La SNCF, les collectivités locales et l'État on commencé à discuter de la nécessité de moderniser l'axe ferroviaire Nantes - Sablé-sur-Sarthe pour permettre de suivre l'augmentation constante du trafic vers Paris. Permettre le doublement du nombre des voyageurs dans le futur va nécessiter de longues études et, quelques centaines de millions d'euros.
Comment transporter plus de voyageurs par le train entre Nantes et Paris d'ici quelques années, sans construire de nouvelles voies ferrées de type Ligne à Grande Vitesse (LGV) ? C'est la question à laquelle commence à répondre SNCF Réseau, la SNCF qui gère les rails des chemins de fer en France. Si le temps du chemin de fer est un temps long, il faut commencer à y réfléchir dès à présent pour ne laisser personne sur le quai.
D'autant que, le gouvernement, par la voix de Jean-Batiste Djebbari, le ministre des Transports devant la commission de l'aménagement du territoire du Sénat il y a quelques jours, "veut doubler la part du ferroviaire dans le transport des voyageurs à l'horizon 2030 pour aller vers une mobilité décarbonée".
Et surtout, il y a la population dans les Pays de la Loire qui ne cesse de croître, environ 25 000 habitants supplémentaires chaque année. "Dont une bonne partie sur la métropole de Nantes et sur la côte de Loire-Atlantique et de Vendée", observe Christophe Huau, le directeur territorial de SNCF Réseau. Soit plus de personnes qui auront besoin dans le futur de disposer de moyens de transports performants, pour leur travail ou pour voyager.
"L'axe Nantes Angers Le Mans vers Paris fait figure d'épine dorsale du réseau régional avec 8 millions de voyages annuels, 9 millions en 2027 et probablement 13 millions vers 2050", indique Mr Huau. "Faire rouler plus de trains entre Nantes et Sablé-sur-Sarthe présente un double enjeu, celui de relier les métropoles de la région aux aéroports parisiens, et faire circuler plus de trains du quotidien entre les villes".
Moderniser la ligne pour faire passer plus de trains
La solution, que souhaite faire avancer la SNCF, consisterait à transformer radicalement le système d'espacement des trains, garant de la sécurité, en adaptant la signalisation au standard européen ERTMS, pour Système européen de gestion du trafic ferroviaire. Souvent désigné par une autre abréviation ETCS, Système européen de contrôle des trains). Un système appelé à se développer dans l'ensemble des réseaux ferroviaires en Europe, et déjà utilisé par les TGV entre Le Mans et Rennes ou Sablé-sur-Sarthe.
Actuellement le système de cantonnement physique des trains, et la longueur de ces cantons (des espaces d'environ 1800 mètres dans lesquels ne peut se trouver qu'un seul train à la fois) limite le nombre des trains pouvant passer chaque heure. La zone critique sur cet axe se situant entre Nantes et Ancenis avec huit trains par heure. "Nous sommes coincés sur la pointe, pas sur le creux, on pourrait monter à neuf, avec le risque d'aller vers des difficultés de gestion de trafic supplémentaires", s'inquiète Christophe Huau.
Avec la signalisation ETCS de niveau 3 on pourra doubler le nombre des trains. Les cantons, qui séparent toujours les trains, deviennent très courts, et sont "virtualisés" par le système, qui calcule, via les réseaux GSM et les satellites, les vitesses et les distances de freinage pour optimiser la distance de sécurité entre les convois.
Un tel projet permettra de faire cohabiter des trains de marchandises lents mais réguliers à 100 km/h, avec des TER rapides à 160 km/h mais qui eux, s'arrêtent souvent, avec des TER aux arrêts limités à 200km/h et bien sûr des TGV à 220 km/h.
700 millions d'€, bien moins qu'une LGV nouvelle
Le projet a été retenu dans le cadre du contrat de plan État Région début 2019 après la décision du gouvernement de maintenir l'aéroport de Nantes sur son site actuel.
"Il faudra trouver 700 millions d'euros pour mener à bien cette modernisation du réseau ferré ligérien", évalue le directeur régional de SNCF Réseau. L'État, la région des Pays de la Loire, Nantes métropole, Angers Loire métropole seront mis à contribution pour réunir le budget avec la SNCF.
Une somme supportable pour les collectivités publiques, en regard des coût de construction d'une voie ferrée supplémentaire. "Au mieux 25 millions d'euros du kilomètre en général", indique Christophe Huau, "sans compter le fait qu'il faudra creuser de nombreux tunnels, ce qui revient à multiplier les coût par 15 ou 20". Sans évaluer l'acceptation sociale d'un tel projet. Le directeur de SNCF Réseau parle de "bénéfice raisonnable" pour les finances des collectivités publiques. Et donc des nôtres, comme voyageurs et... contributeurs.