en juin dernier, et qui s'ajoute à la misère endémique qui ronge le pays. La municipalité de Nantes agit depuis plus de 10 ans sur le terrain. En 2016 après le cyclone Matthew, elle avait fourni 15 fontaines de filtration d'eau produites par les nantais de Safe Water Cube.
Alassane Guissé, adjoint à la maire de Nantes indique "ne pas vouloir agir dans la précipitation". Et rappelle l'action de la ville, "nous travaillons sur l'éducation, y compris sexuelle, la santé, l'accès à l'eau. On se pose les questions avec les acteurs de terrain, pour développer des axes d'appui pour soutenir les victimes".
Aider les victimes à construire
L'aide envoyées depuis l'Europe ou les USA n'arrive pas jusqu'aux populations les plus démunies. Jean-Marie Roussière, pour la Banque Humanitaire du Pallet, spécialisée dans l'envoi de matériel médical et de médicaments se désespère, "souvent les médicaments sont revendus par ceux qui en ont le plus besoin. La misère fait des ravages encore plus que les tremblements de terre". Et il ajoute : "Les mafias prospèrent sur la misère du monde, c'est la loi du plus fort".
C'est pourquoi la ville veut privilégier des actions de soutien au long cours. "Nous voulons mutualiser les moyens, la société civile, les ONG, les grandes écoles comme l'école d'architecture ou la fac de médecine, donner les moyens aux gens sur place de réfléchir et de construire durablement".
La solidarité, la fraternité, ne sont pas des mots vains, Alassane Guissé ajoute, "la main qui donne n'a pas toujours le sens de savoir qui reçoit".
Humanitaire désabusé
Au Pallet, la Banque Humanitaire n'a plus de quoi fournir. "Nous avons fait cinq convois pour le Liban et la Syrie cette année. Comme HaÏti se sont des pays damnés. Nous n'avons plus de partenaires en face, et les donateurs deviennent plus rares. Sur place les gens n'ont plus confiance dans les politiques, et vu d'ici, il y a tellement de catastrophes que les gens sont comme immunisés".
L'humanitaire coûte aussi de plus en plus cher, les entrepôts, l'acheminement des containers par voie maritime ou aérienne doit être financé par l'organisation quand elle ne trouve pas de partenaires qui facilitent le transport. "Et puis sur place il y a le racket, partout il y a des coupeurs de routes, ils sont redoutables, si tu payes pas, tu passes pas !"
Pour l'instant la Banque Humanitaire du Pallet est en attente d'un sursaut. "On ne voit rien de positif dans l'île depuis 35 ans". Jean-Marie Roussière est désabusé, il ne voit que la pression des États occidentaux et une action internationale pour sortir Haïti de cette misère permanente. "Il faudrait mettre Haïti sous tutelle de L'ONU". Hors de ses moyens.